300
7.3
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Comics de Lynn Varley et Frank Miller (1998)

Miller déploie ses passions viriles sur un format proche de la peinture d'Histoire, et sort sa grosse artillerie graphique, ses puissants jeux de contrastes, et ses mises en page iconiques pour livrer cette lecture fantasmée d'une fameuse bataille antique.

Déjà portée aux nu par diverses historiographies (trop?) enthousiastes, ce fait d'arme tout-à-fait véridique (Miller prend simplement de grosses libertés avec les effectifs des forces en présence) et effectivement remarquable en temps que performance militaire, charrie également quelques analyses idéologiques de comptoir: Le berceau de la civilisation occidentale terrasse la tyrannie décadente des "orientaux" efféminés, par la seule force de son sens du devoir, du sacrifice, de l'héroïsme forcené.

Miller y injecte des influences extrême-orientales, pour le coup, puisque ses spartiates agissent presque comme des bushi japonais totalement possédés par un sens martial de l'honneur - On peu ici penser à l'histoire des 47 Ronins, ou à certains préceptes de l'Hagakure.
Miller est en outre un admirateur du "Lone Wolf & Cub" de Koike et Kojima, dont il a assuré quelques couvertures de la version américaine, et dont il fait apparaître le héros dans une scène de Sin City - L'Enfer en Retour - Scène où apparaît également un spartiate soit dit en passant...

300 appuie donc sur le champignon de l'épopée mythique pour s'emparer d'un de ces évènements exemplaires (Et toujours belliqueux) qui jalonnent l'Histoire, et en faire une sorte d'élégie baroque dédiée aux Grands Hommes. Car il n'y a de salut que dans le torse des héros qui émergent de la médiocrité et de l'apathie des peuples, spécialement lorsque ceux-ci jouissent de leur libre arbitre. On notera également que les méchants décadents sont maigres et/ou difformes, tandis que les gentils sont beaux et athlétiques. Ou le "Mens sana in corpore sano" à la mode super-héroïque.

L'adaptation prépubère de Zack Snider, adepte de l'auto-défense, du tir aux pigeons et du premier degré, glisse d'ailleurs sur cette pente savonneuse en y ajoutant une avalanche de clichés complaisants et maniérés… C'est mon avis hein, mais ça vaut pas un Milius de la bonne époque.

Si la note d'intention manque donc de maturité et de nuances ironiques pour être vraiment convaincante, le résultat n'en demeure pas moins enlevé, et délivre bel et bien une charge épique réjouissante totalement bâtie sur le graphisme et les compositions remarquables de Frank "Dirty" Miller.
Gauche-a-Droite
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le 15 mars 2014

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