Les critiques sensationnalistes qui vous auraient affirmé qu'on plonge en plein hommage réussi (voire transcendant) du rock 80's auront eu raison de votre crédulité, si vous y avez cru, parce que ce n'est pas le cas. Ni comme cela qu'il faut s'engager dans l'écoute du disque, bel et bien parsemé de quelques belles références maîtrisées au genre qu'on lui prête par une Cyrus passionnée dans ses influences ou qu'elle les puise, mais ne caractérisant absolument pas son identité globale.
De fait je ne discerne pas très bien l'approche à adopter vis-à-vis de ce nouveau ''méfait'' de la « brune toujours à poil dans ses clips, t'as vu ? »
Ancienne égérie Disney que l'on aime tant détester...
Moi je m'y suis essayé il y a quelques années, sans succès. C'était vraiment pas ma came.
Et même à présent que j'affectionne la pop au moins autant que le jazz ou le hard rock, Hanna Montana comme Miley Cyrus m'indifférent passablement concernant une majorité de leur discographie. Tout ce qui touche la décennie incluant Bangerz en fait.
Car un jour il y a eu Backyard Sessions — plaisante compilation live non commercialisée de reprises exécutées sobrement — puis surtout & Her Dead Petz, qui sans m'avoir pleinement convaincu m'a fait ressentir un soudain intérêt pour la fausse blonde. L'artiste comme la personne d'ailleurs, moins vaine que je l'aurai imaginé, plus pertinente que je le pensai au départ.
Préjugé de merde !
Madame alors, évoquant ses animaux morts et autres joyeusetés névrosées, s'essayait à diverses expérimentations dans une auto-production plutôt sombre mais rafraîchissante sans l'aide ni l'accord de son label, offrant gratuitement à qui voudrait l'entendre sa longue récréation (d'une heure et demi) au résultat somme toute respectable.
Je crois d'ailleurs sincèrement qu'au-delà du strass, des paillettes et du côté provoc' de surface, cette femme a des choses à raconter, des motivations sociales inspirantes ainsi qu'un certain amour du travail bien fait. Exécuté avec coeur du moins.
Elle croit en ses chansons et ne les sort pas [uniquement] pour se faire de la thune.
En cela j'ose le dire, Miley Cyrus est une star tout à fait distinguée. Toujours à faire de ses jambes un objet de fantasme, certes, mais professionnellement méritante.
Malgré tout, j'aurai jamais pensé me tenir ici à vous recommander presque chaleureusement son septième opus, pourtant moitié moins long que Petz. Plus convenu aussi, traditionnel quoi. Mais entier s'entend, sans qu'il me faille vous arrêter spécifiquement sur un titre qui m'aurait fait concéder à du remplissage navrant quant au reste.
Car c'est le plus fou, aucune pièce de Plastic Hearts ne m'est apparue être en trop. L'équilibre est bon, l'agencement parfait.
Son texte bien balancé, WTF Do I Know claque d'entrée et règle des comptes avec hargne, Plastic Hearts enchaînant sans faute suivi d'une bien belle ballade avant Prisoner ; duo déroutant au départ car plus évident, il nous offre de beaux passages de sa voix éraillée à Miley, plus mature que d'ordinaire — et ce sur toute la galette, notez bien.
S'ensuivent un brillant trio qui ne vous lâche jamais ; Gimme What I Want et son ton lourd, Night Crawling assez représentatif lui d'un son d'antan qui fait du bien, comme Midnight Sky à vrai dire, qui clôturera la première moitié dite ''rythmée''. Pas fini d'entendre parler de ce tube radiophonique en revanche et ça va rapidement me gonfler je le sens. Dommage, c'est un beau morceau.
Parmi les cinq dernières chansons, toutes excellentes, si Bad Karma se démarquera par son ton lancinant, distordu et quelque peu érotique, les quatre restantes n'ont pas à rougir qualitativement. High et Hate Me (ma favorite) renouent même un peu avec le précédant album (Younger Now) et les racines country de papa Cyrus, la seconde accompagné d'une basse groovy et d'une voix au top, si c'est pas cool !
