Truant (Single)
7.7
Truant (Single)

Single de Burial (2012)

Quelle découverte incroyable que Burial ! Je m'étais tellement trompé sur le dubstep - à cause de l'horrible Skrillex (pléonasme), qui, en réalité, joue du brostep, la différence entre ces deux artistes est quand même énorme - et j'ai démarré l'écoute de Untrue avec méfiance, tant les bidouillages électropop agressifs de l'autre m'avaient charcutés les oreilles, ce qui a décuplé ma bonne surprise. L'artiste présente en effet une musique à la fois lugubre et mélancolique mettant en scène un décor fantomatique, une banlieue sous la brume où se font entendre les complaintes lointaines des habitants sous forme de chants R'n'B samplés, le tout souligné par une boîte à rythme et une basse propres au dubstep. J'ai terminé l'album en étant ravi, me demandant ce que me réservait le reste.


Et là Truant / Rough Sleeper me fout une claque.


Pourtant il ne sort pas du chemin tracé par les précédents Kindred EP et Street Halo: deux titres longs composés de la même formule basse/boîte à rythme/samples sur fond de crépitements, et proposant encore cette atmosphère tout droit sortie des limbes. Mais cela ne change rien au bonheur intense qu'il procure.


Les morceaux démarrent donc tous deux sur le son habituel de Burial, rêveur et fragile tout en étant funèbre, avant de s'envoler à la moitié des titres vers une apothéose onirique, un voyage hors de cet univers malsain et malade présenté d'ordinaire chez l'artiste, où les voix hauts perchées se marient dans une symbiose parfaite avec les synthés omniprésents. Cette combinaison bien plus mise en valeur sur ce disque est clairement son point fort, tant les passages à tendance house sont inoubliables. Puis on revient à la même ambiance maussade, pure et innocente sur Rough Sleeper, machinale et inquiétante sur Truant, remplis de bruitages électroniques confirmant l'hostilité froide du paysage créé. Les risques du long morceau sont évités: pas une seule seconde d'ennui, pas de mélodie qui s'éternise comme on le voit trop souvent dans la musique électronique (cf. son premier album), pas non plus de son faisant effet de cheveu dans la soupe; ici l'immersion est totale et n'est jamais interrompue.


Cette alchimie d'ambiances, de sons à la fois lugubres et cristallins se révèle être donc un franc succès, présentant pour moi le zénith de l'artiste pour l'instant, et est de très bonne augure pour ce troisième album tant espéré.

Créée

le 11 oct. 2015

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Boris Minéral

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