Salut à tous,
A l'instar de ma note consacré au tome de l'intégrale, je ne m'attarde pas à analysé les histoires mais vous propose quelques réflexions d'ordre général sur la saga et son évolution des débuts à la fin de la période Goscinny.

Titre : Lucky Luke


Auteurs : Morris seul jusqu'en 1955 puis Morris et Goscinny jusqu'à la mort de celui ci en 1977


On peut remarquer un changement de style assez net à partir de l'intervention de René Goscinny :


La violence s'atténue et devient plus ludique LL ne tue plus ses adversaires mais les désarme.
Alors que plusieurs des premières aventures se concluent par la mort violente du méchant :

– Abattu en duel par Lucky Luke (Phil Defer).
– Pendaison (Hors la loi)


Les Daltons :
Les aventures se concluent ensuite le plus souvent par le goudron et les plumes ou l'envoi au pénitencier dont les détenus s'évadent ou sortent facilement :
– Entre 1955 « Les cousins Dalton » et 1977 « Le fil qui chante » (33 albums).
– Les Dalton constituent l'intrigue principale de 10 albums
– Ils apparaissent et débute leur carrière criminel dans l'album “Les cousins Dalton”.
– Ils s'évadent 6 fois « L'évasion des Dalton » « Sur la piste des Dalton » « Les Dalton dans le blizzard » « Les Dalton courent toujours » « Tortillas pour les Dalton » « L'héritage de Rantanplan »
– Ils sont kidnappé 1 fois « Tortillas pour les Dalton ».
– Ils sont amnsitié 1 fois « Les Dalton courrent toujours »
– Ils sont libére 1 fois sur parole « Les Daltons se rachètent »
– Ils sont 1 fois soigné pour trouble psychique « La guérison des Dalton »
– Billy the Kid est extrait une fois du pénitentier par LL « L'escorte ».
– Les Dalton apparaissent également de manière ponctuel (1 ou 2 cases) au début ou à la fin de plusieurs albums, la plupart du temps dans le cadre du pénitentier.
Le leitmotive d'Averell Dalton « Quand es qu'on mange ? » a pu être inspiré à René Goscinny par la phrase de fin de l'émission de radio « Sur le banc » interprété par Jane Sourza et Raymond Souplex et diffuser à leur du déjeuner .


Rantanplan :
Le personnage du chien Rantanplan fait la fois référence au chien Rintintin , héros à la fois d'une série tv et de BD, mais le patronyme Ran Tan Plan renvoie également aux aventures de Bicot dont plusieurs aventures paraissant dans Dimanche illustré durant les années 30 qui s'intitule « Bicot et le club des Ran Tan Plan ».


Le héros :
Si graphiquement le héros évolue peu tout au long de la série et reste conforme aux standards du héros chevaleresque, son comportement et sa fonction dramatique ne cesse d'évoluer.
Au début de la saga Lucky Luke apparaît comme un héros civilisateur, il apparaît comme un redresseur de tord.
– Il est destructeur de monstres (en expulsant ou mettant les méchants en prison).
– Il permet l'installation du progrès qui incarne le déroulement normal de l'histoire.
Au fil de ses missions il pallie ponctuellement à la carence des institutions, on le voit ainsi tour à tour exercer les fonctions de :
– Shérif « A l'ombre des derricks »
– Maire « Les rivaux de Painful Gulch »
– Shérif adjoint « Billy the kid »


Fonctions qui lui confère une autorité de type paternel qui lui permet d'agir en éducateur de la communauté qu'il a en charge. Dans ces cas, la communautés, prise en charge par le héros, apparrait alors comme un groupe d'enfant que Lucky Luke a en charge d'éduquer. Cependant la vision développé des habitants / enfants s'assimilent plus à une classe turbulente, à l'instar des salles de classe plusieurs fois présentées (« La diligence », « Le chasseur de prime ») où de la série de nouvelle de R. Goscinny Le petit nicolas qu'au modèle de l'enfant sage. Vision de l'enfance qui semble tendre à faire de l'enfance un monde possédant ses propres règles indépendant de celui des adultes. Cette mise en scène de la sociabilité enfantine paraît semblable à celle développer avant 1914 par le roman de L. Pergaud la guerre des boutons (la verdeur du langage en moins).


Graphique conforme à l'apparence conventionnel du cow-boy, le héros Lucky Luke apparaît d'autre comme vecteur de civilisation quand par exemple il dirige le chantier de construction du chemin de fer transcontinental (1955 : « Des rails sur la prairie ») ou qu'il guide des pionniers vers la terre promise (1964 : « La caravane »).


