Depuis quelques années, lorsque Trivium lève le bras, c'est pour mettre une claque. Après tout, nous en leur avions assez mis avec les fainéants Vengeance Fall (2013) et Silence in the Snow (2015). Deux méfaits à la limite de l'insipide qui valaient sanction.


The Sin and the Sentence (2017) d'abord, puis What the Dead Men Say (2020) ensuite, furent un diptyque franchement réussi. De diptyque nous passons aujourd'hui à triptyque puisque In the Court of the Dragon pointe le bout de son nez à peine 1 an après ce que les morts avaient à dire, covid oblige. Moins de tournées, plus de boulot en studio.


Je ne vais pas y aller par quatre chemins. In the Court of the Dragon est le meilleur LP de Trivium à ce jour. Ce dixième opus des floridiens transpire le travail bien fait, le travail de longue haleine, le pinacle d'une carrière rondement menée.


Il est difficile de se remettre d'une telle claque. Une fois l'album terminé, vous ressentez alors ce besoin urgent de relancer la bête (en l'occurrence ici un dragon) pour bien assimiler ce qui vient de traverser votre esprit de mélomane. Pour se rendre compte que le ressenti est réel et non feint. Un peu lorsque l'on se frotte les yeux afin de savoir si l'on vient de débusquer une merveille ou s'il s'agit d'un mirage. "Ai-je été dupé ? L'euphorie va t-elle s'estomper ?"


Bon, je relance le disque une fois. Non, l'euphorie est toujours là. Une autre fois. Encore là.


De jeu de dupe il n'en est point question. In the Court of the Dragon est rempli de promesses et elles sont tenues. Avec une introduction (composée par Ihsahn d'Emperor, le bon pote) classique et classieuse, désormais traditionnelle chez le groupe, la furia Thrash/Heavy explose d'entrée de jeu avec un titre éponyme hurlé par Matt Heafy, chanteur/guitariste/streamer twitch. Entrée en matière réussie qui perdure avec Like A Sword Over Damocles et son couplet très The Crusade (2006).


Le travail de composition est remarquable. L'album est rempli de chansons aux couleurs bien différentes mais provenant du même moule. Cela démontre toute la rigueur des américains dans le travail effectué.


Le style Trivium est on ne peut plus présent : des riffs thrash, groovy à souhait (un son et des lignes de basse monstrueuses, mais on en a l'habitude avec Paolo Gregoletto), tout en restant dans une ambiance heavy metal moderne à l'américaine (comprenez : proche du metalcore dans lequel Trivium s'est moulé avant d'amorcer sa mue).


Nous voilà face à un album qui ne faiblit jamais. Cependant, The Shadow of the Abattoir (d'après moi le meilleur morceau) constitue un sommet duquel Trivium redescend tranquillement jusqu'à arriver à l'épique The Phalanx. Le groupe se permet même de placer un tube (Feast of Fire en fera headbanguer plus d'un) sans que cela ternisse l'aspect compact et massif de l'ensemble. La sensation de remplissage est inexistante, chaque morceau possède une identité bien distincte qui, à son tour façonne celle d'In the Court of the Dragon.


Pour faire court, on ne s'ennuie pas. Chaque titre dispose de son moment de gloire.


Tout le groupe s'est donc mis au diapason pour nous pondre un disque monumental, et même le chant de Matt tutoie une technique de haute volée à laquelle il ne nous avait pas habitué. Je reviens encore sur The Shadow of the Abattoir, probablement l'une de ses meilleures prestations vocales. Matt se fait à la fois crooneur, narrateur, hurleur et power avec quelques aigus bien sentis en fin de piste. Il est donc dans son intérêt de laisser une majeure partie de ses screams à son compère guitaristique Corey Beaulieu qui fait le taf sur scène.


In the Court of the Dragon la plus haute montagne jamais gravie par Trivium. On a même pas hâte de voir la suite, on préfèrera profiter de l'ascension et admirer la vue. A ce propos, sublime pochette réalisée par Matthieu Nozieres (vive la France).


P.S : Je me rends compte que je n'ai même pas parlé d'Alex Bent, la machine de guerre qui sert de batteur à Trivium depuis 2015. Pas grand chose à dire de lui si ce n'est qu'il vaudrait mieux que le groupe ne s'en sépare jamais.

EddieMetalThunder
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Créée

le 18 déc. 2021

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