Les disques d'été sont rarement le fruit de rencontres hasardeuses. O Delay de Beck était assurément un disque d'été logique, les suaves Bahia Sessions de Chris Isaak itou. En revanche, le premier Friends Of Dean Martinez fut, il y a quelque temps, une sacrée perle d'easy listening contrarié. C'est dire : il arrive qu'on l'écoute même en hiver ! Pas étonnant alors de retrouver une sensation identique à l'écoute de ce second Calexico, groupe formé par les inévitables John Convertino, Howe Gelb et Joey Burns de Giant Sand, OP8 et... Friends Of Dean Martinez. On imagine facilement l'ambiance festive et débauchée d'une ville frontière entre les USA et le Mexique, mais à Calexico, un bourdon marécageux se terre sous le sombrero de rigueur. Assommé par l'abus de substances prohibées et toxiques (la tequila étant plutôt une boisson d'homme....), la musique de Calexico est à réserver aux gueules de bois estivales : rien à voir avec nos petites murges Pastis-Rosé, rapprochons plutôt ça des réveils hallucinatoires que l'on réserve d'habitude aux grosses déprimes et à l'usage détourné des barbituriques. Par temps de fortes chaleur, on évitera donc toutes sortes d'abus en posant nonchalamment ce disque faussement léger sur nos platines d'été. Etienne Greib 5 SCOTT GROOVES Pieces Of A Dream (Soma/PIAS) A écouter la house chaleureuse et érudite de Scott Grooves, pseudo utilisé par Patrick Scott, clavier de Kevin Saunderson au sein d'Inner City, on aurait sans hésiter opté pour une nouvelle référence du label Guidance plutôt que celle du décidément éclectique label écossais Soma. Ceci pour donner une idée du son de ce premier album de Scott Grooves et dire aussi que, malgré une qualité de composition hors normes, cet album s'adresse à un public averti et passionné de house "soulful". Entre l'épique et superbe reprise garage du classique de Lonnie Liston Smith, Expansions (avec Roy Ayers au chant), Mothership Reconnection morceau de house nerveuse au gimmick imparable construite autour du Mothership Connection Live de Parliament et Funkadelic , ou encore le Bumpin' On The Underground de Wes Montgomery, Patrick Scott connaît ses classiques de jazz et de funk et sait en tirer le meilleur parti pour habiller chaudement sa deep house. Une petite merveille qui illustre à quel point la house peutêtre animée et "musicale", sans pour autant être l'antithèse de celle plus basique réservée aux clubs.(Magic)