In the Future
7.4
In the Future

Album de Black Mountain (2008)

In the future est le deuxième album de Black Mountain, quintette de Vancouver dont l'horizon musical s'est clairement arrêté en 1973. Comment se fait-il que l'on adhère à celui-ci là où le précédent n'avait pas réussi à convaincre avec son mix heavy progressif (avec son quasi d'époque) de Black Sabbath et du Velvet Underground ? Une production plus musclée, des chansons mieux écrites, une palette d'influences plus larges même si toujours puisées dans la même période (Pink Floyd, Blue Cheer, Led Zep, Wishbone Ash, le Jefferson Starship) bâtissent ici un univers cohérent et singulier. Plus encore, la thématique pessimiste, voire apocalyptique, développée par le leader Stephen McBean (le même qui officie au sein des plus lo-fi Pink Mountaintops) est, elle, bien ancrée dans le monde inquiétant de 2008. Le mariage d'une vision catastrophiste de l'avenir proche, chantée tantôt en alternance, tantôt à l'unisson par McBean et Amber Webber (qui évoque Grace Slick) avec des riffs drus et plombés inspirés des grandes heures de Toni Iommi et d'angoissantes nappes d'orgues à la Iron Butterfly font mouche. Notamment sur les titres les plus épiques et étirés (Tyrants, Wucan, Bright Lights), impressionnants de puissance et de tension. Beaucoup moins éprouvant que l'indigeste Mars Volta, Black Mountain marche sur les pas des enthousiasmants Besnard Lakes. HC


Via sa musique possédée et les patronymes de ses deux groupes jumeaux, Pink Mountaintops et Black Mountain, le Canadien Stephen McBean clame depuis toujours sa passion pour les vétérans Pink Floyd et Black Sabbath, sans jamais perdre de vue son maître étalon absolu, le premier album d'un junkie new-yorkais bisexuel soigné à grands coups d'électrochocs : The Velvet Underground & Nico (1967). Soit une authentique leçon de bon goût à l'usage des nouvelles générations ! La tête embuée d’effluves psychédéliques (Wucan) et le corps secoué de déflagrations soniques (Queens Will Play), notre génie à la barbe fleurie retrouve sa comparse Amber Webber pour enfin donner suite à un premier album (Black Mountain, 2005) unanimement acclamé, délaissant l’accalmie Stay Free – slow initialement paru sur la bande originale de Spider Man III (2007) – pour de plus massives entreprises… Enregistré en deux semaines et mixé en une par John Congleton (Minus Story, 90 Day Men, The Polyphonic Spree), ce troisième Lp est fondu dans le (heavy) métal le plus noble (Tyrants, Stormy High), loin de tous les clichés prog-rock en vigueur. Seize minutes hypnotiques durant, Bright Lights, le morceau de bravoure du disque, place ainsi notre quintette habité en tête des groupes à guitares les plus passionnants de cette nouvelle année, très loin devant Six Organs Of Admittance et consorts. Digne de l'illustre Bo Diddley, Evil Ways est un blues vaudou comme seul McBean sait encore en enregistrer et justifie à lui seul l'achat toutes affaires cessantes de ce disque immense et implacable : “I've been imprisoned by your demon lust, cursed by your black magic touch”… À l'approche des sports d'hiver, vous ne regarderez définitivement plus la montagne de la même façon. (Magic)
Il est toujours salutaire au cours d'une année musicale d'aller à la rencontre d'albums qui ne sont pas annoncés des mois à l'avance, attendus fièvreusement, et de s'adonner au plaisir de la découverte, sans a priori. Encore plus lorsqu'ils sont issus d'une écurie du calibre de Jagjaguwar, qui constitue l'un des plus sûrs viviers de groupes, d'Okkervil River aux Besnard Lakes, qui voient les choses et la musique en grand. Sur "In The Future", Black Mountain ne dépare pas au sein de cette belle écurie. Le groupe réussit d'ailleurs la double gageure de faire rentrer dans la pop indé des riffs de guitare tout droit venus du heavy metal et d'abriter un batteur qui martyrise ses fûts comme une brute épaisse sans qu'on lui intime l'ordre de calmer un peu ses ardeurs, bien au contraire ! Qu'est-ce qui fait donc que l'on adhère à ce cocktail ? Le sentiment que l'on chevauche une grande vague dévastatrice, qui revendique sa liberté et celle de libérer son auditeur. Un morceau comme Stormy High défie les lois de la gravité, des structures, et ne répond qu'à l'impératif de servir une mélodie endiablée en la parant de violence, de moments planants, de toutes sortes d'émotions que tout amateur de musique a forcément croisées un jour mais n'a pas toujours vues mariées. Ailleurs, Black Mountain est également capable de resserrer un peu le propos et de nous offrir des morceaux lascifs imparables (Angels) ou à la puissance incantatoire éprouvée (Stay Free).Après cela on ne s'étonnera pas de les entendre nous caresser les oreilles avec une ballade psychédélique ou glisser un petit clin d'oeil au glam façon Bowie. Pas surprenant non plus qu'ils intitulent un morceau Bright lights et le transforment en messe noire qui abolit les chapelles musicales avant de le terminer en bacchanale, le tout en quelque quinze minutes. Black Mountain nous annonce le futur en adressant un grand bras d'honneur aux conventions ; on souhaite que bien d'autres s'engouffrent dans la brèche. (indiepoprock)
bisca
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le 19 mars 2022

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