Et oui !
Précisons pour commencer que j'ai toujours trouvé la discographie de Muse très équilibrée, que je ne fais pas partie des fans du vieux temps pour qui la carrière du groupe s'arrête à Hullabaloo, que mon petit préféré serait peut être Black Holes & Revalations et que j'ai aimé The Resistance. Voilà donc d'entrée je suis un peu un hérétique.
J'étais assez sceptique avant d'écouter l'album, ayant déjà eu quelques mauvais échos, et n'ayant pas spécialement accroché à Madness lors de premières écoutes distraites, ni à Survival que j'avais juste parcourue en diagonale pour ne pas me lasser avant la sortie de l'album.
Et dans un premier temps, mes doutes ont été complètement balayés, dés l'entame du riff massif de Supremacy qui est sans doute pour moi un des meilleurs openers de leur disco. C'est puissant, groovy, un peu grandiloquent, hyper bien produit, du bon Muse quoi !
Madness me laisse une impression un peu étrange, c'est vrai qu'elle a un côté facile et niais plutôt déroutant, mais au final le morceau est assez intéressant et a une très jolie progression qui aboutit sur une fin de morceau très sympa, au bout du compte je dirais que c'est un single agréable qui fonctionne bien dans la lignée de ceux des précédents albums.
Puis vient la grosse baffe Panic Station totalement surprenante, c'est vrai que Muse s'aventure sur un terrain où on ne les attendait pas, mais force est de constater que ça donne un morceau hyper groovy, avec un son monstrueux (la batterie à l'envers m'explose la tête à chaque fois ahah), une pêche d'enfer, entêtant, le meilleur titre de l'album et un futur classique à mon avis. Je suis étonné d'ailleurs que le simple fait que Muse s'essaie à un style qui n'est pas forcément le sien habituellement dérange tellement, la prochaine fois ils peuvent jouer du metal celtique ou de la country si ça leur chantent et que ça aboutit à un morceau aussi emballant !
Survival surf également sur cette très bonne dynamique du début de l'album et s'avère être un titre barré décapant, un peu une sorte de cousin de Supremacy, avec encore du gros riff, de la grosse orchestration, le côté Queenesque en plus qui me fait marrer perso.
Follow Me est une autre bonne surprise avec son côté power ballad electro pop, assez niaiseux comme sait souvent le faire Muse, mais on se laisse porter et encore une fois la prod fait grosse impression, j'aime beaucoup cette explosion electro kitchounette avec side chain de compression, reverb de caisse claire interminable et l'effet de ralenti bien fun.
A partir de là par contre je trouve que l'album perd progressivement en intensité. Animals est un titre très sympa bien qu'un poil montone, plus organique et plutôt original pour du Muse avec un joli thème et des parties de guitare bien cool dans un style auquel Bellamy ne s'essaie pas souvent.
La tension descend vraiment avec Explorers, qui est jolie mais banale. Big Freeze séduit avec son côté totalement U2esque et est un morceau très appréciable en soi, mais prolonge une assez longue suite de morceaux plutôt mid-tempo alors qu'on a encore en tête ce départ explosif avec Supremacy, Panic Station et Survival.
Et ça n'ira pas en s'arrangeant avec les deux morceaux de Chris, qui ne sont pas mauvais mais où le bonhomme ne convainc pas vraiment en tant que lead vocalist. J'aurais été curieux d'entendre ces morceaux chantés par Matt Bellamy, en particulier Liquid State qui est le morceau censé enfin faire remonter la tension mais que la voix de Chris n'arrive pas à porter.
Unsustainable vient enfin casser la montonie de cette deuxième moitié d'album avec une grandiloquence délirante et la partie Brostep qui a fait grincer tellement de dents, mais que je trouve hyper fun et pas incohérente pour le groupe, elle est d'ailleurs jouée avec les instruments habituels et l'éternelle Whammy de Bellamy qui rappelle qu'on est bien en train d'écouter du Muse. Isolated System vient conclure l'album d'une manière qui me laisse perplexe, encore une fois je me répète, on a affaire à un joli morceau mais qui me semble pas passer formidablement bien dans le flow de l'album.
Voilà donc le souci majeur de The 2nd Law pour moi, individuellement on a une poignée de morceaux excellents, une poignée de morceaux moyens, et une majorité de bons morceaux, mais qui sont agencés de telle sorte que l'album souffre d'un rythme déséquilibré, avec un départ en trombe qui ralentit petit à petit et ne repart pas vraiment pour le final. L'album apporte quand même un lot appréciable de petites nouveautés, quelques futurs classiques, avec une production toujours impeccable et à mes yeux loin de la honte que je vois décriée à tous les coins.
Un solide 7/10 qui pourrait même glisser à 8 avec le temps si l'album se bonifie, et une galette qui ne casse pas pour moi l'équilibre discographique du groupe.