Une projection astrale. (Review modifiée)

J'ai vrillé au sujet de Gunna, le jour où j'suis tombé sur "Drip Season 3". Faut être honnête, j'suis pas un de ces fans de la 1ère heure.
Après "Drip Harder" avec Lil Baby, après "Yosémite" et "Space Cadet", après le prometteur "Drip or Drown 2", après "HOT", Voila le très attendu "WUNNA".

W*ealthy* U*napologetic* N*igga* N*aturally* A*uthentic*

Sur cet immense projet, Gunna, le rappeur de 26 ans s'est élevé.
Sur une production, tout comme son flow, fluide et aquatique, l'enfant de Thug atteint des sommets sur un "WUNNA" qui se veut finalement... Wavy.
Wavy est le mot le plus approprié pour définir les vagues mélodiques, les rebonds et les lignes de basse électriques subtils et infectieux apportés par un casting de producteurs étoilés : Wheezy, Turbo, Taurus, Tay Keith, Mike Will Made-It, et plus encore.

Sur le plan lyrique, Gunna frappe au rythme du tissage d'une houle qui monte et s'écrase, un surfeur déguisé en rappeur. Son rap sonne toujours sans effort. C'est pourquoi la production est essentielle à son succès; un surfeur sans l'océan est un homme coincé dans le désert.

WUNNA vaut la peine d'être vécu.
Gunna est une éloquence en mouvement.
Sur tous les rythmes de l'album, Le rappeur est comme chargé. On entend sur chaque titre sa confiance absurde. Chaque vantardise, chaque fanfaronnade vient du creux de ses tripes. Il rap comme un leader né naturel qui vous emmènera, non pas vers la terre promise, mais le Metropolitan Museum of Art.

Sergio Kitchens (de son vrai nom), Valide les espoirs qu'on avait en lui. Chaque chanson sonne comme du Gunna au sommet de son art, tout est amélioré.
L'alchimie avec les producteurs est bluffante; Argentina voit Wheezy lui ouvrir les portes avec une guitare aérienne et un beat saisissant. Il va signé durant l'album des prods folles notamment sur MOTW où le rythme lent et obsédant sied à la perfection au rapper somnolent qui est déjà en lévitation. Il ne redescendra jamais. Wheezy récidivera sur "Rock Star...", Gratte éléctro dans lequel Gunna enfile le cuir, rageux. "Met Gala", "Nasty Girl..." et "Do Better" confirme sa place de top 3 Hitmaker dans mon coeur. Sa complémentarité avec Turbo est démente sur l'aérien "I'm On Some" et le Hot-esque "Top Floor". Turbo nous casse la nuque (avec Taurus) sur "Addys", le rap de Gunna est jouissif. Il excelle sur "Wunna" et l'outro à l'ambiance pur "Far".

Il y a aussi Tay Keith qui réalise simplement un top track, Feigning, un titre obsédant, les trompettes inquiètent et déraillent sur un beat percutant, Gunna nous emmène dans un rêve lucide.

Un des sommets de l'album est le feat avec Thugger "Dollaz on my Head".
La prod de Mike Will Made-It et Myles Harris est enivrante, Gunna et Thug crachent des vers absurdes. Il y a un esprit joyeux qui porte la chanson, la version musicale de cette rencontre de 2 artistes qui vivent béatement dans leur propre monde, faisant de la musique ensorcelante et exaltante.
Les autres invités font un sans faute, Le fréro Lil Baby dilue son flow particulier dans "Blindfold", Roddy Rich prouve son statut sur l'envoûtant "Cooler Than...", Travis Scott reste lui-même, un patron et Nechie est étonnant avec son flow un brin Thug-esque sur "Addys"

Gunna a compris que garder la production cohérente est la clé du charme global de ce projet
Gunna se soucie pas si vous aimez sa voix, ses vêtements ou ses pochettes d'album. Il a travaillé dur pour tout cela. Il est étonnamment loin d'un rappeur traditionnel.
Le résultat est un travail ahurissant à ce jour. Le MC a confiance et fanfaronne. Une particularité de la star, c'est de savoir que vous êtes une star, et tout au long de Wunna, Gunna prouve qu'il mérite les louanges.
Malgré la ferveur autour de Gunna, il y a de la paix dans son murmure chaud, groggy et mélodique, ce qui donne toujours l'impression qu'il vient juste de se réveiller d'une sieste rafraîchissante l'après-midi.
Les rythmes de Wunna soulignent l'extravagance envieuse et le confort du style de vie du rappeur. C'est la production, plutôt que Gunna, qui dicte les sautes d'humeur de l'album, qui apparaissent presque comme des fluctuations saisonnières. Des tracks, en apesanteur, évoquent le printemps avec des synthés qui voltigent comme des colibris. D'autres sont plus sobres, caverneux, qui évoque le silence hivernal. Tandis que certains nous envoient dans un été langoureux et interminable.

En jouant avec quelques rythmes plus percutants que d'habitude, Gunna montre de nouvelles facettes de lui-même. Il a grandit.
Wunna est la grande expérience d'écoute de 2020. Elle transporte, due en grande partie à sa production, et est en parfaite harmonie avec la voix en apesanteur de Gunna.

Si vous appuyez sur play et que vous ne regardez pas la progression de la tracklist, vous perdrez votre orientation alors que Gunna flottera sans effort entre les chansons.

Cela s'appelle une projection astrale.

8/10