Perfect Darkness
7.4
Perfect Darkness

Album de Fink (2011)

On compte les bons albums de Fink au nombre de leurs titres à la puissance émotionnelle telle qu’il serait masochiste de la part de quiconque de vouloir passer outre. Rappelez-vous d’ailleurs à quel point l’Anglais avait fait mouche en 2006 avec “Biscuits For Breakfast“, un premier album au cours duquel il dévoilait au grand jour son inspiration folk amassée pendant qu’il se faisait encore connaitre en tant que producteur electro. Encore aujourd’hui, “Pretty Little Thing” et “All Cried Out” restent deux morceaux fermement agrippés au dos de Fin Greenall, à tel point que cela fait maintenant cinq ans que celui-ci peine à les égaler. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir tenté le coup, successivement avec “Distance And Time” et “Sort Of Revolution“, deux opus fidèles à sa marque de fabrique, mais manquant définitivement d’assez de profondeur et d’émotion pour y parvenir. Il aura donc fallu attendre son quatrième album folk pour que Fink retrouve toute la grâce qui était la sienne au moment de ses premiers accords. En dix titres ou coule toute la sève de son talent, il étale ainsi tout son savoir et son expérience pour bâtir une pièce essentielle de sa discographie De premier abord, le songwritter n’a pourtant en rien révolutionné son approche: arrangements dub, intense mélancolie, mélodies ardentes, voix chaleureuse et rassurante font toujours la matière première de ce qu’on peut désormais sans mal appeler “l’effet Fink”, soit un folk des plus accessibles mains néanmoins incroyablement personnel. On ne vous cachera pas pour autant que ce “Perfect Darkness” souffre lui aussi de quelques longueurs, notamment dans la construction de son avancée. En effet, du fait qu’ils partagent tous, les uns après les autres, cette même base répétitive comme héritée du passé electro du bonhomme, “Honesty”, “Wheels” et “Warm Shadow”, malgré leurs mélodies et leurs variantes respectives, font du milieu de ce disque un passage un tantinet difficile à passer. Tous les trois ont en revanche le mérite de souligner plus encore la légèreté, l’habileté, et la finesse du reste de l’album, soit sept titres très généreux en grands moments d’émotion. Parmi eux, on trouve alors un incontestable tiercé gagnant (”Yesterday Was Hard On All Of Us”, “Save It For Somebody Else”, “Foot In The Door”) qui permet à Fink de faire de ce “Perfect Darkness” son nouveau “must have”, sa clé pour la cour des grands songwritters de notre temps, ceux qui savent vous caresser l’oreille pour vous faire sourire ou pleurer. Question de perception, mais c’est toujours pour laisser une trace indélébile. (mowno)


"Yesterday was hard on all of us", se lamente une chanson, majestueuse, de ce cinquième album. La fin du tunnel est proche pour ce génie régulièrement sous-estimé. Pénalisé sur ses premiers albums par une règle obsolète et absurde qui énonce qu’un DJ ne peut devenir songwriter, il lui aura ainsi fallu une dizaine d’années de nomadisme pour affiner, alléger un package où se pressent le folk, les soundtracks, l’electro et la soul. Réduits à leur plus simple expression, en une musique épurée et pourtant luxuriante dont toutes découleraient naturellement, ces langages s’emmêlent en un babillage joyeux, subtil, à la fois dansant et contemplatif. Car ne pas croire le titre de l’album Perfect Darkness : c’est en pleine lumière que se joue ce folk futuriste, d’une sensualité tellement pressante qu’il pourrait être interdit dans quelques pays bigots. Et cette fois-ci, on ne voit guère ce qui pourrait empêcher ces vastes et vibrants Honesty, Who Says ou Warm Shadow d’imposer à vaste échelle leur apaisement, leur béatitude, leur bien-être contagieux. Et de devenir la BO officielle de la France qui se reproduit. (inrocks)
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le 27 mars 2022

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