Substance 1987
8.1
Substance 1987

Compilation de New Order (1987)

On ne s’en rend pas forcément compte aujourd’hui, mais New Order possède une aura énorme surtout dans son pays d’origine. Ils n’ont jamais eu autant de succès que Depeche Mode chez nous (et si je me trompe, les vieux qui ont connu l’époque me corrigeront !) mais c’est parce qu’ils n’étaient pas universels comme ces derniers. Beaucoup moins assurés, ils ne venaient pas de Basildon mais de Manchester. La parfaite ville des prolos de l’Angleterre (mais qui a concentré tellement de bons groupes que c’est à se demander si un sorcier n’avait pas jeté un sort dessus !).


Bernie et ses copains ont longtemps été la locomotive commerciale du label Factory (ce qui lui a permis de signer n’importe qui et de conserver son indépendance), ils étaient donc un peu à l’image de cet organisme qui les hébergeait : froid, arty et pourtant bouillonnant derrière cette image un peu intellectuelle (c’est quand même le label qui a refusé de signer les Smiths parce qu’ils étaient trop normaux selon eux !).
C’est bien pour cette raison que cette compilation est absolument incontournable. Elle fut le principal cheminement (avec leur album Get Ready) vers mon profond attachement envers ce groupe aujourd’hui.


Oui, il s’agit bien d’un best of mais avec un argument de taille : les singles n’étaient pas inclus dans leurs albums studio à l’exception de trois chansons (et encore, elles sont transfigurées dans des versions réarrangées voire allongées pour l’occasion).


Oui, il contient bien l’épique « Blue Monday » aka le maxi le plus vendu de tous les temps. Mais on s’en fout de ces considérations historiques ennuyeuses. Ce titre est incroyable pour son ambiance futuriste, froide et pourtant dansante car inspiré de l’italo disco. De toute manière, chanter comme un goth sur de la techno avec en prime la basse reconnaissable de Peter Hook est une idée de génie.


Je ne vais pas m’abaisser à passer en revue tous les morceaux un par un, cela ne serait qu’une perte de temps sachant que tous les titres sont indispensables. L’autre avantage de cette compilation étant qu’elle est chronologique et permet de mieux se rendre compte de l’évolution de la bande (ainsi que de la place centrale que va prendre la basse de Hook). Des premiers pas post-punk, on passe à une new wave festive pour finir sur une dance élégiaque qui inspira des grands artisans de l’électro tel qu’Underworld (c’est particulièrement éloquent sur l’intemporel « True Faith »). Mettre de la mélancolie et de l’humanité dans une musique synthétique et rythmée sans que cela sonne forcé ou idiot étant un grand tour de force, quoiqu’on en dise.


Substance n’évoque pas seulement les changements dans le son des Mancuniens, mais également la mutation profonde qui surviendra dans la musique des années 1980. Celle de l’après punk se fondant de plus en plus dans une synthpop en vogue et qui va se populariser dans les boites de nuit. La formation ayant su justement saisir les modifications de la musique électronique grâce à ses nombreux voyages sur la côte Ouest des États Unis et ainsi faire connaissance avec la house.


Que l’on aime ou non Substance, il s’agit bien d’une sortie historique car rendant compte du son d’une époque (et qui ne paraitra peut-être pas aussi kitsch aux oreilles des plus jeunes car les années 1980 sont revenues en force depuis quelques années dans le paysage musical actuel). Une transition notable entre le rock et l’électro qui allait mener les indie kids sur les pistes de dance et pousser la révolution acid house à se mettre en marche.


Mais je brûle les étapes un peu vite. Une étape qui s’appelle Technique.


Chronique consultable sur Forces Parallèles.

Seijitsu
9
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le 29 août 2015

Critique lue 552 fois

3 j'aime

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