Personne ne sut être le prochain.

Si Who’s Next est l'album le plus connu des Who, outre sa qualité incontournable, gravée dans le panthéon du rock, c’est évidemment parce qu’il contient les trois inexorables hymnes du groupe. Ces trois mythes ont survécu au temps et continuent d'embellir le sens esthétique des auditeurs, plus de cinquante ans après leur publication.

On ne présente plus le magnifiquement mélancolique Baba O'Riley avec ses claviers indomptables, le poignant Behind Blue Eyes à la beauté pure et le divin Won't Get Fooled Again, dont chaque seconde justifie son statut de mythe musical. Ce triumvirat suffisait à ériger Who's Next au sommet des emblèmes du rock, un monolithe que personne ne daignerait souiller de la moindre goutte d'urine. L'énergie brute des Who y est maîtrisée, à l'image de ce cri titanesque de Daltrey répondant aux tambours foudroyants de Keith Moon. Les synthétiseurs apportent une dose de folie pour sublimer cette rage à travers la musique, et le talent des quatre artistes fait le reste.

Mais Who's Next va bien au-delà de ces trois titres. On retrouve l'excellent Bargain, où Daltrey déploie merveilleusement son organe vocal lors du refrain, démontrant encore davantage l'inspiration et la polyvalence du groupe. Les morceaux tels que Going Mobile et Love Ain't for Keeping ajoutent une dimension plus douce à l'album, offrant une variété d'émotions et de styles qui témoignent de la richesse musicale des Who.

My Wife se distingue également par le chant de The Ox, le titan aux doigts de feu John Entwistle, mais aussi par ses cuivres, son atmosphère joyeuse et sa bonne humeur communicative. On y trouve un mélange harmonieux de batterie militaire, de chant aigu, de basse invincible et de guitare mélodieuse.

The Song is Over est également une pépite sous-estimée avec ses harmonies vocales qui nous plongent dans une mélancolie captivante.

Who's Next est le cri du mastodonte du rock. La bande à Townshend régale avec des chansons qui résonnent encore aujourd'hui et témoignent du talent, de la créativité et de l'impact durable des Who dans le monde musical. À écouter non seulement pour les trois géants, mais aussi pour tous les autres titres.

La réédition de 1995, que j'ai achetée par erreur, contient une flopée de morceaux additionnels qui, contrairement aux bonus souvent décevants des rééditions, sont absolument géniaux et captivants. Naked Eye, Water ou Too Much of Anything nous en mettent plein les oreilles, comme si l'ogre Who's Next continuait de grogner après avoir hurlé. Excellent.