Wish
7.2
Wish

Album de The Cure (1992)

En 1992 les années 80 sont déjà bien loin: Côté rock, la vague grunge et alternative est prête à tout balayer et à redéfinir les codes du cool. Nirvana, Pearl Jam, les Red Hot, Smashing Pumpkins et bientôt RATM passent en boucle sur MTV, ringardisant automatiquement les groupes à mullet et à permanente. Le flashy est remplacé par le look normal et la chemise à carreaux, et les guitares chassèrent brutalement les synthés. Dans ce contexte, s'appeler The Cure et être un des symboles de la décennie précédente devrait normalement signer son arrêt de mort, mais "normalement" n'est pas The Cure, qui en se muant en "Cure" (c'est marqué sur la pochette), va réussir à faire peau neuve et par la même occasion à conquérir un nouveau public.


Pas mal de choses se sont passées depuis la publication de "Disintegration" trois ans plus tôt: Départs du membre fondateur Laurence Tolhurst, puis de Roger O'Donnell, remplacé par Perry Bamonte, roadie et ami de longue date, au poste de clavier. Un petit live, un album de remixes, puis deux vidéos ("Picture Show" et "Play Out") furent publiés histoire de faire patienter le curiste toujours avide de nouvelles aventures. Le groupe fit même, début-91, un passage remarqué au très en vogue MTV Unplugged. Les choses sérieuses vont alors recommencer lorsque The Cure s'enfermera à l'automne de la même année dans les studios The Manor, en pleine campagne anglaise, pour pondre son neuvième opus.


"Wish" sortira au printemps 92, propulsé par son premier single plutôt pop, "High". La pochette frappera par son changement de design, rouge et bleu orné de formes abstraites. Porl Thompson se sera lâché pour l'occasion et les pochettes des trois singles seront de la même qualité. Niveau son, Cure se fait une nouvelle jeunesse en passant au "Tout électrique", influencé certainement par ceux qu'il a lui-même influencé, à savoir les nouvelles révélations de la scène Shoegaze comme Ride ou My Bloody Valentine. Les guitares sont dehors, à deux et parfois à trois, et le son est rugueux, comme couvert d'un léger voile. "Wish" n'est pas un disque d'humeur comme son prédécesseur, mais il trouve son unité par son esthétique.


"Open", "Cut" et "End" jouent le rôle de fils conducteurs, révélant un Cure à la fois rock et émouvant. Au rayon des grandes réussites, on trouve "Doing the Unstuck" et ses "Let's get happy", un morceau "happy sad" comme seul Simon Gallup en connait le secret, "Trust" et son intro au piano, et "To wish impossible things", dont je me rappelle que ma première écoute sous la neige collait génialement avec la partie de violoncelle. La pièce-maîtresse de l'album est incontestablement "From the edge of the deep green sea", morceau-fleuve tragique, psychédélique autant qu'électro-acoustique, il demeure depuis un passage obligé de chaque concert du groupe. "Friday I'm in love" restera le morceau le plus pop du disque et le dernier gros carton du groupe, classé numéro un outre-manche, tout comme l'album.


"Wish" est le dernier grand classique de The Cure, et même si il fût critiqué par quelques fans à l'époque, qui tiquèrent sur un petit côté "trop sur de lui", et même si ils auraient VRAIMENT dû remplacer "Wendy time" par "The Big Hand", il en demeure qu'il s'agit encore un fois d'un album dense et prenant, générant tout en tas d'émotions comme seul ce groupe en est capable. Il va réussir au passage, à plaire à un nouveau public plus jeune, notamment aux States, où cet album est souvent cité comme leur meilleur.


Jetez-vous sur "Wish", et pour les converti(e)s, sur la version Deluxe trois CD, histoire de prolonger l'expérience.

BorisNetzer
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le 17 déc. 2023

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Boris Netzer

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