Pas toujours évident, en ces temps de surconsommation de séduisants disques pop vite écoutés, vite délaissés, de s'attarder sur des enregistrements plus exigeants. On ne rentre pas instantanément dans les plages étirées, lancinantes, tout à la fois rentre-dedans et planantes des Canadiens des Besnard Lakes. Oui, encore un groupe de Montréal, capitale mondiale officieuse du rock innovant. Du moins si l'on accepte le principe que dans cette sphère musicale innover consiste surtout à réassembler autrement des styles déjà existants. Besnard Lakes est avant tout un projet de producteur : en l'occurrence, Jace Lasek, façonneur de l'album confidentiel mais culte de Wolf Parade. Avec sa femme Olga Goreas, il a écrit et arrangé une oeuvre foisonnante, envoûtante. Mieux, à deux, ils ont joué de presque tous les instruments. Comment, à si peu, sont-ils arrivés à concocter une musique aussi pleine, dense, énorme ? En conviant quelques musiciens de groupes amis, comme The Dears, Stars ou Godbless (aux cuivres, aux violons...), à venir étoffer leur palette et, plus encore, en possédant, au départ, une véritable vision. Lasek et Goreas tissent un paysage sonore kaléidoscopique dans lequel les voix et les mélodies célestes des Beach Boys, le précieux mur du son de My Bloody Valentine et le sens de l'espace du Pink Floyd se télescopent harmonieusement. Opaque en apparence, la suite de chansons de The Dark Horse ménage en réalité une succession de divines éclaircies. Tandis qu'une solide vague de groupes américains aussi bruyants qu'hypnotisants, Comets on Fire en tête, définissent les contours d'un post-grunge néopsychédélique enthousiasmant, les Besnard Lakes s'extirpent du lot par la subtilité de leur boucan des plus élaborés. (Hugo Cassavetti)


 Le lac Besnard se situe au nord du Saskatchewan, l'Etat dont je suis originaire. C'est un lieu difficile d'accès et inhabité où je passe une semaine chaque année. On peut boire l'eau dans la nature, c'est l'un des derniers endroits qu'on croit être le seul à connaître », raconte Jace Lasek, le cerveau du groupe qu'il a gratifié du nom de son petit paradis. The Besnard Lakes Are the Dark Horse fait un peu le même effet : un disque rare que l'on peut découvrir et redécouvrir en se disant qu'on est le seul à pouvoir s'en émerveiller. Avec leur deuxième album, les Canadiens ont franchi une étape cruciale dans leur quête de la pureté pop absolue, assouvissant leur fantasme monumental de marier des harmonies vocales célestes, des mélodies au classicisme bouleversant à une étrangeté issue de l'école du post-rock. 

Après un premier album, Volume I, le moral dans les chaussettes par son shoegazing de facture plutôt classique, ce deuxième place la barre dans les nuages grâce à une recette qu'il sera difficile de réutiliser, malgré l'apparente facilité avec laquelle Jace et Olga sont parvenus à leurs fins. Sur le titre le plus impressionnant, Devastation, une messe païenne célèbre les noces à trois entre les Beatles, My Bloody Valentine et Mazzy Star. Sur Disaster, le chant de Jace Lasek cherche à dépasser les sommets d'où sont tombés les Bee Gees après leurs débuts. Sur For Agent 13, c'est comme si les voix des Mamas & Papas s'écharpaient sur la musique de Mogwai. La lutte continue jusqu'à la réconciliation au milieu des sept minutes de l'épique And You Lied to Me, pièce progressive traversée d'un héroïque solo de guitare, pour reprendre dans Because Tonight, complainte où les cordes vocales d'Olga se déchirent en arrière-plan du refrain. Chaque titre déploie des trésors d'ambition, flirtant avec un post-psychédélisme époustouflant, que le groupe a emballé d'une pochette représentant un cheval en feu. Une pureté dans ses fondements comme dans le résultat qui donne envie d'aller passer la fin de ses jours dans leur maison près du lac.(Inrocks)


