Junk
5.9
Junk

Album de M83 (2016)

M83 : la galaxie prend forme...et c'est bien dommage.

M83 est sans aucun doute l'un des groupes les plus importants de ma discographie. Voilà plusieurs années que je suis porté par les mélodies cosmiques et complexes de ce cher Anthony Gonzalez (mais également de NIcolas Fromageau qu'on n'oublie pas bien évidemment vu l'importance de son travail, notamment sur Dead Cities, Red Seas And Lost Ghosts).


Pour expliquer mon ressenti, je vais utiliser une métaphore. Imaginons M83 telle une galaxie (oui je sais,M83 est une galaxie mais je parle du groupe là merde, jouer pas sur les mots). Reprenons, petits que nous sommes, humains, sur notre terre triste, aride, sombre nous contemplons cette galaxie lorsque celle-ci est apparue sur nos radars en 2001 avec un album intitulé sobrement M83. A l'époque, ce Shoegaze-ambient a été le premier repère pour nous, chercheurs que nous sommes, à comprendre la complexité de celle-ci. Elle nous semblait intouchable. Plus le temps avançeait, plus les technologies s'amélioraient, permettant de mieux appréhender le travail de M83 qui, lui, de son côté, continuait de grandir avec des oeuvres complexes mais de plus en plus ouverte à l'auditeur (Before The Dawn Heal Us), doucement mais surement, nous nous rapprochions d'elle pour mieux la saisir et l'arrivée de Hurry Up, We're Dreaming a été le détonateur de notre prise de conscience de l'immensité, de la beauté de cette galaxie que représente l'oeuvre de M83. Nous l'avions mieux saisi grâce à Anthony Gonzalez qui, seul aux commandes d'M83, avait désormais les clés pour nous ouvrir vers la galaxie M83, une galaxie qui, si elle nous semble encore un peu lointaine, se rapproche de plus en plus de nous tout en détaillant les trais de sa complexité, de ses mélodies spatiales, de ses élancées harmonieux, de ses chutes vertigineuses vers la contemplation subtile mais néanmoins magnifiée. Saturdays=Youth et Hurry Up, We're Dreaming deviendront un savoureux mélange de pop (la découverte de plus en plus précise de cette galaxie) et d'électronique ambiant (l'admiration devant la beauté de ses couleurs, de ses formes que nous discernons de mieux en mieux avec le temps). M83, de 2001 et à 2011 est la découverte d'une belle histoire qui prendra son temps pour mûrir et nous offrir le meilleur d'elle-même.


Le hic ? Anthony Gonzalez a poussé la machine un peu trop loin, la technologie a pris le pied sur le style et Junk est peut-être l'album de trop. Vous savez, il y a parfois des choses que l'on contemple avec une admiration ensorcelante mais incompréhensible. Et cette admiration, est portée, s'intègre en nous pour une seule et bonne raison : Elle est inexplicable. Intro, Unrecorded, Moonchild étaient inexplicables et c'est ce qui les rendaient si belles, comme inatteignables pour nous, humains que nous étions.


Junk me donne la sensation d'avoir approché d'un peu trop près la galaxie M83 et c'est cette trop grande proximité avec la galaxie qui a détruit, en partie, la magnificence de celle-ci. Il suffit d'écouter Moon Crystal pour avoir l'impression d'être définitivement dans cette galaxie où les formes vivantes qui y vivent (peut-être les monstres sur la pochette) sont bloqués dans le thème de Miami Vice et des génériques des émissions de Club Dorothée. On arrive pas à y croire à certains moments, ça agace, ça nous fait sourire, c'est plaisant, ça chatouille l'oreille parfois, mais la galaxie devient beaucoup trop vivante à nos yeux, les voix, fort nombreuses, d'M83 nous ramène beaucoup trop sur terre où la pop a pris le pouvoir. Le projet d'Anthony Gonzalez présente une forme beaucoup trop humanisée pour nous toucher comme l'avaient pu le faire auparavant les anciennes productions qui nous semblaient hors de portée.


Au final, je vais picorer cette album comme beaucoup d'autres albums de pop/electronique. On collectionnera les morceaux qui nous touche (Bibi The Dog car j'aime l'alternance de voix Françaises et voix Anglaises, ça me rappelle Arcade Fire avec un côté Old-School synthé' et une légère touche de Gainsbourg ici et là), on aura un coup de nostalgie avec Solitude (qui, à mon avis, pour ceux qui ne veulent pas s'aventurer sur la galaxie M83 façon Junk, restera le seul valable à leurs yeux tant le reste est loin de l'esprit M83). On notera également la subtile (et voulue ?) ironie du morceau For The Kids, où l'on croise la terrible sensation qu'Anthony Gonzalez a fait un hommage moqueur à ceux qui ont apprécié l'ancien M83.


Malheureusement, cet album d'M83 est un petit échec. Les saxophones, abusifs, sonne bien trop loin de l'hommage qu'Anthony Gonzalez tentait de faire à son enfance via cette production, les synthés, utilisés de toutes les manières 70's possibles sont ironiquement comiques. Alors que j'attends de sourire d'admiration, comme un gamin découvrant la beauté exquise à la vue de sa première étoile filante dans le ciel, on sourit avec une légère pointe d'humour et d'étonnement dans cette légère facilité de composition. Je dis bien petit échec car Anthony Gonzalez nous avait prévenu, cet album est celui d'Anthony Gonzalez plus que celui d'M83, je n'affirmerais pas qu'il est un crachat à l'héritage d'M83 mais il représente plus un album conceptuel dans la discographie d'M83 qu'à un réel et nouvel album tant attendu par les fans, 5 ans d'attente après l'énorme succès d'Hurry Up We're Dreaming pour nous balancer quelque chose qui manque cruellement de saveurs et de couleurs M83ienne, c'est quelque peu cruel pour les fans. Mais je lui pardonnerais quoiqu'il arrive car la galaxie M83 est la plus belle des galaxies dans mon coeur d'enfant.


M83 est la construction, au travers de sa discographie, d'un long voyage vers la découverte de cette galaxie, où les premiers albums à l'électronica/shoegaze sonne comme le début d'un beau périple au sein d'une fusée où, à travers le hublot de la première rencontre nous discernons les premières formes majestueuses de celle-ci pour, ensuite, s'en approcher à une distance satisfaisante et admirable avec Saturdays=Youth et Hurry Up, We're Dreaming pour mieux s'acquérir de son immense beauté, sa complexité, ses formes harmonieuses, ses couleurs subtiles. Junk est la compréhension ratée et bien trop proche de cette galaxie. Qu'importe, comme le dit le proverbe, ce n'est point la destination qui compte mais bien le voyage qui nous est offert.

LesterBangs
5
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le 7 avr. 2016

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LesterBangs

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