Is This It
7.5
Is This It

Album de The Strokes (2001)

Ce n’est que « ça » finalement, les Strokes, cet album d’un rock racé, urbain, gentillet. Ne me méprenez pas, je ne vais pas descendre l’album (en témoigne ma note), et puis pour tout vous dire, j’ai plutôt bien aimé ce que je viens d’entendre là. Mais pas tout. Un rock « and roll » parfois doux et rêveur, enfantin, assez chouette à l’écoute, il faut l’admettre. Dès le premier morceau, la ligne de basse change, et témoigne d’un fourmillement d’idées musicales toutes plus créatives les unes que les autres.

Derrière cet album solide, qui tient largement la route, je me suis tout de même demandé : qu’est-ce qui fait tout ce succès de patacaisse des Strokes ? Le fait de voir vieillir les vieillards que sont les Rolling Stones, Paul et Ringo, et de leur trouver à tout prix leurs dignes héritiers ? Sont-ils meilleurs que leurs contemporains ? White Stripes et Kills en tête? Non bien sûr, et les suites données à cet opus ainsi que leur histoire un peu casse-gueule les hissent moins au niveau des Kinks, Who et Stones qu’au rang d’outsiders tels que Moby Grape ou Barry & The Remains, groupes aux desseins sombres et auteurs respectifs d’au moins un chef-d’œuvre malheureusement sans suite.

Dans cet album il y a de bonnes choses, et il faut le dire, l’ensemble est plus que cohérent. Le morceau titre qui ouvre l'album est une excellence en matière de pop-rock moderne dans la grande tradition du genre : riff efficace, chant un peu éteint, comme endormi, la batterie suit, et la basse fait légèrement évoluer le morceau vers quelque chose de plus dansant en nous collant une ligne de basse de derrière les fagots. Dès le deuxième morceau ça s'accélère, les new-yorkais semblent s'être réellement réveillés d'une virée nocturne. Et dans ce « Modern Age », on peut entendre dans le chant de Casablancas dune influence majeure, Reed, un bon gazier de la ville. Le riff de transition est exceptionnel, et transcende l'idée même d'un rock de l'âge moderne d'un autre temps, quintessence d'une pop-rock des années 2000...
...et comme si ils en avaient marre, ils bouclent le morceau brusquement.

Le rythme effréné de l'album continue avec le très bon « Barely Legal », une sorte de synthèse de multiples influences, très variées, très new-yorkaises et nouvelle vague, allant du Velvet Underground au Talking Heads.
Pour ces quatre premiers morceaux, je me suis dit « ok, ça roule ». Rock'n Roll. Et ça continue...
« Someday » est rock'n roll, on pourrait clairement danser ça fait pas un pli. Mais j'attends encore autre chose pour me convaincre. Les morceaux sont excellents, carrés, bien construits, composés. Que me manque-t-il bon sang ? Clairement, je suis de l'école du riff tranchant, du solo endiablé, possédé, un peu méchant, bad, evil. Fuck off. Il me faut du saillant, du saignant, du couillu. Un mec qui se lâche à la slide comme Johnny Winter sur son premier album (éponyme, 1969), et je suis convaincu tout de suite. « Powerage » d'AC/DC dans on intégralité, et j'adhère direct. On s'est compris.

Le solo « d'Alone Together » me convainc, mais sans plus. Bon sang, mais qu'en est-il du solo furieux, fiévreux ; tout ça est finalement trop carré, trop propret, convenu, voire terre-à-terre. Où est passée la folie du guitariste soliste possédé, qui s'exorcise littéralement sur scène ?

Bon sang mais « Last Nite » ressemble vraiment à du Libertines ou c'est moi qui ait un gros problème ? (Je donne la bâton pour me faire battre là). Rock d'époque quoi. Aaah, un autre solo. Trop court.

Fuck.

Shit.

« Hard To Explain » sent le réchauffé au micro-onde dès le riff d'intro, et fatigue à l'avance. La voix forcé de Casablancas témoigne d'une espèce de lassitude qui me fait décrocher.

Je ne ferai pas tous les morceaux, j'pense avoir été compris : les Strokes c'est cool, le son est assez bon, mais ça ne sert à rien d'en faire tout un fromage. Et finalement, en écrivant ces ultimes lignes, les 3 derniers morceaux m'achèvent, et me font repenser ma note, ...d'un point.

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le 16 févr. 2014

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Errol 'Gardner

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