Midnight Boom
7.5
Midnight Boom

Album de The Kills (2008)

En 2003, on a naturellement inscrit The Kills - un gars, une fille très rock - dans la lignée des nombreux duos mixtes surgis dans le sillage des White Stripes. Elle, Alison Mosshart, alias VV, au chant, et lui, Jamie Hince, alias Hotel, à la guitare, avec une boîte à rythme cradingue pour leur tenir la chandelle, sortaient toutefois du lot. Leur sensualité à fleur de peau, leur rock tendu, poisseux, réveillaient le frisson de la découverte, autrefois, du premier album de Suicide. Ce drôle de couple transatlantique, lié par leur amour d'un binaire des plus primaires, signait un premier album parfait suivi d'un deuxième qui n'avait le défaut que de trop ressembler à son prédécesseur. Décidément, au rayon des grands archéologues vision­naires, seul le Jesus and Mary Chain aura réussi l'exploit de suivre son immense Psychocandy avec le non moins remarquable et différent Darklands. Mais les Kills n'ont pas dit leur dernier mot. Jamie Hince a beau s'être affiché dans la vie au bras de Kate Moss, son intense relation (musicale) avec la brune Alison Mosshart n'en demeure pas moins une affaire très sérieuse. Et Midnight Boom, en élargissant intelligemment leur palette sonore sans fondamentalement modifier le précieux équi­libre de leur rugueux blues pop, a tout pour prolonger notre idylle avec les Kills. Un léger glissement vers des rythmes trip-hop soutenus par maints claquements de mains sert à moduler les climats (du groove swamp de Getting down à la ballade­ finale, Goodnight bad morning) et confère aux sombres comptines urbaines de VV et Hotel une réjouissante ambiance de glam artisanal (Cheap and Cheerful est un régal). Un peu comme si une Suzi Quatro underground transformait l'essai du beatbox rock'n'roll 80's des oubliés Westworld. HC