Voilà d’ombrageux Canadiens décidés à s’emparer de l’encyclopédie pop avec la même ferveur qu’ils empoignent leurs guitares au cours de longues embardées et les posent parfois pour révéler une orfèvrerie pas toujours tributaire, hélas, de l’inspiration éclatante dont le Mercury Rev des meilleurs jours a pu se prévaloir. Près de la chorale The Arcade Fire et des Danois emphatiques de Mew, leur lyrisme éploré invoque une sensibilité pour emokids qui n’est pas le meilleur service à rendre à des compositions où rien pourtant ne manque, de la spatialisation du son à une grosse réverbération façon Mazzy Star. La noirceur des thèmes souffre assurément d’une tendance à l’éplorement, écueil auquel il sera un peu pardonné tant il est répandu chez les plus créatives des formations actuelles. (Magic)
Cela se passe à Montréal, Canada, pays où Arcade Fire, The Dears, Godspeed You Black Emperor et consorts s’amusent à défier les lois de la gravité universelle. Ça aurait pu tout aussi bien se passer sur la lune ou sur Mars. Loin du monde des hommes en tout cas. Une country spatiale. Rencontre rock psychédélique du troisième type. Voilà dans quelle sphère se situe The Besnard Lakes, groupe qu’on imagine exempt d’image et de personnel immuable sur son premier album “Are The Dark Horse”. Groupe sombre et prophétisant la mort, le meurtre et l’apocalypse plus d’une fois. Pas pour rien qu’on entend chanté ici sur un mode naïf évoquant les Beach Boys de “Surf’s Up” des phrases aussi glaçantes que : “Le désastre est dans leur tête... S’ils peuvent te faire basculer de leur côté !” Plus loin, dans cette comptine ouatée à la Julee Cruise qu’est “Because Tonight”, c’est un tout aussi encourageant “Parce que ce soir, quand chacun sera rentré chez soi, tu saisiras le couteau pour satisfaire tes besoins les plus sombres...”. Le David Lynch de “Lost Highway” et “Twin Peaks” adorerait. The Besnard Lakes est un groupe ami, surtout. Ceci avant toute chose car la formation emmenée par le couple Olga Goreas (voix cotonneuse et narcotique à la Hope Sandoval de Mazzy Star) et Jace Lasek (qui a dû beaucoup voyager dans sa tête avec ses disques de Pink Floyd) a sorti un grand disque. Un vrai. Un album empruntant la forme du shoot de morphine pour traverser un paysage urbain et du trip contemplatif et écolo à contempler béatement les grandes plaines désertiques. Les huit longs titres formant l’ossature de “Are The Dark Horse” recyclent une certaine tradition sonique déjà bien balisée. Les marottes rock des Besnard Lakes sont identifiables. Les guitares pleines de distorsions et de larmes de Neil Young et de son Crazy Horse. Les chœurs angéliques des Beach Boys (l’immense “Disaster”) qui précèdent une déchirure de violons aux allures psychokiller. L’hypnotisme drogué jusqu’à la dernière veine de Spacemen 3 et du Velvet Underground période “Sister Ray” (“Devastation”). La neurasthénie d’une certaine école de la néo-country américaine (“For Agent 13”). Le shoegazzing de Ride et My Bloody Valentine également. Pourtant, il existe une différence notable avec le tout venant des sorties discographiques auxquelles on est chaque mois confronté : ces chansons exposent un petit catalogue des névroses humaines mais avec un langage extraterrestre. Comme avant lui Mercury Rev, les oubliés Labradford ou, plus récemment, The Warlocks, le disque des Besnard Lakes flotte en apesanteur entre noisy, psychédélisme et folk de bastringue. Trop bizarre, trop désuet, trop érudit ou trop engourdi pour qui aime un rock simple, mais foncièrement honnête dans sa quête de l’électricité comme unique sensation primitive. Un pied sur terre et l’œil fixé au télescope. Le jour où on enverra une navette à la découverte de galaxies non référencées, “Are The Dark Horse” servira d’idéal compagnon de voyage (Rock n folk)
La nouvelle coqueluche de la trépidante scène montréalaise se nomme The Besnard Lakes. Pourtant Jace Lasek (connu surtout pour avoir produit pas mal de groupes de Montréal comme les Wolf Parade) et Olga Goreas ne sont pas des petits jeunes de vingt ans qui suivraient le chemin de leurs glorieux aînés. De la même génération que les Stars ou les Dears, The Besnard Lakes ont pris leur temps pour percer. Après avoir composé un premier album bruitiste expérimental (aux dires de Lasek lui même, peu accessible et pas très intéressant) les Canadiens parviennent sur ce deuxième opus à l'alliance parfaite entre mélodies pop immédiatement attachantes et constructions plus complexes héritées du mouvement post-rock. Terme au final assez réducteur, car les Besnard Lakes, c'est un peu "post-tout", combinant aisément le shoegazing, le rock alternatif avec des choeurs pop beach boyesques.Même si le combo repose sur le couple Lasek/Goreas, les autres membres ont chacun contribué à l'écriture des compositions. Par contre, c'est en tant que simples exécutants que les invités de renom (Seligman des Stars, Donoso des Dears) ont participé à cet album.

