C'est un phénomène assez fréquemment apparu ces dernières années dans le rock, américain notamment, qui voit un bon groupe se réveiller un beau matin foudroyé par la grâce, métamorphosé en créature irréelle alors qu'il faisait encore partie la veille d'un troupeau indistinct. Mercury Rev, avec son Deserter s Songs, fut le premier à muter ainsi, suivi par d'autres de la même fantastique espèce : Flaming Lips, Grandaddy, Wilco ou encore leurs cousins écossais Delgados. A son tour, Midlake, quintet sympathique (voire sympatoche) de Denton, Texas, ne se contente pas de confirmer les promesses entrevues sur Bamnan & Slivercork, son premier album de 2004, mais il les transforme au centuple, plaçant le nouveau dans la course des meilleures réalisations de 2006. Certaines chansons de The Trials of Van Occupanther évoquent le soft-rock californien des seventies, dégraissé toutefois de ses bourrelets FM et subtilement filtré pour ne laisser apparaître que le meilleur profil des Eagles et autres America. Sur le bouleversant Roscoe qui ouvre l'album, on jurerait entendre Fleetwood Mac période Rumours, mais un Mac sans ses putes, où la voix de canard de Lindsey Buckingham aurait cédé sa place aux harmonies moirées de Crosby & Nash à l'époque de Wind on the Water. Aujourd'hui, avec The Trials of Van Occupanther, c'est un nouveau visage qu'exhibe Midlake, qui a mis la pédale douce sur les effets de synthés et les grincements d'articulations pour produire des chansons à la beauté fluide, aux guitares qui paraissent glisser sur une mer d'huile alors qu'on en devine très vite les entrailles déchaînées, le cyclone en trompe-l'œil que dissimule l'iris pétillant de ces mirifiques arrangements. L'étoile après laquelle courent depuis des années des gens comme les Posies, Matthew Sweet et autres braves utopistes pop californiens, ce sont des Texans qui la décrochent, parvenant à se hisser non loin du Sunflower des Beach Boys sans s'y brûler les ailes. Emotionnellement chargé comme un œuf et pourtant aérien, à la fois intimidant et léger, comme une cathédrale d'hélium, The Trials of Van Occupanther ne postule pas aux hautes marches des palmarès de l'année, qui lui sont déjà acquises, mais bien à celles de la décennie.(Inrocks)


On n'a cessé de le dire et de le répéter : Grandaddy aurait dû splitter après la parution de The Sophtware Slump, le meilleur album postbug de l'an 2000. Mais Jason Lytle et les siens ont tenté, quitte à s'entêter, de dépasser ce chef- d'oeuvre absolu. En vain. Il y a deux ans, le premier album de Midlake faisait du combo texan le concurrent le plus sérieux pour la bande de Modesto. Le successeur attendu de Bamnan And Slivercork, véritable concentré de psychédélisme contemplatif, dépasse toutes les espérances et fait figure de pendant idéal à... The Sophtware Slump. Ou comment un groupe mineur devient majeur. Dès l'introductif Roscoe, dont les premiers accords rappellent étrangement Fais-Moi Une Place de Julien Clerc (sic), le quintette de Denton démontre un niveau de jeu de classe mondiale, à travers cette sélection de onze chansons (sans le moindre titre suppléant). Avec sa voix à tutoyer les anges et envoûter les sirènes, autrement dit un mélange de minéralité aérienne, Tim Smith, leader timide mais compositeur affranchi, fait mouche sans coup férir. Exemplaire, l'introduction de Bandits mêle des accords d'une guitare cristalline à des notes d'un clavier qui finit par sonner West Coast. Difficile d'y résister... Sur Head Home, Neil Young joue avec Fleetwood Mac sous les auspices du fantôme de Jack Nitzsche. Imparable, sinon tubes- que, le refrain ouvre la voie à une chevauchée fantastique d'une guitare bavarde, mais jamais verbeuse, échappée du Crazy Horse alors qu'une constellation vocale brille de mille feux. Au Clair De La Lune ou éclair de génie, cette troisième plage figure peut-être la quintessence de The Trials Of Van Occupanther. À ce propos, la chanson qui suit, Van Occupanther, déploie sa force tranquille, moins à la façon mitterrandienne qu'à la manière d'un sportif faussement nonchalant. Au mitan de l'album, le single Young Bride convoque un violon introductif, avant que la section rythmique conduite par Paul Alexander et Mckenzie Smith ne s'emballe en un déluge mélodique. Après la tempête, le calme. Et Branches pourrait rendre follement jaloux Rufus Wainwright tant cette aubade ourlée ressemble, à s'y méprendre, à une ballade intemporelle. Avec le chatoyant In This Camp, Midlake démontre qu'il n'a pas son pareil pour écrire au gré d'une humeur cyclothymique, un adjectif qui rime ici avec mirifique. Si l'on songe à Mercury Rev sur We Gathered In Spring, c'est bien évidemment à celui de Deserter's Song (1998), le meilleur album de Pink Floyd. Probable deuxième single, l'antépénultième It Covers The Hillsides dit tout dans les trois minutes (et quelque) d'une pop song apprise en choeur, mais jamais récitée par coeur, dans How To Write A Hit Song. Les deux derniers titres (Chasing After Deer et le bien nommé You Never Arrived), difficiles à dissocier par leur relative brièveté, semblent vouloir nous raccompagner jusqu'à la porte de Midlake, groupe texan qui s'est nourri de ses influences pour mieux les dépasser. Ça vous en Bush un coin ? (Magic)
Il y a quelques semaines, Midlake, en première partie du concert parisien des Flaming Lips, défendait sur scène son nouvel album : devant un public rapidement enthousiaste, le groupe dévoilait des morceaux plus nerveux, moins "ouvragés" et délicats que ceux de "Bamnan and Slivercork", leur brillant premier essai. On attendait donc avec impatience la sortie de "The Trials of Van Occupanther", qui s'annonçait excellent. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que cette attente est loin d'être déçue.

