The 2nd Law
5.2
The 2nd Law

Album de Muse (2012)

Le Grand 8 de Muse : déroutant mais fascinant

Inspiré et influencé, Muse l’a toujours été. Depuis 1999 et son premier album « Showbiz », le groupe britannique a su composer avec un héritage musical complexe et éclectique qui allait du XIXe siècle avec Chopin et Rachmaninov jusqu’au XXe siècle avec Queen pour ne citer que la référence la plus proclamée par le leader, chanteur, guitariste et pianiste Matthew Bellamy.

Leur sixième opus, « The 2nd Law », ne déroge pas à cette règle puisque Muse va même s’inspirer des plus récentes évolutions de la musique électronique avec Skrillex, jeune DJ américain de 24 ans sur lequel le batteur Dominic Howard ne tarit pas d’éloges. Les trois membres du groupe sont de formidables musiciens qui ont su se dégager de tant de références prestigieuses pour imposer leur style avec réussite. Depuis 13 ans et 6 albums studio, Muse a su devenir le groupe phare des années 2000, l’un des rares au monde à pouvoir remplir le Stade de France ou de Wembley en quelques minutes sur Internet.

Ce qui marque « The 2nd Law », c’est sans conteste sa très grande diversité. Si « The Resistance » n’avait déjà pas l’unité des précédents albums, il était tout de même celui de la grandiloquence où Matthew Bellamy laissait exploser tout son potentiel de compositeur classique dans la superbe trilogie qui concluait l’album : « Exogenesis ». Là, il est plus difficile de trouver une colonne vertébrale à l’ensemble tant l’album part dans tous les sens, du rock à l’électro, du classique au funk. Pourtant, difficile de ne pas prendre son pied musical.

« Supremacy » ouvre l’album avec toute l’exagération qui va si bien au groupe : riff brutal de guitare, violons agressifs, voix délirante qui renvoie à la folie d’ « Origin of Symmetry ». Hollywoodien dans la mélodie, un Hans Zimmer, un John Williams ou un Ennio Morricone n’en aurait pas renié la paternité. Autant le dire de suite, on a là un des sommets de l’album. On poursouit avec « Madness », titre qui rappelle « Supermassive Black Hole » et marque le premier rapprochement de l’album avec l’électro. Un peu tendre dans sa première moitié, le morceau s’envole après quelques minutes pour conclure avec un final remarquable.

« Panic Station » apparaît comme l’un des titres les plus novateurs pour Muse qui fait rencontrer Prince et Keziah Jones pour un morceau funky au possible. Le rythme entraînant finira par annihiler toute critique négative. « Survival » et son « Prelude » sont sans doute les titres les plus taillés pour les représentations en stade. La mécanique du titre est bien huilée mais un peu facile d’autant plus que les paroles sont quelque peu niaises. C’est un bon titre mais trop faible musicalement pour Muse.

« Follow Me » est une indéniable réussite de l’album où les nappes électro viennent ennivrer progressivement le morceau. Cette balade électro-pop dédiée à son fils (on y entend les battements de son cœur) a son effet garanti. « Animals », rock suave aux riffs discrets, tente d’énergiser son propos progressivement mais le morceau ne décolle jamais vraiment. Prenant mais loin d’être un chef d’œuvre.

« Explorers » est sans conteste la ballade de l’album qui rappelle « Blackout ». Reprenant note pour note une boucle mélodique d’ « Invincible » (Muse invente l’autoplagiat), le morceau finit par prendre aux tripes après quelques écoutes. Quant à « Big Freeze », Muse fait du pur Muse avec quelques inspirations tout de même de U2. On reconnaîtra des envolées lyriques semblables à Bono à la fin du morceau.

On en vient aux deux morceaux composés par le bassiste Chris Wolstenholme : « Save Me » et « Liquid State ». Le premier, pop, et le second, plus hardcore, sont relatifs aux problèmes d’alcoolisme de Chris. Autant le dire de suite, ces deux morceaux m’ont laissé plus que perplexe. Les mélodies sont grossières, la voix n’est pas désagréable mais n’est pas Matthew Bellamy qui veut.

L’album se conclut par le dyptique « The 2nd Law : Unsustainable et Isolated System ». Le premier morceau inspiré par les compositions les plus récentes de Hans Zimmer (Batman ou Inception) propose un « dubstep naturel » avec de « vrais » instruments. Le second morceau, inspiré de Clint Mansell, de Claude Debussy ou de Mike Oldfield, propose une ballade au piano secondée par des violons, sans chant. Avec « Supremacy », ce dyptique est le sommet de l’album.

Certes très diversifié, ce qui fait prendre à l’album une allure quelque peu incohérente, le nouvel opus de Muse n’en demeure pas moins fascinant et très bon. Le groupe britannique nous offre encore quelques belles pépites musicales, n’en déplaise aux bobos parisianistes pour qui descendre chaque nouvelle sortie de Muse est devenu un hobbie permanent.
potaille
8
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le 1 oct. 2012

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potaille

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