Nous sommes à la Nouvelles Orléans, début 1975. En 1974, Paulo avait enregistré "Letting go", "love in song" (splendide) et "Medecine Jar" à Abbey Road avec Geoff Britton à la batterie. Comme ce dernier ne s'entendait pas avec le guitariste James McCulloch, un nouveau percussionniste fut choisi, l'Américain Joe English. Au studio Allen Toussaint, Wings se mit à enregistrer des chansons funky, soul, rock, parsemées de quelques ballades : "venus and mars", "threat her gently", une chanson sur les personnes âgées et l'hommage à Fred Astaire, "you gave me the answer".
Pour l'anecdote, John Lennon faillit venir à la Nouvelle Orléans rendre visite à son ancien partenaire d'écriture, avec qui il souhaitait recomposer. Hélas, Yoko Ono l'en empêcha en se rabibochant avec lui.
Wings a vraiment trouvé un son bien à lui. Dommage que Macca ait trop poli ses chansons, les premières montures sont bien plus fraîches, plus honnêtes, plus musicales, plus funky que celles sur l'album, trop lisses, vraiment dommage.
Cela dit, c'est un album, qui vieillit bien, Paulo est vraiment sorti de sa période post beatles et envisage l'avenir sereinement. "Band on the run" lui a fait du bien et la pression artistique semble moins lourde à porter, et comme il le dit justement: "j'écris des chansons pour mes enfants" comme le témoigne "Magneto and Titanium Man", superbe hommage aux Xmen des Marvel).
C'est un album vraiment intemporel, où les problèmes n'existent pas (pas de guerre, pas de conflits, pas d'enjeux, pas de soucis). C'est presque scandaleux de candeur mais comme c'est servi avec tant de talent - surtout dans la version Yellow Cat- que "venus and mars" en devient forcément émouvant à verser des larmes de bonheur.