# Jozef Van Wissem • The Night Dwells In The Day


J’ai entendu pour la première fois Jozef Van Wissem il y a 2499 jours, c’était un samedi et il était 4h32.

Clairement depuis cette première écoute d’un titre issu de la BO d’Only Lovers Left Alive je dois reconnaitre n’avoir par la suite jamais réellement écouté ces précédents opus.

Et puis, il y a quelques jours, un certain algorithme m’a proposé d’écouter un titre de son dernier album et ce fût, n’ayons pas peur des mots, une révélation.


Le genre de révélation qui fait qu’une écoute est suivie par une autre, puis une autre, et encore une autre, et cela jusqu’a l’entêtement voire l’ addiction. La musique en devient aussi vitale que virale et plus qu’un simple rythme du quotidien, elle devient le quotidien.


J’ai lu quelque part que pour Jozef Van Wissem, son luth faisait partie de lui. Non pas juste une extension de sa créativité musicale mais bel et bien un membre à part entière.

De fait il semblerait cohérent, que lorsqu’elle touche l’auditeur, sa musique entre dans une symbiose optimale avec ce dernier.

A une époque, cela finissait sur des k7 AGFA Super Chrom (si t’avais eu ton prêt) ou des Continent Ferro Supérieur (si t’avais pas eu ton prêt) en guise d’empreinte temporelle.

Si souvent l’idée était d’avoir cet archivage à portée d’oreilles, il faut reconnaitre qu’un autre projet, souvent fait de manière inconsciente, était à l’oeuvre : celui d’écrire cette fameuse bande son de nos propres vies.


Et donc (vous l’aurez compris) en quelques écoutes il était acté que « The Night Dwells In The Day » allait avoir sa place dans ce baluchon sans fond.


La formule mise en place par l’homme est globalement systématiquement la même. Un instrument, 2/3 accords auquel il implémente une once de drone, de rythmique voire de chant.


« The Call of the Deathbird » tient du prodige. Ce titre qui dure à lui tout seul le quart de l’album est autant une exception (dans sa longueur, dans le fait qu’il n’est pas seul) qu’il résume parfaitement à lui tout seul cet album.

La voix d ‘Hilary Woods, tel un écho du passé, disparait par moment, tel un bruit parasite a la réverbération intemporelle jusqu’a en devenir silence. Cet enregistrement qui semble être un témoignage ne se noie pas pour autant. En effet, Van Wissem, tel un prêcheur à la David Eugene Edwards ne se cantonne pas à psalmodier quelques syllabes. Il semble lui répondre. Son intonation est d’ autant vivante que pour Woods tout semble être désormais déliquescence… jusqu’au dernier souffle ou les deux voix ne formeront plus qu’une.


On en deviendrait presque fou de ne pas comprendre. En effet après plusieurs écoutes, je me suis demandé à quel point il avait poussé le curseur du minimalisme. N’étant clairement pas un expert du luth, je pourrais concevoir que l’on puisse trouver que les titres instrumentaux sonnent un peu tous pareil.


Vous l’aurez compris, ce n’est absolument pas mon cas. « May The Bright Gate Welcome You » ou « With Our Hands Our Hearts To Raise » sont deux terrains de jeux pour doux rêveurs. On comprend d’ailleurs ces différentes collaborations avec Jim Jarmush. Sa musique n’est pas qu’un bon client pour les films et les documentaires. Elle les accompagnent. Et ces 2 titres notamment, ont un fort potentiel dans ce sens même s’ils se suffisent à eux mêmes, puisque les images se forment naturellement dans l’esprit de l’auditeur pour peu qu’il ne soit pas réfractaire à l’introspection, à l’immobilisme et un peu, il faut l’avouer à la mélancolie.


Car oui, le luth n’est pas l’ami du kazoo. Je ne sais pas si avec la meilleure volonté du monde il serait possible de faire de la musique festive avec un luth et de fait, je ne sais pas si Van Wissem pourrait faire de la musique aux allures festives et c’est bien une certaine ombre qui plane sur toute cette oeuvre et cela jusqu’a ses derniers soubresauts de « The Day of The Lord ».

La rythmique devient certes plus frénétique et la voix qui nous ventile un cantique tiré d’un livre ancien semble n’être en réalité que les derniers soubresauts… jusqu’a ce que les dernières notes disparaissent en même temps que la dernière touche de lumière.

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le 7 mai 2024

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