Moanin'
7.6
Moanin'

Album de Mr. Airplane Man (2002)

A la fin des années 90, sous l’impulsion des médiatiques White Stripes et des Black Keys, rien de plus facile pour monter un groupe : on récupérait une guitare, on appelait un copain batteur et paf !
Dans cette déferlante de bruit et de fureur, un duo féminin : Margaret Garrett et Tara McManus choisisse le titre de l’imposant Howlin’ Wolf, Mr Airplane Man, comme nom de groupe.



Rien de tel pour attirer mon attention.



A bord d’une Cadillac, elles traversent les Etats-Unis, de la côte Est au Sud profond ; elles écument les bars et les salles de concert, se font les bras et les dents avant de croiser la route de Monsieur Jeffrey Evans à Memphis, terre promise du blues et du rock’n’roll.
L’expérience ne suffisait pas, elles se sont plongées dans les influences des plus obscurs bluesmen, bad boy en la matière tels que Junior Kimbrough, R.L. Burnside, Jessie Mae Hamphill : du blues rugueux et ténébreux qui chante la mort, la violence, la prison et le sexe.
Petite différence avec leurs « pairs » fondateurs, Margaret et Tara propose une musique plus linéaire, battue très serrée, bien ravalée en façade et incroyablement sexuée. Une empreinte d’une féminité brûlante et hagarde.
Elles apprivoisent la version la plus malsaine du blues en s’appuyant sur une interprétation à faire fondre des cymbales trash, à dégorger des coquillages.



La cabane s'écroule sur les chiens de l’enfer.



L’album « Moanin’ » en est une parfaite illustration. La voix de vierge effarouchée de Margaret n’a pas son pareil pour faire monter la mayonnaise mais avec beaucoup de moutarde.
Et c’est parti pour un hommage intarissable pour cette musique et à tous ceux qui en ont écrit les lettres de noblesse.
Je pense au titre « Uptight », travaillé au corps, un uppercut version Hooker : c’est bon, c’est lourd et au final, ça nous pète à la figure.
Je sifflote « Somebody’s baby » qui reste un bon boogie de derrière les fagots, juste avant d’y mettre le feu.
Quant à « Commit a crime », c’est une véritable adaptation du titre de Howlin’Wolf, elles sortent le gros son comme d’autres sortent l’artillerie : le résultat reste le même, ça tombe comme à Gravelotte avec en point d’orgue (funèbre), une guitare en putréfaction.
« Moanin » est un bon disque, respectueux, n’en déplaise cette version de « Sun Sinkin Low » qui sort de la boue un musicien outrageusement oublié, Fred McDowell et rallume la chaudière du train mystérieux du blues.

Ramblinrose
8
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le 4 avr. 2016

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