Little Oblivions
6.7
Little Oblivions

Album de Julien Baker (2021)

C'est ma compagne qui m'a fait découvrir Julien Baker, une fin d'après midi, en vacances. Je ne la connaissais pas et ce que j'ai entendu à ce moment là était vraiment propice à l'évasion, sur une route inconnue. C'était son 1er album "Sprained Ankle", Une guitare voix apaisante, touchante. Et après nombreuses écoutes, je me suis rendu compte de la tristesse des paroles. Elle a été élevée de façon austère dans la religion et a connu la toxicomanie, la vraie...


Little Oblivions est son 3 ème album. Il y eu donc, "Sprained Ankle" (2016) puis "Turn Out The Lights" (2017) dans lequel le piano vient sublimer son art et un Ep en 2018, "Boygenius" avec la fameuse Phoebe Bridgers (souvenez-vous du grand album de l'année dernière "Punisher") et Lucy Dacus.


Avec "Little Oblivions", Julien Baker se remet, mais cela ne veut pas dire qu'elle ne peut toujours pas explorer la douleur. Dans son œuvre la plus aboutie et la plus mature à ce jour, Baker plonge profondément dans l'identité publique et privée, l'hypocrisie de la religion et le pardon dans les relations.


À commencer par Hardline, la production déformée et la voix forte et hésitante de Baker dominent ce morceau. Il donne parfaitement le ton pour le reste de l'album avec son honnêteté brûlante et son abandon émotionnel à travers un son plus grand. Elle a joué tous les instruments de cet album, et ça se voit. Il y a une précision émotionnelle dans chaque son. Elle sait ce qu'elle veut transmettre aussi bien sur le plan sonore que lyrique.
Cela est particulièrement vrai à propos de Faith Healer. Sur cette chanson sur la lutte contre l'envie, la voix de Baker frissonne et se fraye un chemin à travers le fond bruyant et désorientant. Chaque note, à la fois chantée et jouée, trace les contours d'une belle escalade; une manifestation musicale d'une révélation. Il y a une lueur d'espoir au milieu de la bataille, un sentiment que la conscience de soi de Baker la tirera à travers ce symptôme de dépendance. Elle est tendre et dure, et invite ses auditeurs à être pareil. Elle sait parler des mensonges dont les personnes aux prises avec des substances peuvent se parer.


Dans Song in E, l'honnêteté de Baker la place dans une impasse alors qu'elle explore le poids émotionnel qu'elle a accumulée dans ses relations. Prenant la forme d'un hymne d'église avec un piano résonnant qui l'accompagne, elle se crée un nœud intellectuel: comment partager ma vie, être honnête avec les gens que j'aime, sans avoir l'impression de leur devoir? C'est une catharsis douloureuse mais nécessaire.


Il y a aussi des morceaux comme Favor, où elle retrouve Phoebe Bridgers et Lucy Dacus de leur groupe Boygenius, et Bloodshot. Ici, Baker négocie des espaces compliqués et des questions avec les personnes qu'elle aime. Bien qu'extrêmement analytique et critique d'elle-même, la musique, en particulier dans cet album, lui donne un espace confortable et réceptif pour naviguer dans le pardon et la tendresse envers elle-même. Non seulement elle explore cela, mais aussi elle examine est chante chaque pensée flottante, créant la métaphore parfaite. Elle est maître dans la transmission de son propre récit, aussi douloureux soit-il.


"Little Oblivions" n'est pas une réussite en matière de toxicomanie, d'amour ou de religion. Il s'agit plutôt d'un travail en cours sans fin, une cascade d'émotions, encore et encore. Julien Baker ne veut pas apporter de réponses: elle veut juste de la clarté.
Et pendant un moment, sa musique peut fournir cela.


7,5/10

BRKR-Sound
7
Écrit par

Créée

le 5 mars 2021

Critique lue 146 fois

2 j'aime

BRKR Sound

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2

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