Classicisme moderne

Nassir Jones fait essentiellement, sur King Disease II, tout ce qu'il avait fait sur le premier opus mais en mieux. Comment est ce possible ?

2021, le rappeur vit sa meilleure vie et ça se ressent.

Le voilà faire de nouveau équipe avec le producteur Hit-Boy, et ce serait peu de dire que la chimie est évidente. 

"King's Disease II" voit Nas s’éclater sur des Drums fous, se faufilant confortablement à travers une collection de breakbeats sales, d'échantillons Soul au rythme rapide et de paysages sonores cinématographiques. Que ce soit les touches chatoyantes de "Moments" introspectif, le groove poussiéreux de "Count Me In" ou la toile de fond venteuse de "Brunch On Sundays", le King of Queens rend tout si facile.

Même lorsque Hit-Boy change de production en faveur de quelque chose de plus Trap, Nas n'est pas déséquilibré. Sur "40 Side", une histoire édifiante de fierté de sa ville natale, Nas, transmet la sagesse aux jeunes, son discours d'encouragement est parsemé de synthés brumeux et de charleston à tir rapide, tandis que Future résonne par endroits avec son "For real". La brève excursion sonore se poursuit sur "YKTV", où Nas – aux côtés de A Boogie Wit Da Hoodie et YG – se vante de son style de vie opulent sur une basse à couper le souffle.

Pour "EPMD 2", Nas fait appel à Eminem ainsi qu'au légendaire homonyme de la chanson. Slim Shady commence un peu tremblant, crachant des barres aléatoires puis une fois ce vertige erratique terminé, Em trouve son propre rythme et offre des fleurs à certains des grands du rap et rend hommage à ceux que nous avons perdus. Vers la fin de son long couplet, le rythme passe d'un éclat lumineux à une éruption massive, Em reconnaît sa propre mortalité, le couplet est d’un de ses meilleurs entendus depuis longtemps, wouaw !

Une autre collaboration remarquable voit Nas retrouver Lauryn Hill pour un moment rare et stimulant sur "Nobody". Ce titre est juste une Masterclass avec une Lauryn Hill qui règle certains comptes et nous fait regretter de ne pas l’entendre plus, quelle voix !

Comment ne pas parler de  "death Row East", où Nas partage un compte rendu brut et franc de ses sentiments concernant la tristement célèbre guerre entre la côte est et la côte ouest. Un retour percutant sur ses racines avec une fin à donner la chair de poule.

Bref, il y aurait encore beaucoup à dire sur cet album mais le principal c'est qu’il règne sur "King Disease II" une odeur de classicisme, un sentiment de nostalgie mais avec une vision tournée plus vers l’avant. Un équilibre étonnant.

Nas semble plus concentré que jamais, choisissant de profiter de son succès, de compter ses victoires et de projeter la même énergie sur le reste du monde.

Chapeau bas Nassir.