Pour faire connaître leur album, les Besnard Lakes ont décidé de s'appuyer sur le grandiloquent "Devastation", une sorte de grande messe rock abrasive pas toujours très subtile mais terriblement efficace. L'auditeur exigeant préfèrera le wilsonien "Disaster" avec ce chant haut perché qui nous plonge docilement dans une ambiance légèrement psyché. Une atmosphère qui va e déliter jusqu'aux deux derniers titres qui feraient plutôt penser aux ballades rock 60's revisitées des Viva Voce.
On regrettera quand même l'absence d'inspiration ou de génie sur deux, trois morceaux qui laisse un peu l'auditeur sur sa faim, écartant ainsi "The Besnard Lakes Are the Dark Horse" des potentiels grands disques de 2007. (Popnews)


Derrière ce nom et cette iconographie légèrement métal se cache une nouvelle formation canadienne. Une de plus diront les mauvaises langues... Eh bien, oui, une de plus. Une de plus à défendre l’étendard de pop lyrique hissé au pays des caribous. Les ressemblances vont bon train : une formation multi instrumentiste (jusqu’à 14 musiciens) menés par un couple leader, un premier album inaperçu, un second album encensé par la presse, … Mais, ce n’est pas tout : cette petite bande de Montréal a collaboré avec Godspeed You ! Black Emperor, Stars ou encore Arcade Fire (se partageant les services de Sophie Trudeau)…The Besnard Lakes partagent avec leurs pairs un talent pour la pop orchestrale et la passion des arrangements alambiquées. Des mélodies froides, des textes plombants, un chant glacial rappelant Sigùr Ros, des instrumentations hachées pendues à un violon ou à un glockenspiel, des envolées planantes trop contenues, The Besnard Lakes évoluent dans un univers aussi sombre que complexe, bourré de chansons fleuves dont on n’arrive pas toujours à saisir le fil.

Quand on sait que Jace est ingénieur du son, on comprend mieux cette écriture à tiroirs et ces instrumentations entremêlées, comme sur And You Lied To Me qui ne cesse de mourir et de ressusciter. Disaster, Devastation, Cedric's War : "The Besnard Lakes are Dark Horse" n'est pas à laisser sur la platine d'un dépressif. Entre pop orchestrale et cold wave, cet album révèle une sensibilité impressionnante et apporte un signe de plus du génie créatif qui bouillonne Outre-Atlantique. (indiepoprock)