Avec The Kills, on a un problème : alors que sort leur troisième album, on sait maintenant qu’ils ne feront sans doute jamais mieux que le premier (Keep on Your Mean Side, 2003), ce brûlot radical de blues-punk velvetien qui semblait leur exploser entre les doigts, entre les reins. En fait, The Kills n’ont jamais prétendu faire mieux, mais plutôt autrement. Sur leur deuxième album (No Wow, 2005), ils visitaient les égouts de New York pour un trip façon train fantôme, à l’aveugle, claustro et anxiogène. Sur le troisième (Midnight Boom, 2008), ils sortent du tunnel et déboulent dans le laboratoire d’un savant fou : Alex Epton, l’alchimiste du son du groupe hip-hop Spank Rock, qui a produit une bonne partie de Midnight Boom. Du coup, c’est un peu comme dans Pimp My Ride, l’émission de MTV où des garagistes super cool transforment des vieilles bagnoles en bolides customisés. On reconnaît la base (la voix incandescente de VV, les guitares concises d’Hotel, l’énergie saccadée et la tension générale des chansons) et on salue la nouveauté (un son plus lustré, des rythmiques plus travaillées, une approche plus ludique de la production). Certains préféreront The Kills ancienne manière, artisanal et cabossé. D’autres applaudiront la sortie de ce disque mutant, puissant et rutilant, nouvel avatar d’un groupe qui refuse l’immobilisme, toujours radical mais jamais intégriste. (Inrocks)
Surfant sur la vague du vrai-faux retour des guitares (avaient-elles seulement disparu ?), le duo mixte anglo-américain The Kills vient compléter la liste déjà longue de groupes estampillés "100 % rock'n'roll". Sans partir dans une analyse sémantique compliquée, on notera la tendance très répandue actuellement qui consiste à définir un look ou une pose (l'article The présent partout, les blousons en cuir noir, les cheveux en pétard), plutôt qu'à défricher de nouvelles perspectives musicales. Se situant quelque part entre Pj Harvey (période Rid Of Me) et The White Stripes, Keep On Your Mean Side est un condensé de blues électrique et primitif, joué sur une guitare trois-cordes chopée dans une brocante, et soutenu par une batterie dépouillée et rockabilly. Si dans son ensemble ce premier album de The Kills reste linéaire et finalement très classique, les trois titres d'ouverture, dont l'excellent Cat Claw, avec sa rythmique en escalier et sa voix de féline en colère, présentent une facette du groupe plus lâchée et moins prévisible. La suite est une succession de rock songs construites en ligne droite, sans haut ni bas, seulement fatigantes. Malgré son patronyme mortel, The Kills ne fera jamais de mal à une mouche. (Magic)
Cliché en vogue par les temps viciés qui courent : le retour du rock’n’roll entamé début 2000 sous la triple égide Strokes, White Stripes et Libertines c’est fini, kaput ! affaire classée. Désormais la suspicion est de mise dès que se pointe n’importe quel jeune voyou habillé cuir et jeans déchirés sortant d’un rêve de Hedi Slimane. Nous sommes en 2008. Nous pensons qu’il fait certainement meilleur être Hillary Clinton engagée dans une primaire sans pitié contre Barack Obama que d’être un gamin qui pense qu’il y a encore quelque chose de nouveau à dire sur le front du garage rock revival dans un monde musical en pleine crise d’inspiration. Nous imaginions ça. Jusqu’à ce que débarque ce troisième album signé The Kills. On ne va pas tourner autour du pot, “Midnight Boom” est un des enregistrements de rock primitif parmi les plus novateurs de l’époque. Il parle de ce qui nous concerne depuis des lustres, mais avec un langage actuel et les moyens de la modernité : haine de soi, sexe malade, paranoïa, frustration, violence, sentimentalité extrême, litres de café ingurgités, cigarettes carbonisées à la chaîne... Toutes ces choses éternelles font les meilleurs films de la nouvelle vague, les plus belles peintures de Francis Bacon et les pages les plus louches de Hubert Selby Jr. Elles sont au patrimoine génétique des Kills depuis les débuts du groupe sur son premier opus “Keep On Your Mean Side” (2003). Il aura seulement fallu cinq années pour que le duo devienne autre chose qu’un de ces groupes Cro-Magnon restreints par leur manque d’ouverture. “Midnight Boom” ne singe pas le rock pour faire plaisir aux revues en papier glacé. Ce disque est actuel. Il utilise le progrès pour prendre la place qu’il mérite : un bouton de fièvre posé sur le visage hygiéniste du monde de la musique. Quand cet opus s’ouvre sur d’autres univers, c’est en gardant sa formule éternelle voix sensuelle, guitare moite et boîte à rythmes affolée. Il y a du Nine Inch Nails qui se débat dans une cage aux barreaux rouillés sur le single “URA Fever”. Sur l’intense “Cheap And Cheerful” ou le squelettique “Tape Song”, il y a la morbidité du R&B électronique que l’on fait avaler par tubes de barbituriques entiers à cette pauvre dinde larguée de Britney Spears. Il y a de la noisy hallucinée en pagaille comme si My Bloody Valentine et les productions electro soul des Neptunes ne définissaient, finalement, que la même grande solitude urbaine (les fantastiques et lancinants “Last Day Of Magic” et “What New York Used To Be”). La grande intelligence de The Kills, c’est de reconnaître, avec plus de force que pas mal de ses contemporains, que le rock’n’roll est un spectre des plus large. Celui-ci ne se limite pas aux incunables Stooges ou Ramones. Il englobe aussi bien le blues de Captain Beefheart et les appels à la mauvaise vie du Velvet... (“Goodnight Bad Morning”) que le hip hop et le minimalisme technoïde (“Alphabet Pony”). A l’arrivée, “Midnight Boom” dévoile douze titres à prendre comme une déclaration d’amour à l’underground sous toutes ses formes. A l’écoute de ce troisième The Kills, on imagine très bien VV et Hotel rejouer la scène d’ouverture du “A Bout De Souffle” de Jean-Luc Godard un sourire aux lèvres : “Si vous n’aimez pas le garage. Si vous n’aimez pas le punk. Si vous n’aimez pas l’electro. Eh bien, allez vous faire foutre !” (Rock n folk)
Une boîte à rythmes, une grosse guitare, voilà comment pourrait se définir le concept de l'Américaine Alison Mosshart - alias "VV"- et du guitariste anglais Jamie Hince - alias "Hotel". Le garçon et la fille, l'idée a déjà été trouvée, mais VV et Hotel s'imposent aujourd'hui comme les Nancy Sinatra & Lee Hazlewood des temps nouveaux. Ajoutez une dose de Bonnie Parker et Clyde Barrow, sans les attaques à main armée et vous obtiendrez le mélange subtil que nous offrent The Kills dans leur troisième album studio "Midnight Boom". Dans la continuité de "No Wow", leur deuxième album sorti en 2005, "Midnight Boom" est tout aussi mystique, voire paradoxal. En effet, le couple réussit à faire de cet album brûlant de sensualité un melting-pot musical en mêlant freakbeat, pop, rock, glam et même blues. Malgré la modicité des moyens employés, Hince permet à chacun des morceaux de sonner particulièrement et Moss...hart évolue, sur le plan musical, en chantant des mélodies plus pop. L'album s'ouvre sur un dialogue musical, ô combien sensuel et de ce fait, sensationnel ; le titre "U R A Fever" pourrait s'imposer comme une des meilleures chansons de l'année et pourrait même résumer à lui seul la musique de VV et Hotel puisque ceux-ci ont compris que les rythmes lents, mais appuyés, leur correspondent parfaitement. "Cheap And Cheerful" démontre la créativité des deux musiciens puisqu'ils se permettent d'insérer entre deux riffs provocateurs et nonchalants, des éternuements. "Black Balloon", septième chanson de l'opus se fait également remarquer ; cette ballade vient contraster avec les précédentes chansons de l'album puisqu'elle s'avère moins sautillante et pulsionnelle que les autres titres. Plus loin, "Alphabet Pony" introduit une note de gaieté et d'humour et nous fait entrevoir un aspect des Kills jusqu'alors inconnu. "What New York Used To Be" correspond à l'essence de The Kills : riffs primaires et voix sensuelle et enfin la chanson de clôture que nous offrent VV et Hotel est une ballade, "Goodnight Bad Morning" qui nous prouve que cet album est beaucoup plus mélodieux, plus rythmique et moins gonflé d'esbroufe que les deux précédents - sans cependant être totalement différent... The Kills est donc au carrefour de ce rock un peu sale que l'on pourrait associer aux White Stripes et de la musique pop/rock du groupe danois, The Raveonettes. The Kills est donc cela, un groupe qui vaut encore mieux que son imagerie et qui s'avère être une des meilleures formations de garage rock, même s'il est difficile de les classer, de ce début de XXIè siècle.(Popnews)
bisca
7
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le 3 avr. 2022

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bisca

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