Le Cri du Papillon est un album qui respire l'ambiance banlieues, pas celle que le journal du soir veut nous faire avaler, mais bien la vrai banlieue, un monde de perte, de non-évolution, de désespérance pour l'artiste qui ne peut monter près du soleil sans se bruler les ailes, le tout avec une nonchalance sans égale et un humour aussi cynique que dépravé.

James Delleck nous invite ici dans son monde, où il critique tout le monde à commencer par lui-même, ses avatars comme "Gérard de Roubaix" représente le beauf made in France, cette classe de gens médiocre qui chie sur la culture et sur laquelle Delleck vomie. Cette même ambiance se révèle dans "L'étranger" qu'on saura mettre en parallèle avec le roman de Camus. Le paradoxe est que si le MC se met à mépriser une grande partie de l'humanité, il s'inclue lui même dans le lot plus d'une fois, et la rage de Delleck pour le genre humain se retourne finalement face à lui même.
Mais n'allez pas croire que James Delleck est un homme sans cœur, "Le Réverbère" et "15 ans" montrent l'empathie que Delleck peut avoir pour les causes perdues, les victimes des souffrances quotidiennes qui ne savent même plus placer de mots sur leurs peines. Dans une logique presque similaire, nous retrouvons "Sonate pour une gouttelette" qui dévoile totalement l'aspect dépressif de James Delleck. De la même façon, "Personne" est trop sincère pour ne pas évoquer la vie même de Delleck, qui souffre d'être peu être sensiblement trop artiste pour exister dans ce monde.
A coté de ça se tient une partie peut être mal comprise par la majorité des gens. L'aspect délirant de cet album. En effet, James Delleck, comme Le Jouage, Grems, Fuzati, aime mettre en place son humour bien personnel. Cela se ressent dans la quasi-totalité de ces titres, même si certains comme "Le Profil Psychologique" ou "L'Amour". Un humour peut être moins sombre, plus "Gotlibien" si je puis dire, un humour basé pas mal sur le WTF aussi ou les paradoxe, la situation "décalé" que ça engendre ou le mépris réaliste que les phénomènes dépeignent.

Enfin, l'aspect technique. Au niveau du flow, c'est à la fois facile d'accès et parfois assez technique, on sent la mélancolie dans chacune de ses phrases ce qui est plutôt réussie. L'aspect musical est très important aussi, bien mis en avant, d'ailleurs 3 morceaux (Chrysalide, Carotte Sauvage et la piste bonus) sont centré la dessus, de la bonne musique éléctro bien agréable à écouter. On sent que MC Delleck soigne ses prod.

Bref, James Delleck nous propose un album de rap de qualité, à mi chemin entre l'abstract et le hip hop pur et dur. Il nous amène dans un univers certes pas grand public, mais de haut niveau, nous rappelant que si Monsieur Fuzati, aujourd'hui reconnu par un public souvent de néophyte, est son ami, c'est parce qu'il partage une vision du rap très proche.
A titre personnel, je met 10, pour un album qui vaut sans soucis 9, parce qu'il s'agit d'un de mes albums préférés dans le milieu du rap comme en général, c'est le genre d'album qui me donne envie de modifier ma façon de concevoir de la musique.
mavhoc
10
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le 19 févr. 2013

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mavhoc

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