Jex Thoth
7.5
Jex Thoth

Album de Jex Thoth (2008)

S’il fallait accuser un exemple d’héritage réussi du rock des années 70, il faudrait immédiatement pointer Jex Thoth. Formé autour de sa chanteuse dont il prit le nom, le quintet se fait remarquer en 2007 alors que, sorti de nulle part, il enregistre un split album avec les légendaires et pionniers du doom Pagan Altar (qu’il va falloir chroniquer un jour, d’ailleurs…). Forts de cette expérience formatrice, les membres du groupe s’engagent dans l’écriture d’un premier LP, dont la parution en 2008 n’aura pour effet que de remuer les très privés milieux musicaux pour qui les années Black Sabbath, Leaf Hound et Babe Ruth sont les meilleures de l’histoire du rock. On comptait déjà Witchcraft ou Burning Saviours parmi cette tranche revival de l’underground actuel, mais voilà qu’en cette année 2008, Jex Thoth ajoute son nom en lettres d’or sur le livret, jamais réellement fermé, des riches héritiers de l’âge glorieux du rock.

Evoquer Babe Ruth pour décrire au mieux la musique de Jex Thoth peut sembler présomptueux, pourtant les deux se réunissent sur un point : les voix féminines de Jenny Hann et Jex Thoth sont très curieusement similaires, elles partagent une puissance leur permettant de monter dans les aigus difficiles tout en gardant une once de masculinité doom dans leur prononciation. Sans oublier le timbre de voix, très similaire. Pourtant, instrumentalement parlant, les deux formations n’ont pas grand-chose à voir : Jex Thoth explore les caves du doom crasseux et groovy au travers d’un glorieux mélange entre les sonorités sales d’Electric Wizard et la fougue de Pentagram, tandis que Babe Ruth se complaisait dans un rock progressif funky pas réellement convaincant.

De rock progressif, cet éponyme n’en est pas dénué non plus, l’ambition du groupe étant la remise au goût du jour de toutes les sonorités seventies, prog y compris. Ainsi, la suite de dix minutes, « Equinox », divisée en quatre parties, reprend les ingrédients du genre tout en les remaniant à la sauce doom des années 2000 : les thèmes vocaux sont réutilisés au début et à la fin du morceau (« The Poison Pit » et « The Damned And Divine »), les passages instrumentaux sont joués au clavier et à la guitare tantôt folk, tantôt électrique, des percussions tribales prennent place lors des soli (« Thawing Magus ») et il y a même un passage ambient, par conséquent arythmique basé sur les notes du premier mouvement (« The Invocation »). Sympathique mais pas essentielle, cette suite progressive n’est pas l’atout principal de Jex Thoth, l’album.

Là où le quintet est le plus ébouriffant, c’est dans les morceaux doom de facture assez classique : « Nothing Left To Die », « Son Of Yule », « When The Raven Calls » témoignent de réelles capacités à créer des mélodies lourdes et mémorables, ce au détour de bonnes idées, comme cette utilisation inédite du mellotron pour une formation doom sur la dernière sus-citée. Par moments, on croit même écouter du Dead Weather en plus solide, en plus crépusculaire (« Obsidian Night »), alors que ceux-ci n’apparaissent que l’année suivante. En bref, cet éponyme de Jex Thoth ravira tous les amateurs de Blood Ceremony, Witchcraft et de rock façon seventies.
BenoitBayl
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le 5 déc. 2013

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