Solide

Plus de 25 ans (déjà) après son premier album, Not of this Earth, Joe Satriani (Satch pour les intimes) revient avec un nouvel album solo qui, s’il n’ajoutera pas grand-chose à une carrière désormais garnie comme une pochette surprise, aura la délicatesse de ne pas mettre le doigt là où ça fait mal. Car si la technique du monsieur n’est plus à démontrer, le shredder américain a parfois pêché par excès de zèle, confondant ici et là virtuosité et mélodicité. Pour faire simple, nombreux sont ceux voyant notre ami meilleur musicien que compositeur ce qui, en soit, n’a rien d’original.

Sur ce Unstoppable Momentum, Satriani joue à saute moutons, s’amuse entre groove fun (« Can’t Go Back »), jazz atmosphérique (« Lies and Truths »), électro (« The Weight Of The World ») et boogie à gros son (« Three Sheets To The Wind »). Au fil de ces premiers morceaux, on sent le guitariste prêt à prendre quelques risques mais sans vraiment convaincre. Heureusement, l’aérien « I’ll Put A Stone On Your Cairn », splendide petite chose sentimentale, puis le retour aux sources d’un rock binaire mais ultra efficace (« A Door Into Summer »), de ruptures de rythmes (« Jumpin’ In ») lové dans un carcan funky (« Jumpin’ Out ») nous sortent de la torpeur et permet d’éclairer le final speedé « A Celebration » d’une débauche carabine pour cette vélocité teintée de caractère.

A cheval entre une période MTV révolue (vermoulue ?) et des carambolages musicaux qu’il n’ose pas toujours assumer totalement, Satriani livre un album solide et festif. Les amateurs ne le manqueront pas.