Rien n'est mauvais ni indigeste.
Vous y croyez vous ? Parce que moi-même j'ai du mal.
Pas que j'ai honte, du tout. La musique pop (facile) c'est cool, ça détend et j'adore ça.
Non, j'ai juste du mal par rapport à la concurrence popisante récente.
Pour dire, le dernier Gaga (dont je suis raide dingue pour le coup) quoique très sombre textuellement n'est qu'à moitié passable lui.
On vis vraiment une époque incompréhensible, lecteurs, quand Hanna Montana fait mieux que Stefani Germanotta.
En bref, si vous n'aviez d'emblée aucun intérêt ou quelque sympathie pour Miley...
Ben, qu'est-ce que vous foutez ici, déjà ?
Si vous ne l'appreciez que moyennement genre ''pas tout mais ça passe'' et à défaut de comprendre le fond de son personnage, peut-être ce nouveau cru parviendra à vous faire changer d'avis ne serait-ce qu'un peu, lui qui m'a conquis.
Si vous l'aimiez déjà par contre, je pense honnêtement que c'est son meilleur album derrière Dead Petz, qui me parle simplement plus. Subjectivement, donc.
Okay, quoique possédant un timbre plus torturé par instants et qui lui sied à merveille, Miley ne chante pas mieux. Même si je pense qu'elle se donne à fond et que ça vient des tripes, compte tenu de ses performances lives proches du studio.
Aussi les compositions (étudiées) sont toujours ultra linéaires et la musique reste basique MAIS le cocktail prend vachement bien. Tout ce bordel fonctionne.
Le rythme du chant ne lasse jamais, les quelques ambiances posés de ci, de là, font mouche, et il y a comme une vague impression que ça va quelque part. Qu'il y a une idée au départ du projet qui ne s'éloigne jamais jusqu'à la fin, remplissant son contrat sans se moquer de nous, ni mentir sur ses intentions...
Je n'en demande pas plus personnellement.
Et si vous n'êtes pas trop exigeants [avis aux détracteurs toujours scandalisés par le manque d'audace des sons modernes d'aujourd'hui], il n'y a vraiment rien de détestable dans ce Plastic Hearts.
Le temps risquant d'amoindrir son appréciation avec les années, il m'aura toutefois fait passer un agréable moment. Certainement le ressortirais-je à l'occasion, plus curieux qu'à l'accoutumée de découvrir ce que nous réserve Cyrus à l'avenir, sans doute insupportable (pour toi qui me lit) mais authentique en paroles et ne faisant fi d'aucune bien-pensance dans sa façon de vivre.
Peut-être parce qu'elle peut, qu'elle est riche, s'en fout et vous emmerde (j'extrapole ce point).
Ou peut-être le prétexte des ''autres'' comme quoi ils ne sont pas célèbres les rend simplement aigris, dénigrant de fait l'attitude de Miley ne se sentant pas redevable de leur bien-pensance à ses détracteurs.
Les gens font bien ce qu'ils veulent de mon point de vue, du moment que ce n'est pas hypocrite.
Pour chipoter - je reviens deux secondes sur Plastic Hearts - je dirai que la reprise live de Zombie, vraiment pas mauvaise, n'apporte rien ni à la chanson, ni au disque en soi.
Sinon que la performance est bonne, il n'y a pas d'audace, aucune valeur ajoutée... Et c'est dommage car elle aurait pu se la réapproprier, la réinterpréter savamment. C'eut été plus intelligent à mon sens, m'enfin bon.
Le groupe l'aura trouvé grave cool, c'est au moins ça.
À écouter plus qu'à regarder d'ailleurs, sinon vous decrocherez pas de ses jambes et pour ceux la considérant déjà comme une pétasse... Ben, ça gâchera l'appréciation quoi.