Wonderland
6.7
Wonderland

Album de Erasure (1986)

Alors que le dernier album de Yazoo sort à peine, Vince Clarke a déjà la tête ailleurs. Tout d'abord, avec son comparse/ingénieur du son Eric Radcliffe, présent depuis Speak and Spell sur toutes ses productions, il lance le projet « The Assembly » : il souhaite réaliser un album entier dont il assurerait lui-même la composition et tous les aspects musicaux tandis que des interprètes seraient invités pour prêter leur voix le temps d'une chanson. Le projet avorte rapidement du fait du manque de disponibilité et d'intérêt des chanteurs contactés. Il en résulte que la discographie de The Assembly se borne à un unique single, « Never Never », réalisé avec le chanteur irlandais des Undertones, Feargal Sharkey ; une ballade qui rappelle déjà celles produites avec Alison Moyet pour Yazoo, un tube restreint à quelques pays d'Europe (Allemagne, Suisse, Royaume-Uni).


 On se demande alors pourquoi The Assembly tient une place si importante dans la biographie de Vince Clarke. D'autant plus que sur la même période entre Yazoo et Erasure, il se lance dans des projets bien plus intéressants. En 1984, il sort avec ses anciens camarades d'école ; Paul Quinn et leur « One Day », Robert Marlow et leur « The Face of Dorian Gray » ; des titres qui restent franchement potables et l'album solo de Robert Marlow (qui sortira 15 ans plus tard, faute d'intérêt du public et du label RCA) possède une qualité de production aussi prenante et efficace que ce que Vince a produit jusque là (pour ce que j'en ai entendu), même s'il en a pas écrit les mélodies. Il sort la même année un EP du nom de West India Company. En compagnie de Stephen Luscombe de Blancmange, Pandit Dinesh et Asha Bhosie, ils livrent un mariage pertinent entre son Électro occidental et la musique indienne, se rangeant dans une New Age proche de Jean Michel Jarre ou Vangelis. Une curiosité passée inaperçue à (re)découvrir.
Passons à la naissance de son ultime acte Pop. En 1985, après une nouvelle annonce pour le Melody Maker et un énorme casting sur près de 80 candidats, Vince accroche avec le 36ème, un certain Andy Bell. Celui-ci a fait ses armes en tant qu'enfant de chœur et garde les bases de cette expérience, son style s'approchant du chant lyrique. Il forme un premier groupe, Dinger, qui sortit de manière presque confidentielle le 45 tours « Air of Mystery » puis après ce casting, il découvre à 21 ans qu'il va pouvoir travailler avec son idole, ce cher Vince Clarke. Ils choisissent le nom Erasure pour son côté énigmatique, abstrait, voulant aussi bien dire effacement que gommage et faisant référence à la nation fictive Eurasia du “1984″ d’Orwell et au “Eraserhead” de Lynch. Et l'année suivante sort Wonderland, leur premier album, produit par Flood (le producteur de Violator entre autres…)
Sur les trois singles choisis, seul le dernier « Oh l'Amour » rencontre un succès relatif, ce sera d'ailleurs le seul de toute la carrière d’Erasure à rentrer dans les charts françaises (sûrement parce que le titre est français… chauvinisme…) Je le trouve pour ma part un peu trop mièvre dans cette version pour convaincre. Oui, le succès n'est pas immédiat, il faudra par exemple attendre 1992 pour que le premier single « Who Needs Love Like That » soit reconnu à sa juste valeur, à savoir un pur tube Hi-NRJ. Il faut dire que le public voient Andy Bell à ses débuts comme un simple imitateur d’Alison Moyet. Même si la ressemblance entre les deux voix est parfois marquante, celle d’Andy se démarque assez par son grain particulier et sa prestance dans les aigus pour ne pas souffrir cette comparaison facile.
Après, le problème vient sûrement d'un manque de directions nouvelles, car avec Wonderland, Vince Clarke ne propose rien de plus que ce qu'il a pu produire auparavant, dans une continuité qui se répète. Il puise dans son spectre musical allant de ballades bluesy à des tubes plus dansants, de Yazoo à Depeche Mode avec son style qu'il maîtrise maintenant à la perfection : il n'y a pas plus Synthpop qu’Erasure ! Et c'est aussi un problème car du coup, il n y aura pas grand chose à dire sur ces premiers albums. Il s'agira souvent d'une collection de tubes Pop dans laquelle il suffit de piocher pour garder ceux qui nous attirent, nous attrapent pour nous faire bouger ou nous restent le plus facilement en tête. Pour ma part, je ne garde ici que « Who Needs Love Like That » et « Senseless », même si je comprend qu'il soit facile de succomber aux charmes surannés des autres titres.
Strangeman57
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Synthpop Rétrospective

Créée

le 13 juin 2018

Critique lue 166 fois

3 j'aime

9 commentaires

Strangeman57

Écrit par

Critique lue 166 fois

3
9

Du même critique

Discovery
Strangeman57
10

Critique de Discovery par Strangeman57

J'ai découvert Daft Punk à mes dix ans... Non ! J'ai découvert la musique à mes dix ans. C'était en 2001. J'étais parti en classe de neige. Souvenir assez pénible... je n'arrivais pas monter...

le 27 août 2012

44 j'aime

2

New York Melody
Strangeman57
7

Ou comment te vendre une BO...

Au milieu de tout ces block-busters de vacances est sortie ce 30 Juillet (et plutôt bien distribué) "New York Melody", un film qui transcende le genre de la comédie romantique bien plus loin que les...

le 2 août 2014

40 j'aime

3

Nous York
Strangeman57
2

Comédie française cherche humour desespérement... à New York.

Je passerais tout commentaire sur le jeu de mot qui sert de titre et sur la bande-annonce qui sont à l'image du film. Au départ, je ne comptais pas aller le voir, mais UGC illimité et matraquage...

le 8 nov. 2012

33 j'aime

4