Enfin le sommet.

1975. Les genres majeurs qui font alors la mode sont avant tout la musique progressive et le hard rock (bien que l'on puisse, sous ce terme très générique, y intégrer d'autres style cousins comme le heavy metal). Aerosmith est déjà en activité depuis environ cinq ans, mais n'est pas encore le monstre à conquérir les stades que l'on connaît alors. Le groupe a déjà sorti quelques bons disques de rock (un éponyme en 1972, et « Get Your Wings » en 1974) qui malgré leur qualité n'ont pas permis au groupe d'atteindre la notoriété. Comme beaucoup de groupes (ce que nous avons tendance parfois à oublier), ce n'est que quelques années après avoir beaucoup travaillé, et effectué des tournées qui leur permettront de conquérir un public toujours un peu plus large (en 1974, avec Blue Oyster Cult, Mott The Hoople et les Kinks), qu'Aerosmith sera connu.

Au bout du travail, donc, la récompense : ce disque, « Toys In The Attic », sorti en 1975, se vendra à quatre millions d'exemplaires.

Hard rock bluesy, groovy et testostéroné qui déjà préfigure le style des Guns'N Roses, rythmique impeccable, le disque commence par le riff implacable, affûté, de « Toys In The Attic », allant droit à l'uppercut. Solos mémorables, basse ronde, tout y est. Le riff chromé de « Walk This Way », incroyable de précision chirurgicale, est inoubliable (nul doute que les Guns s'en seront inspirés (consciemment ou non) pour élaborer « Rocket Queen », tant la structure du riff ressemble à celui de « Walk This Way »). Ce titre, avec « Sweet Emotions » (et sa douce introduction qui semble avoir été composée sous influence(s)) vaudront au groupe deux tubes mémorables, de ceux qui, d'emblée, s'impriment dans l'esprit au point de se demander, alors qu'il s'agit de la première écoute, si on ne les a pas déjà entendus. L'une des nombreuses richesses de l'album est aussi, en plus de ces tubes, la présence de morceaux qui invitent à la danse, des rock'n roll modernisés avec ce qu'il faut de boogie et de blues, même si leurs structures sont autrement plus complexes que des standards rock des années 1950 (le plaisant « Big Ten Inch Record » et, dans une moindre mesure « No More, No More »).

Bien que d'une grande qualité d'ensemble, le disque n'en est pas pour autant un chef d’œuvre. Sur la fin, l’essoufflement se fait sentir avec « Round and round » et surtout « You See Me Crying » (sur le dernier morceau, le chant de Tyler, enraillé, est parfois proche du risible).

Tout de même un sommet, à égalité avec « Rocks » sorti juste après, en 1976.