A la fin des années 60 le ton de la saga subit une inflexion si Lucky Luke continue à occuper un rôle de héros rédempteur d'une communauté il n'occupe plus épisodiquement la fonction publique de shérif (« Dalton city », « Jesse James »), il cherche moins à sauver l'ensemble d'une communauté, il lui arrive même de refuser de désormais s'engager quand la couardise des habitants de Nothing Gulch devient trop évidente et provoque l'acquittement du bandit Bob Younger (« Jesse James » 1969 environ). Attitude diamétralement opposé à celle qu'il adoptait quelques épisodes précédemment dans « Billy the Kid » (1962) où l'acquittement du bandit par les habitants de Fort Weakling provoquait un surcroit d'investissement de la part du héros.


On constate parallèlement que l'action du héros se privatise en s'inscrivant plus dans la sphère privé. Lucky Luke semble ne s'engager que lorsque qu'il est personnellement impliqué.
– « Le pied tendre » il s'engage pour obéir au vœu d'un ami défunt, occasion durant laquelle il laisse transparaitre une forte émotion.
– « Le cavalier blanc » il cherche à retrouver l'argent volée à son ami Hank, vol dont il se sent responsable.
– Dans d'autres cas il s'engage pour défendre le territoire où il est implanté comme dans « Jesse James » où il s'engage face aux détectives de l'agence Pinkerton à expulser le gang de Jesse James du texas en leurs précisant que la suite ne le concerne plus.
La fin de l'épisode « Jesse James » paraît à cet égard révélateur, après s'être réunie et reprise en main la population repousse et capture les bandits. La conclusion de l'histoire ne débouche pas sur un procès mais sur le châtiment traditionnel du goudron et des plumes. Changement révélateur d'une évolution du discours de la série.
Le procès constitue à la fois un indice d'un progrès de civilisation
– Délégation du monopole de la violence
– Ritualisation.
et un indice de maturité de la part des membres d'une communauté.
– Mise à distance par le biais de la ritualisation.
– Dépassement des passions.


A l'opposé le châtiment du goudron et des plumes renvoie à la fois à un comportement social tribal et psychologiquement à une régression. Le châtiment du goudron et des plumes pouvant s'assimiler à la punition sadique que des parents infligent à un enfant au cours de l'apprentissage de la propreté, en les forçant à porter leurs vêtements souillés.


L'habileté des auteurs sera de savoir très habilement dosé l'humour parodique de la série en lui conservant une base réaliste et un solide socle de référence historique. Ou qu'il aille dans l'ouest LL affronte des situations et personnages d'inspiration réaliste le décor et le tragique potentiel des situations empêchant la saga de tomber dans la bouffonnerie clownesque d'un « Chick Bill ». Au contraire les auteurs s’attachent à reproduire fidèlement tous les standards du western classique (les westerns hollywoodiens étant dans le même temps diffuser au cinéma puis à la télévision) le comique n'intervenant jamais que par accident.

Parmi les références au western filmé US on peut supposer que l'argument de l'album « Des barbelés sur la prairie » est inspiré, entre autre, par le western filmé « L'homme qui tua Liberty Valance » graphiquement le chef des éleveurs s'inspire de la représentations du candidats des éleveurs.


La longévité de la série semble s'expliquer par une constante évolution, du propos. Tout en restant fidèle au fond de leur style narratif parodique composé de décalage par rapport à un corpus de référence westernien.


On peut néanmoins remarquer une nouvelle mutation du style de la série à partir de la fin des années 60.
– Le western filmé US (de type Fordien) cesse d'être la référence exclusive.
– Des références au western de genre « spaghetti » apparaissent comme en témoigne entre autre la figure du chasseur de prime qui arbore la tête de l'acteur Lee Van Cleeft rendu célèbre par le film de Sergio Leone « Le bon , la brute et le truand ».
– La série tend aussi à devenir plus autonome par rapport à un corpus de référence externe, elle tend à développer son propre univers, tout en pratiquant l'auto-parodie.


Cette évolution ne semble pas spécialement lié au changement d'éditeur que la série opère en 1968 en passant de “Spirou” à “Pilote” (et de Dupuis à Dargaud).
Le premier opus de la série “Pilote”, “La diligence” est en tout point conforme à la logique de la parodie référencé classique (on peut y voir une démarque du “Stagecoach” de J Ford avec J Wayne).
Le départ de Lucky Luke de “Spirou” génère, en remplacement, l'apparition de la série “Les tuniques bleues” (Salvérius / Lambil / Cauvin) plus corrosive à bien des égard que LL.
Lucky Luke apparait au début des années 70 comme une série classique voir rétrograde dans l'ensemble de la revue.

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le 24 mai 2021

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