Sung Tongs par bisca

Quatrième album de l'admirable duo américain Animal Collective, Sung Tongs est une merveille de folk électronique bancal, le genre de disque audacieux dont on ne sait se passer pour peu que l'on fasse l'effort d'y entrer. Terrée dans son minuscule home-studio de Brooklyn, la paire Avey Tare-Panda Bear a en effet enregistré quelquesunes des chansons les plus belles et étonnantes entendues cette année. Grattant sa guitare acoustique comme un Syd Barrett sous hypnose, l'animal à  deux voix témoigne également çà  et là  d'une affection particulière pour, excusez le désordre, Gilberto Gil, The Beach Boys, Moe Tucker, Tortoise, Simon & Garfunkel ou Holy Modal Rounders. Manière de dire qu'on ne s'ennuie jamais sur Sung Tongs, ces influences éclectiques s'ébrouent en totale harmonie, manifestement ravies d'agrémenter pareil cocktail. Comme ses voisins de label Màºm, Animal Collective manie également l'électronique avec une élégance rare et sans aucune faute de goût... Leaf Houseet Who Could Win A Rabbit, qui ouvrent les hostilités, remonteraient le moral à  Nick Drake et Ian Curtis réunis, alors que Kids On Holidayet ses deux accords martelés jusqu'à  plus soif ont tout pour réconcilier Will Oldham et Krishna. Mais si l'on s'amuse beaucoup avec la musique féline de Animal Collective, on sait aussi s'émouvoir, comme en témoigne le poignant The Softest Voice. Plus qu'un simple disque, Sung Tongsest une oeuvre d'art majeure du milieu de siècle que nous traversons, et sûrement l'une de ses bandes-son les plus originales. (Magic)

Sur son nouvel album, Sung Tongs, Animal Collective crée un hybride singulier, qui ne ressemble à rien d'autre entendu ces dernières années : un mélange nacré entre les chansons ensoleillées des Beach Boys, le folk psychédélique, la techno décapante et le jazz modal. "Nous ne savons pas comment parler de notre musique. L'une des manières les plus drôles est de dire qu'il s'agit de soul, comme la musique de Marvin Gaye." Plus précisément, la musique d'Animal Collective rappelle celle du Incredible String Band, ce groupe anglais qui, dans les années 60 et 70, mélangeait folk et musique cosmique inspirée par les traditions de la musique indienne et le psychédélisme brut de l'époque.

Entre la musique de Devendra Banhart (Rejoicing In The Hands) et celle d'Animal Collective, le folk contemporain se trouve ainsi régénéré de manière inattendue. Les histoires hallucinées psalmodiées par le premier font écho aux constructions toujours mouvantes des seconds. Dans les disques des uns et des autres, on se love dans de la dentelle sonore, on s'abandonne dans des écrins de velours hallucinatoire. Ces artistes-là ne font plus du folk en songeant à Bob Dylan, mais en empruntant les procédés créatifs de la techno ou les drones de My Bloody Valentine. Ils défroquent le folk en songeant à des apocalypses futures et donnent envie de s'emparer de vieilles guitares en bois désormais redevenues de cinglants totems musicaux. (Inrocks)

Le duo formé par Avey Tare et Panda Bear (auquel vient s’ajouter parfois Geologist et Deaken) vient t’il de sortir ce qu’il convient d’appeler la pierre angulaire de leur jeune carrière? Ce quatrième album y ressemble fortement en tout cas. Le groupe jouissait déjà d’une belle réputation notamment grâce à l’album précédent, « Here Comes The Indian », et avec ce « Sung Tongs » Animal Collective est en train de passer un palier supplémentaire. Dès le départ on sent que l’on est en train d’écouter un disque hors norme où le conventionnel n’a que peu de place ici. Exit tout ce qui peut s’approcher de près ou de loin à ce qui peut ressembler à un instrument électrique. Animal Collective semble tout ou presque sur une instrumentation pour le moins acoustique. Bien sur il existe quelques exceptions mais elles sont tellement minimes qu’on y prête guère attention. Le groupe s’est plongé dans une longue introspection dans une sorte de pop-folk psychédélique qui n’aurait certainement pas dépareillé dans les années 70. Les américains avouent facilement être influencé par des groupes comme Can, Amon Düül ou Harvester mais on ne peut s’empêcher de penser qu’Animal Collective n’est pas si loin des premiers albums des Boo Radleys ou du premier disque de ce groupe presque oublié que fut The Mabuses. « Sung Tongs » est ce type de disque très évocateur et révélateur d’un certain état d’esprit. Un état d’esprit qui place une vision musicale particulière jusqu’à son paroxysme. Nous avons donc bien affaire à un disque totalement solaire, qui suspend le temps et qui vous enivre jusqu’à vous en faire perdre la tête « Sung Tongs » est justement le genre d’album que l’on a envie de chérir parce que l’on sait qu’il ne prendra jamais une ride. Faites l’essai par exemple avec ceux des Boo Radleys, enfin les trois premiers, et vous constaterez qu’Animal Collective est bien ce genre de groupe iconoclaste, presque inclassable, jamais très loin de la folie et qu’il est résolument intemporel. Dans quelques années on écoutera peut être ce disque en ayant à l’esprit un peu plus l’idée d’avoir entre les mains qu’une simple curiosité. Animal Collective est un peu plus que cela.(liability)