ous l’étiquette Jagjaguwar (Black Mountain, Okkervil River), une formation de Montréal produit une folk chimérique aux mélodies pop étincelantes. Une très belle découverte. Ce n’est un secret pour personne ici, depuis que la comète Arcade Fire a fait son entrée fracassante dans la galaxie indie rock, la cote de la scène musicale Canadienne connaît une sérieuse inflation. En dépit des distances gigantesques qui séparent Montréal, Toronto et surtout Vancouver, cette scène reste incroyablement soudée et s’importe à travers le globe avec le succès que l’on sait. Au sein de cette communauté, l’émulation artistique semble s’entretenir via un trafic incessant de collaborations tous azimuts. Certaines formations se démultiplient entre elles comme du petit pain : on garde en tête les diverses plateformes soniques de Spencer Krug (Wolf Parade, Sunset Rubdown, Swan Lake) en passant par les collectifs pionniers du label Constellation, Molasses, ou encore les agents de liaison Broken Social Scene. Et ce n’est pas The Besnard Lakes, dernière petite merveille en provenance de Montréal, qui contredira la mouvance.Le couple Jace Lasek et Olga Goreas, coeur des The Besnard Lakes, n’est pas totalement inconnu des RG de la cause rock canadienne. Outre un premier album sorti en 2004, Jace Lasek est un ingénieur du son dont le nom se retrouve sur les crédits des albums de Wolf Parade, Islands, Sunset Rubdown ou encore Stars. Autant dire que son carnet d’adresses vaut de l’or. Et dans une petite ville comme Montréal, The Besnard Lakes n’a qu’à traverser la rue et se pointer dans le pub situé juste en face du studio d’enregistrement pour trouver de la main d’oeuvre à très bon marché. Voyez un peu la pointeuse de présence des sessions studios : George Donoso III (The Dears), Chris Seligman (Stars), Sophie Trudeau (Godspeed/Silver Mt. Zion, Arcade Fire…) et Jonathan Cummins (Bionic/Doughboys) viennent compléter cette formation. Si le premier essai de Besnard Lakes avait été enregistré uniquement par Jace Lasek et Olga Goreas, Are The Dark Horse jouit de moyens nettement plus conséquents grâce désormais à l’apport d’une vraie entité de groupe. Celle-ci compte en son sein Steve Raegele (guitare), Nicole Lizée (cordes) et Kevin Laing (batteur). De plus, les sessions d’enregistrement se sont déroulées au Breakglass Studio où Jace Lasek, cotenancier des lieux, connaît comme sa poche le moindre curseur de la console de mixage. Et cela s’entend sur cette pop/folk onirique bercée d’arrangements de cordes chevaleresques : les compositions sont imbibées d’une réverbe, tellement ample et surnaturelle, qu’elle régule nos pulsations émotionnelles.Porté par cette production spatiale, “For Agent 13” atteint des hauteurs mélodiques olympiennes, non sans évoquer le Yes seventies, période Close The Edge. Amputé des démonstrations techniques ampoulées inhérentes au rock progessif, le chant de Jace Lasek devient frondeur, grimpe dans les aigus avec une aisance déconcertante et boulerversante. Avec le récent forfait des Decemberists, Yes reviendrait-il au goût du jour ? En tout cas, ils se sont rappropriés le filon avec ruse…Les huit déclinaisons romantiques de Are The Dark Horse dépassent majoritairement la barre symbolique des cinq minutes, celle établie sur la base des préceptes sacrés de “Good Vibration”. Pourtant, en dépit de sa lente marche hypnotique, l’épique “On Bedford And Grand” rivalise d’intensité avec Wolfmother dans cette aptitude à développer des introductions grandioses et sans fin. Sur des titres comme “Devastations”, des solos électriques déferlent même de toute part, transperçant les harmonies vocales d’Olga Goreas pour former un magma de dissonance dantesque. Cet étalon noir est décidément bien dur à dompter, mais fascine de bout en bout.(pinkushion)

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le 13 mars 2022

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