Essayez de glisser subrepticement ce disque sur la platine lors d'une soirée avec vos copains hardcore. Réactions assurées. "Quoi ? Les Beastie Boys, grands fans de Minor Threat devant l'éternel, auraient réussi à capturer Fugazi dans les filets de Grand Royal", s'étrangleront-ils, entre deux gorgées de lait de soja. Il est vrai qu'At The Drive-In ne pouvait jusque-là cacher une telle ascendance sur sa musique, comme beaucoup de groupes américains d'emocore, mais l'analogie des sonorités est flagrante sur ce troisième album. Les guitares grincent, hurlent et giclent mélodieusement. Quant aux vociférations du chanteur, notamment sur One Armed Scissor ou Mannequin Republic, elles rappellent furieusement celle de Ian McKaye. Mais At The Drive-In n'est pas qu'un clone (très) réussi de Fugazi. Le groupe possède ses propres marques, une vision personnelle d'une pop douce-amère, d'un punk et d'un hardcore énergique, simple mais jamais simplet, qui permettent un accès immédiat à chacune des titres de Relationship Of Command. Aux yeux des puristes, l'ensemble paraît même un poil trop lisse, trop poli, presque parfait pour être honnête (le producteur, Ross Robinson , qui fit ses armes avec Korn, y est sans doute pour quelque chose), mais impossible de ne pas ciller devant la puissance de Patter Against User ou de rester indifférent à la mélodie planante de Invalidity Litter Dept. At The Drive-In n'utilise certes pas toujours ses propres armes, mais il sait s'en servir à merveille et frapper juste à chacun de ses coups.