Nine Inch Nails est donc enfin de retour après un hiatus plus ou moins loin en fonction de son affinité ou pas avec les dernières productions Trent Reznoriennes. Force est de constater que les derniers albums de NIN étaient moins percutants et surtout qu'ils sonnaient un peu tous de la même manière avec les mêmes sonorités et ambiances. Forcément avec la même équipe depuis maintenant quelques années, se renouveler parait parfois difficile lorsque l'on a tout gagner et que l'on a un peu tout connu dans sa carrière.

Tel un Pinion ravageur, The Eater Of Dreams entame l'album et nous propulse quelques années en arrière, court mais intense, what else!, commence t-on à se dire à peine 1 minute après la première écoute de cet album. Copy Of A poursuit donc cette terrible entreprise de sape que commence Trent Reznor et toute sa clique, Le titre est furieusement nerveux et produit comme seul NIN sait produire des titres de nos jours. Au niveau de la production et du mix, il n'a pas beaucoup d'égal, c'est une évidence, je vous invite tout particulièrement à vous pencher sur l'édition Audiophile Mastered Version afin de profiter au mieux de cet album, le son est certes moins fort mais on y découvre maintes subtilités avec du bon matériel que seuls les vrais peuvent apprécier.

Trève de plaisanterie, Trent Reznor a beau être devenu père par 2 fois et heureux en couple, il n'a rien perdu de son talent et de sa verve, il a fait un très gros effort sur les paroles pour cet album, c'est indéniable. Non content de tout détruire et de tout recommencer avec brio, Mister Self Destruct utilise moins les guitares et plus les machines pour nous invectiver et nous surprendre, certes, le rendu live est presque trop parfait pour être vrai comme on peut l'entendre sur un EP sorti après l'album, Fuji Rock Festival 2013, mais NIN nous fait donc sa révolution 3.0 après l'aventurier pantouflard, Year Zero. On retrouve tout de même quelques relents de cette période avec notamment Find My Way, preuve supplémentaire que NIN sait parfaitement ce qu'il fait et qu'il s'exprime désormais différemment, il n'est plus l'homme qu'il a été 20 ans de ca et c'est tant mieux pour nous autant que pour lui.

Quoi de pire que de voir nos vieilles reliques antiques musicales faire et refaire la même chose afin de remplir des stades acquis à leurs causes et ainsi financer un nouvel album remplit d'électro et d'effets djeunez histoire de rajeunir un peu son public. Loin de moi l'idée de citer des exemples, vous en connaissez tous au moins un sans même réfléchir 1 minute. All Time Low nous refait le coup de God Given mais l'audace en plus et surtout l'inspiration moins voyante et plus assimilée. Mine de rien il donne une bonne leçon à tous ces groupes de pacotilles qui tentent de surfer sur la vague Dream pop et qui se revendiquent de l'influence de notre bon ami Trent Reznor. Funky et dansant, ce titre fera bondir les plus récalcitrants mes fans mais sincèrement, c'est un très bon titre qui ferait un bon single si la place n'était pas déjà prise.

NIN nous prend à rebrousse poil et ca fonctionne, Disappointed pète la classe et se place admirablement bien dans l'album, ce qui fait la force de NIN, la cohérence et la cohésion presque parfaite des ambiances et des sons pour offrir un voyage musical unique en son genre. Les subtilités sont multiples et il faudra de nombreuses écoutes pour se rendre compte à quel point cet album est parfait au niveau de la production. Il y a énormément de nuances et de textures sonores à découvrir avec plaisir et avec une certaine délectation. On découvre toujours quelque chose de nouveau après une nouvelle écoute, les guitares qui ressemblent pourtant tellement à celles de Ghosts révèlent de subtiles différences et autres nuances.

C'est donc presque une redécouverte lorsque l'on écoute Everything, titre pourtant tant décrié par les puristes avant la sortie de l'album. Malgré des paroles relativement omniscientes, le titre est un superbe plaidoyer de la nouvelle approche de Trent Reznor en matière de titres et d'écriture. On ne joue plus au blasé de la vie et on apprécie enfin quelques beaux moments de partage sur ces années passées et sa nouvelle don't give a fuck attitude. Satellite est un autre titre presque pop mais qui explose sans que l'on s'en rende compte, pas de rage, non mais de classe. Du vrai miel pour nos oreilles! La suite parvient encore à surprendre avec les magistraux Various Methods Of Escape et Running. On y retrouve du The Fragile au meilleur de sa forme avec des relents de We're In This Together, implacable.

Loin de retenir les coups, il nous achève avec les derniers titres, I Would For You, In Two, While I'm Still here et Black Noise que l'on aimerait sans fin. Mention spéciale aux fantastique In Two, titre majeur de l'album que l'on écouterait presque en boucle, quel final! Difficile de critique Trent Reznor sur son implication dans cet album, on est très très loin de ce qu'il nous propose avec How To Destroy Angels et on ne peut vraiment lui reprocher d'avoir refait un The Downward Spiral 2.0, au contraire, il pioche sans retenue dans ce qu'il a fait de mieux dans sa carrière pour y ajouter des textures inédites et une couche d'électronique moins menaçante que par le passé, on est bien loin de cette Broken Machine.

Si l'homme est certes apaisé, il n'a rien perdu de son talent et son entourage ne semble pas avoir éteint sa flamme comme on le pensait après les dernières sorties du groupe. Certes, il voyage désormais avec sa famille en tournée, certes il fait un peu chambre à part avec son staff mais au final, ca lui va bien, il grandit, nous aussi et c'est tant mieux, il ne gagnera pas énormément de fans avec cet album, il a surtout gagné un nouveau statut dans les médias, celui d'artiste culte et reconnu par les plus grandes publications papiers et numériques, pour dire, même Pitchfork ne chie pas allègrement sur cet album, c'est un signe! Je suis conquis à titre personnel mais je peux parfaitement comprendre que les fans plus puristes que moi n'y voit que la déliquescence d'une idole désormais à ranger au placard pour ringardise et absence de rage contre sa propre machine.
LoutrePerfide
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le 19 sept. 2013

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