Premier Ep en 2013 pour le duo parisien de Jahneration.


Les deux chanteurs se présentent avec un six titres de reggae hip-hop dans l’esprit contemporain : plein de verve vindicative et de chauds élans ensoleillés. L’influence du renouveau apporté par Naâman est indéniablement présente mais Jahneration trouve de suite son propre flow dans cet esprit consciemment indolent de reggae frais et léger.



Une galette enjouée et déjà libertaire.



Introduction cool pour Reggae Love, et le flow hip-hop d’entrée qui roule sur une structure dénudée, roots et carrée à souhait pour une déclaration d’amour à cette musique qui porte haut les cœurs. Les phrasés ont déjà des accents jamaïcains indéniables et séduisent d’emblée : maîtrise de la construction dynamique essentielle aux meilleurs envolées du reggae où la production impulse les à-coups d’un chant d’appel, d’une invitation franche à la résistance musicale. Solo de guitare inspiré pour ouvrir le second morceau, What’s Up in My World, cuivres lourds posés sur une batterie intense, il y a l’histoire du reggae conscient dans les élans mélodiques qui viennent questionner l’état du monde actuel, appeler à la liberté et à l’épanouissement personnel des masses précaires. Un texte fidèle aux grands thèmes d’émancipation du reggae. La complainte est calme, posée, laisse le saxophone mener le cœur pour un final dans les méandres mélancoliques et désespérés des inégalités sociétales.


What a Bad Girl se fait alors sautillant, il s’agit de danser autour d’une comptine ska hip-hop qui fleure la campagne printanière, soubresauts dance-hall, les soirées insouciantes où les sentiments prennent le pas pour porter le cœur léger vers un bonheur simple. Suées intense d’amour incertain, séduction immédiate des attraits féminins. Efficace.


Let Jah Be Praised, le duo parisien soigne ses intros : reggae propre, orchestral. Derrière, les voix jouent le jeu des accents obligés du chant reggae, il y a de l’ampleur dans les vibrations de ces jeunes chanteurs qui démontrent tout au long de l’opus et ici particulièrement, une technicité incroyable,



l’expérience impressionnante d’une histoire du reggae conscient



et des grands phrasés incontournables. Rythme, souffle, retenues et explosions ponctuelles, mélopée développée d’assonances, tout est là, servi avec la grâce d’une maîtrise extraordinaire pour une prière reggae assez traditionnelle,



hommage aux pères politiques, libertarisme bienveillant.



Ghetto Youths et la sirène des pompiers, guitare saturée et descente electro pour un hip-hop énergique, dynamique. Jahneration nous emmène faire un tour dans le quotidien suspendu d’incertitudes autant que forgé des implacables volontés de s’émanciper de la jeunesse occidentale. Quelques élans de rage, une grosse dose d’optimisme revanchard. L’assurance insolente et la minutie des mots pour un reggae rock aux accents de Spook & The Guay.



Natty find love



Let’s Fly Away pour clore le court essai. Invitation aérienne à l’ensoleillement libre du cœur. Avec la compréhension parfaite des outros qui calment le jeu, acoustic style, pour donner l’envie d’y revenir de suite. Jahneration joue sur deux voix aux registres différents pour développer des textes aux mélodies irrésistibles, phrasés impressionnants et déliés envoûtants. The Foreword, sublime carte de visite, s’attache avec intelligence à l’essentiel légèreté du genre, conscient de son indispensable apport aux allures positivement convenables d’une



revendication libertaire d’épanouissement.



Sans animosité mais comme une invitation.

Matthieu_Marsan-Bach
8

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Créée

le 30 janv. 2017

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