On retrouve en effet Midlake en grande forme, au sommet de son art : les compositions, plus lumineuses que jamais, distillent avec une grâce infinie une délicieuse mélancolie toujours changeante et captivante ("Van Occupanther", "Branches"), qui ne tombe à aucun moment dans la complaisance ou la facilité. Et surtout, en écartant l'ombre de Grandaddy ou de Mercury Rev, auxquels on les compare souvent, et en s'affranchissant de tout modèle pour choisir, plutôt que de se reposer sur les acquis de "Bamnan and Slivercork", de s'engager dans de nouvelles directions, le groupe fait preuve d'une maturité et d'une maîtrise réellement impressionnantes.D'emblée, avec le très beau "Roscoe", on constate que l'atmosphère de "The Trials of Van Occupanther" ne se veut pas aussi "onirique" que celle de leur précédant album. Les claviers, moins exubérants que par le passé, se font relativement discrets, et s'écartent des sonorités synthétiques qui constituaient une des "signatures" du groupe pour privilégier les ambiances acoustiques (en témoigne notamment l'intro de "Young Bride" et son "violoncelle"). Les guitares, à l'inverse, sont plus présentes et n'hésitent plus à passer au premier plan ("Head Home" et ses envolées électriques). La voix de Tim Smith rappelle toujours étrangement celle d'un Thom Yorke qui se ferait moins démonstratif. Et la section rythmique, quant à elle, oeuvre toujours aussi efficacement et solidement au service des mélodies. En se faisant moins évanescente, la musique de Midlake a gagné en épaisseur. L'équilibre général de l'ensemble tient du miracle. "The Trials of Van Occupanther" est une réussite éclatante. Attention, chef-d'œuvre ! (Popnews)


Welcome to Denton, Texas. Petite ville des Etats-Unis dans lequel le temps semble s’être arrêté aux années 1970. Les cinq membres de Midlake y ont grandi, Midlake y est né. Repéré par Simon Raymonde, membre des Cocteau Twins fondateur du label Bella Union, Midlake propose aujourd'hui un deuxième album dépaysant. Même si le groupe s’en est un peu détaché, on pense encore à l’approche musicale de Mercury Rev ou des Flaming Lips, ou plus récemment au travail de Rufus Wainwright sur "Want" ou des suédois Amandine sur leur premier album. Une pop folk lumineuse et mélancolique où les harmonies vocales jouent un rôle primordial. Tim Smith se montre un songwriter de talent. Des tubesques Roscoe et Head Home aux sonorités asiatiques de Young Bride, le soin apporté aussi bien aux mélodies qu’aux arrangements donnent envie de s’abandonner, de se laisser porter par cette onctuosité musicale. Cet effet est accentué par les thèmes abordés dans les chansons qui traduisent une volonté de s’éloigner du monde moderne pour mieux revenir à la simplicité, l’isolement, un retour à un équilibre de vie avec la nature et ainsi libéré du monde matériel que nous connaissons. "The Trials Of Van Occupanther" aurait certes pu sortir il y a 30 ans, heureusement pour nous c’est aujourd'hui que nous pouvons en profiter pleinement. Alors pourquoi se priver de ce délicieux voyage dans le temps… terriblement actuel ! (indiepoprock)
bisca
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Ma cédéthèque

Créée

le 9 avr. 2022

Critique lue 13 fois

bisca

Écrit par

Critique lue 13 fois

D'autres avis sur The Trials of Van Occupanther

The Trials of Van Occupanther
Sergent_Pepper
9

Critique de The Trials of Van Occupanther par Sergent_Pepper

Midlake atteint ici son point d'orgue, le plein équilibre entre la singularité de son univers légèrement bancal et l'ampleur d'une pop lyrique à souhait. Un très beau disque, sylvestre et automnal.

le 11 nov. 2013

3 j'aime

The Trials of Van Occupanther
bisca
8

Critique de The Trials of Van Occupanther par bisca

C'est un phénomène assez fréquemment apparu ces dernières années dans le rock, américain notamment, qui voit un bon groupe se réveiller un beau matin foudroyé par la grâce, métamorphosé en créature...

le 9 avr. 2022

Du même critique

Le Moujik et sa femme
bisca
7

Critique de Le Moujik et sa femme par bisca

Avec le temps, on a fini par préférer ses interviews à ses albums, ses albums à ses concerts et ses concerts à ses albums live. Et on ne croit plus, non plus, tout ce qu'il débite. On a pris sa...

le 5 avr. 2022

3 j'aime

Santa Monica ’72 (Live)
bisca
7

Critique de Santa Monica ’72 (Live) par bisca

Ça commence avec la voix du type de KMET, la radio de Santa Monica qui enregistre et diffuse ce concert de Bowie, le 20 octobre 1972. « Allez hop on va rejoindre David Bowie qui commence son concert...

le 27 févr. 2022

3 j'aime

This Fool Can Die Now
bisca
7

Critique de This Fool Can Die Now par bisca

Depuis 2001, date de la sortie de son premier album Sweet Heart Fever, cette Anglaise originaire de Birmingham, a développé en trois albums et quelques maxis un univers étrange et singulier. Souvent...

le 11 avr. 2022

2 j'aime

1