Seasons in the Abyss
7.8
Seasons in the Abyss

Album de Slayer (1990)

Si 1986 est une année qualifiée de légendaire pour le thrash (sorties de Master of Puppets, album le surcoté de tous les temps, Reign in Blood, Peace Sells, Pleasure to Kill, Doomsday for the Deceiver...), l'année 1990 pour moi la surpasse en matière de qualité, parce que Rust in Peace et Seasons in the Abyss surpassent allègrement tout ce beau monde. Ajoutons à cela l'ineffable Painkiller, si l'on souhaite s'éloigner un peu du thrash, et 1990 l'emporte alors haut la main.


Si Rust in Peace brille par sa technicité et sa pureté, Seasons in the Abyss brille par sa fureur tout en maîtrise et ses compositions hypnotiques. L'album peut très bien tourner pendant cent ans, aucune écoute ne sera lassante, parce qu'il regorge de titres exceptionnels qui dégagent un sentiment d'énergie infinie.


Comme pour Painkiller, Saesons in the Abyss donne l'impression d'avoir affaire à un monstre, une créature démoniaque qui a su surpasser sa brutalité innée et qui est capable d'user de raison. On écoute War Ensemble et on est frappé par la force sanguinaire de la bête, puis vient Blood Red est on est subjugués par son charisme animal. La première nous surpasse en férocité, et l'autre nous surpasse en intelligence. On est à la merci du maître-démon.


Les riffs sont tranchants, même les rudimentaires Skeletons of Society ou Expandable Youth parviennent à nous lacérer le cœur et prendre totale possession de notre esprit, l'ennui ne peut s'y installer, il finirait lacéré. Dead Skin Mask a un refrain inoubliable, et on se surprend à le chanter en chœur d'une manière un peu guillerette, alors que le sujet est abominable. Seasons in the Abyss, le morceau, est une synthèse de tout ce que Slayer fait de mieux. Le bréviaire du monstre, ses Mémoires condensées et six minutes d'apothéose ininterrompue.


Tom Araya a un chant maîtrisé, les hurlements son bien plus rares, et les solos, qui pouvaient faire office de bouillie sonore dans les précédents albums, sont ici magistraux. Hanneman qui répond à King dans Blood Red, c'est gargantuesque.


Le bon vieux Dave Lombardo, qui banalise l'exceptionnel, se hisse au niveau de ses collègues. Capable d'osciller avec aisance entre l'Apocalypse dionysiaque et les cariatides apolloniennes, il éclabousse de son talent tous les morceaux de l'album, sans même paraître forcer son talent.


Les louanges s'arrêteront là, il n'y a rien de plus à dire. Slayer a atteint le sommet de son art. À écouter n'importe quand et autant de fois que possible.

Ubuesque_jarapaf
10

Créée

le 6 févr. 2023

Critique lue 17 fois

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