L'été s'achève. Deux mois de chaleur, de labeurs intensifs, au milieu d'une faune fleurant bon le monoï bon marché et la frite graisseuse.
Deux mois à voir passer nos chers Parisiens en tongs aux couleurs du Brésil, "marcel" blanc et Ray Ban en plastique, rougis par un soleil qu'ils ne connaissent pas.
Deux mois à les voir s'engrainer avec leurs voisin de té-ci pour pouvoir poser leur putain de serviette de bain sur un mètre carré de plage gavé de mégots de Marlboro.
Deux mois à les voir se battre pour bouffer une moules-frites en bord de mer puis râler comme des cons parce qu'ils y ont laissé un bras et un bon litron de flore intestinale.
Deux mois à entendre dégueuler des "ouais, gros !", des "Salut frérot" et autres "Le dernier Jul avec Vitaa, il est trop frais."
Deux mois d'été où mon vieux pays Occitan se retrouve submergé par des hordes d'envahisseurs belliqueux à l'image de ce putain de XIII ème siècle et de ses guerres Cathares sanglantes.
Un été à patienter que mon pauvre País reprenne forme humaine. Un été en hibernation.


Musicalement aussi c'était l'hibernation. Rien de neuf sous le soleil.
Une réécoute intégrale et ma foi fort bandante de l'oeuvre des Cure et une virée annuelle sous le soleil du Brésil avec l'ami Chico et le tonitruant Jorge Ben Jor. Du très bon mais effectivement rien de neuf sous le cagnar Héraultais.
Le réveil devait arriver. Il a fallu que l'été s'achève sous une chaleur écrasante, que les touristes se barrent dans un grand nuage de gaz d'échappement avec des papillons plein le larfeuille et un coup de lune sur le fion; il a fallu que tout se calme, que tout rentre dans l'ordre pour me faire sortir de ma torpeur estivale.
Pouvoir glisser une oreille sur les nouveautés, sur les sorties de Septembre sans qu'un vulgaire tube de l'été ne vienne polluer mes esgourdes assoupies.
C'est donc avec des tympans reposés et câlinés par une Cold Wave mythique et une MPB bien tassée aux relents de Cachaça, que je me mis en recherche de nouveautés musicales.
Entre le nouveau et très "Hypé" album de La Femme, l'excellente BO de la série un peu mollassone Stranger Things ou la énième résurrection musicale d'une Britney Spears sur le retour, mon oreille n'arrivait pas à se poser sereinement sur quelque chose.


Parcourant les sorties sur quelques sites spécialisés, mes yeux rouges tombèrent sur le nouvel album des Glass Animals dont les quelques avis des premiers auditeurs laissaient augurer le meilleur. Rassurer par les premiers échos des fans et le souvenir ma foi fort sympathique de leur premier essai: Le très évanescent et psychédélique Zaba, je jetais une oreille attentive sur le nouvel opus des petits gars d'Oxford.


Le moins que l'on puisse dire c'est que les espoirs placés dans le quatuor British semblent se confirmer avec leur dernier album très "sobrement" intitulé: How to Be a Human Being.
C'est en tournée que s'est construit " How to Be ...", une tournée longue et formatrice pour un groupe neuf et encore pris par le succès critique rapide et incontesté de leur première galette: Zaba.
Dave Bayley veut rendre compte de cette tournée à succès, de cet engouement surprise et peut-être un peu trop rapide.
Il enregistre des bouts de tournée avec son téléphone portable, des moments de vie hors-scène, des fragments de vérité avec des fans ou des gens rencontrés au hasard de virées nocturnes. Des soûlards, des filles légères, des fans transis ou des excentriques de coin de rues, le frêle Dave Bayley compile à la va-vite des morceaux d'Humanité, enregistre l'instantané d'un moment et tente de capturer la réalité, une réalité rassurante, devant ce succès - trop - précipité.
Ce sera ce collage de tranches de vie qui servira de fil conducteur au très beau How to Be a Human Being.
Un collage d'êtres humains, de destinées, à l'image de la musique de nos amis Anglais.
Un habile collage de sons, un patchwork de Pop, de Rap, de Folk sereine ou de Rock plus teigneux étalé avec une fausse nonchalance.
Une sorte de bordel bien rangé que les Glass Animals nous font visiter. On navigue, flottants, entre une "Dancing" Pop sucrée, une "Dancing" Pop aux beats endormis, comme en apesanteur, mais toujours aussi dansante ( Life Itself ou Youth); des envolées electro sensuelles comme un sourire de fille, relevées d'un soupçon de Psychédélisme au parfum discret mais tenace (The Other Side Of Paradise ou Cane Suga) et quelques expérimentations bien senties comme l'utilisation - réussie - de la Super Nintendo pour des bruitages planants sur la magnifique et très rétro: Season 2 Episode 3.
Un éventail discographique aux mille couleurs. Une palette musicale ouvertes aux quatre vents, remplie d'histoires à raconter, de visages à découvrir et de sons étranges et caressants contrôlés de main de maître par de - pourtant - tout jeunes musiciens.


C'est une oeuvre d'une maturité surprenante que nous livre les quatre Anglais d'Oxford. Une maîtrise du fond et de la forme parfaitement réussie.
La Pop envoûtante et éthérée des Glass Animals emprunte aux aînés quelques gimmicks reconnaissables. On pense à la Pop sereine et minimaliste de Metronomy, aux envolées Psyché de MGMT, mais les influences - nombreuses - semblent complètement digérées.
C'est un nouveau sillon que les Anglais creusent avec cet album. Une expérience édifiante, totale.
Un véritable documentaire en musique retraçant les deux ans qui séparent Zaba de How to be...: Les festivals, les rencontres, le succès, la hype...Un fourre-tout bordélique, ô combien périlleux mais réussi haut-la-main.


La Pop brinquebalante et funambule des Glass Animals, cette Pop pleine de paresse assumée, de langueur érotique; cette Pop manuelle, pétrie à la main, pleine d'influences, de références et pourtant si neuve, si personnelle.
Cette Pop vient de déferler sur le petit monde de la musique et sur la fin de mon été comme la vague de septembre effaçant les traces grossières des milliers de tongs estivales pour remettre à neuf mon sable blond.


Un album de fin d'été. Un renouveau apaisant et salvateur. Une résurrection.


Bref, une réussite.

Ze_Big_Nowhere
8
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le 7 sept. 2016

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Ze Big Nowhere

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