Legend
7.4
Legend

Album de Witchcraft (2012)

Issue du froid nordique à partir du début des années 2000, l’apparition de la mouvance nostalgique heavy rock s’est accompagnée d’une recrudescence en excitation à chaque nouvelle sortie d’un album de Witchcraft. Aisément considérable comme chef de file du mouvement doom trad/heavy psyché du début de millénaire, le quatuor évolue désormais en terrain miné. Chaque année, une nouvelle sensation nostalgique semble apparaître des profondeurs du plus absurde nulle part, entre Allemagne et Suède. En 2011, de cette dernière contrée émergeaient l’excellence rock de Jeremy Irons & The Ratgang Malibus (Bloom) et le heavy rock doomesque de Ghost. Cette année, Kadavar gagne les honneurs de l’élite hard/psychédélique grâce à un premier opus enflammé. Désormais, Witchcraft n’est plus seul.

Confirmer ses galons de roi dans un univers doom certes underground, mais hautement exigeant n’est pas aisé ; d’autant plus lorsque l’on porte à chaque nouvelle livraison les immenses espoirs de mélomanes nostalgiques et barbus. Alors pour son retour, Witchcraft a vu les choses en grand. Nouvellement signé chez les allemands de Nuclear Blast (Cathedral, Candlemass) au détriment de Rise Above (Electric Wizard, Astra), le quintet se munit de la production de Jess Borgen (Opeth, Kreator). Propre, l’ambiance sonore l’est probablement trop, trop pour du Witchcraft. Il s’agit là du principal défaut de Legend : l’exposition des morceaux apparaît bien trop sage, bien trop soigneuse, bien trop léchée pour être honnête. Elle souligne l’envie du groupe de s’ouvrir à un public plus vaste, pas seulement constitué d’obscurs amateurs de stoner/doom.

Les morceaux auraient mérité des textures plus rudes, plus crasses, car cette claire sophistication des formes sonores dessert d’excellentes pièces de doom gentillet que beaucoup ne manquent pas – une nouvelle fois – d’affilier au Sabbath Noir. Magnus Pelander, délivré des contraintes guitaristiques grâce à l’arrivée de deux nouveaux adeptes de la six-cordes, Simon Solomon et Tom Jondelius, gagne en intensité et en liberté vocale. Ses interventions sont plus nombreuses et plus senties qu’auparavant, tout en avançant une puissance encore inexploitée jusqu’alors. Tant mieux, car ce timbre particulier, chaud et à la fois typiquement nordique, est le facteur supplémentaire permettant à Witchcraft de s’élever au-delà des nombreux autres concurrents du genre.

Cependant, Legend ne sera probablement pas l’album que les amateurs retiendront dans les années à venir. Il est certain que le quintet fera mieux, plus cohérent, plus fou, plus poussif, plus notalgique et novateur. Cette fournée permet simplement aux membres de Witchcraft de s’ériger, une nouvelle fois, en valeur sûre du genre. Cette fois, c’est certain : la prochaine sera la bonne.
BenoitBayl
7
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le 3 oct. 2013

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Benoit Baylé

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