Tome-charnière dans la saga "20th Century Boys", ce dix-huitième volume, nous replonge franchement, après les digressions du précédent, au cœur du sujet de la saga : le combat de la bande à Kenji, ou plutôt, de ce qu'il en reste en l'An 3 après Ami, contre ce dernier, et l'origine même de ce conflit aussi dérisoire - de par son point de départ, des frustrations enfantines - que titanesque - de par son impact sur la planète toute entière. Mais derrière les habituelles péripéties sorties de l'imagination fertile de Naoki Urasawa, se dessine une question ô combien passionnante, celle de la croyance (plutôt que de la Foi, car les thèmes religieux, messianiques, sont finalement assez superficiels ici). Urasawa oppose frontalement ici une croyance "militante", dispensatrice de liberté et d'esprit critique, qu'il symbolise par la force universelle de la musique, ici d'une simple chanson rock, dont les "la la cha la la" de clôture déclenchent une révolution, à une croyance "aveugle", celle des foules en leurs leaders, leurs politiciens, qui ne sont d'après Urasawa que de sinistres manipulateurs usant de tours de magie ringards. On notera ainsi les deux scènes-clé du livre, celle qui oppose Joe Yabuki, guitare à la main, aux fusils de la milice, une scène aussi "classique" que sournoisement minée de l'intérieur (car comment Joe survit-il à la balle qui l'atteint ?), et celle, brillante, qui montre Ami, prestidigitateur ordinaire, rendant littéralement "aveugles" ses spectateurs, voire ses acolytes. Deux usages diamétralement opposés (... ou alors, pas tant que ça ?) de la croyance... qui provoquent en toute logique une furieuse mélancolie chez ceux, comme Manjûme, qui n'y succombent pas. [Critique écrite en 2008]

EricDebarnot
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le 11 mars 2016

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Eric BBYoda

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