The Path of Totality
4.7
The Path of Totality

Album de Korn (2011)

Rarement un album n'aura autant déclenché les passions que celui-ci...en effet, ce "Path of totality" se voit très souvent détruit à coup de critiques incendiaires, on m'a souvent décrit cet album comme le pire du groupe...un album qui n'aurait jamais du voir le jour, un am...con m'a d'ailleurs dit qu'il n'aurait jamais aimé Korn si il ne s'était pas penché sur leurs tous débuts et en était resté à cet album. Bref, j'avais donc des raisons légitimes de ne pas prendre le risque d'être déçu par Korn en l'écoutant ou en cherchant à me le procurer...d'autant plus que le principal argument qui valait à ce disque d'être conspué par une armée de fans c'était la présence de "dubstep" eurk...genre que je considère comme une antithèse musicale absolue.


Mais le temps passait, et ma curiosité devenait de plus en plus forte que ma peur...cet album est donc si moisi qu'on le dit? Quelques chroniques loin d'être mauvaises sur des sites généralement fiables semblaient attester du contraire...j'ai donc cherché à écouter un single extrait de cet amas électronique maudit et châtié des "puristes" : "Narcissistic Cannibal" ("feat Skrillex" là encore "euuuuuurk" me dis-je...). Et...mon dieu qu'entend-je? Qu'ouïe-je? Le son qui ouvre le morceau est doux, délicat, limite psychédélique...le rythme s'accélère petit à petit et...arrrh! Voici donc la giclée électro/dubstep qui a fait râler tant de fans inconditionnels...me voici donc aux portes de l'enfer? Euh...ou du paradis devrais-je dire? Oui...j'adore vraiment ce morceau...j'ai beau détester du plus profond de mon être la dubstep...la façon dont elle est utilisée ici provoque de simples secousses électroniques qui pourraient tout aussi bien être remplacées par les sons de guitares gras d'antan et vice versa sans altérer la qualité indéniable de la mélodie de ce morceau. Et quelle mélodie! Jonathan Davis a pour ainsi dire rarement aussi bien chanté, le refrain est impérial et magique...il est pop sans verser dans la soupe qu'on m'a pourtant décrit, il n'est pas agressif sans pour autant manquer d'efficacité...bref ce morceau est une tuerie indéniable à mes oreilles!


Je ne comprenais pas...je me sentais embarrassé, un peu comme un prêtre en proie à un plaisir qu'il sait pourtant défendu par sa religion! Je venais d'aimer un morceau de cet album maudit...cet album responsable en grande partie de la chute d'un des grands nom du metal, je me sentais sale! Alors je me rendis sur le champ chez mon ORL le lendemain lui expliquant mon grand désarroi lié au fait notamment que le metalleux-méloman que je suis ne pouvait se mettre à aimer de la daube nom d'un chien! Il examina mes oreilles et ne décerna aucune séquelle notable au niveau de mes tympans...tout semblait aller pour le mieux, alors pourquoi est-ce que j'aimais ce morceau...source d'un plaisir interdit? Étai-je devenu pervers et fallait-il consulter simplement un psy ou un neurologue? Plutôt que de continuer sur cette voie futile, je décidais de me procurer l'album chez mon disquaire adoré, histoire de l'écouter en entier et de vérifier si ce single n'était qu'une exception qu'il était possible d'oublier et de dissimuler habilement par la suite dans les tréfonds de mon inconscient torturé une fois que j'aurais écouté le disque en entier et pris conscience de la vérité connue de presque tous selon laquelle cet album est une bouse innommable. Je décidais donc de l'écouter hier soir...j'allais être fixé : savoir si j'étais encore digne d'avancer dans la vie la tête (et les oreilles) hautes et admettre que le groupe était bel et bien tombé vraiment très bas. Et...ciel! diantre! fichtre! Premier morceau du disque...et rien à redire! Tout y est : la voix plus juste que jamais de Jonathan Davis, les secousses "dubstep" ne me dérangent une nouvelle fois pas...il suffit simplement pour moi de remplacer ce terme par "électro" (genre auquel je ne suis aucunement allergique) et de me focaliser sur la voix et la mélodie seule et la mayonnaise prend sur...pratiquement tous les morceaux de l'album en fait!


En revanche, il est vrai que l'ange sur mon épaule droite me murmurait à l'oreille régulièrement que : "les sons électroniques étouffent un peu trop la musicalité du morceau...et qu'il aurait été plus judicieux de les diminuer ou de les rendre plus inspirés" lorsque j'entendis "Illuminati" ou encore "Burn the obedient" pour le moins assez poussifs sur la longueur. Tandis que le diable sur mon épaule gauche me murmurait souvent : "arrête d'essayer de trouver des défauts à cet album, et laisse toi emporter par la musique sans te prendre la tête...ne remarques-tu pas que les sons de guitare ne t'ont pas manqué une seule fois à toi le fanatique du premier album éponyme de Korn que tu écoutes si souvent?". Et en effet, je ne pouvais donner tord ni à l'un ni à l'autre : bien entendu cet album n'est pas parfait, il contient son lot de morceaux où l'électro prend le dessus sur la musicalité et forme un magma sonore peu intéressant "Let's go" est un autre bon exemple du genre en plus des deux autres morceaux cités plus haut. Mais d'un autre côté il est vrai qu'en écoutant cet album je n'ai pas pensé un seul instant à regretter le "Korn" torturé et hurleur d'entant...je me suis contenté d'écouter...et bizarrement d'apprécier qu'il y ait présence de guitare ou non, certes ce n'est pas un chef d’œuvre, mais pas un des pires albums du groupe à mon sens. "Sanctuary" par exemple, possède un sens de la mélodie vraiment remarquable sur les refrains notamment, et le chant de Jonathan y est une fois encore impeccable!


En fait, il semblerait que Jonathan Davis soit le principal atout de cet album : il distille à lui seul des mélodies et des ambiances en demi teinte aux morceaux, en revanche, (et c'est un des principaux défauts du disque si l'on y réfléchit rétrospectivement) l'absence réelle de guitare et l'omniprésence d'électro un peu partout font que les autres membres du groupe ont autant d'importance ici qu'un vieux ticket de bus au fond de ma poche... En fait, ce qui gêne et qui tendrait à légitimer le lynchage que la plupart des fans font à ce disque, c'est qu'on a plus l'impression d'entendre un album solo de Jonathan Davis qui aurait envie de faire de l'électro qu'un album de Korn. Malgré ça, en ce qui me concerne lorsque je l'écoute la mayonnaise prend plutôt bien, et l'autre single "Get up!" y est grandement pour quelque chose : conjuguant à merveille la puissance rageuse d'autrefois sur les couplets et libérant un refrain magnifique...encore une fois un des meilleurs de la carrière du groupe à mes oreilles d'hérétique. Toutefois, cette perte d'identité momentanée que l'on peut reprocher au groupe ici n'était que temporaire au vu du récent album sorti...plus de peur que de mal au final?


Le fait est qu'en voulant me faire l'avocat du diable (kornu) je prend un risque certain...puisque mon avis ne correspond pas à la tendance de chroniques assassines lues auparavant, un moyen comme un autre d'équilibrer la balance à mon sens. Et puis, tout art quel qu'il soit ne se doit-il pas de déchaîner les passions? Si c'est bel et bien le cas de cet album alors on ne pourra pas lui enlever son statut d’œuvre artistique musicale bien qu'imparfaite sur certains points.

Venomesque
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le 31 mai 2015

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Venomesque

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