Une perfection infernale, Vol. 2

---critique avec peu de spoils ---

Nous voilà en prise avec le 2nd tome des aventures de Spawn – la saga infernale, c'est à dire, malgré ce nom particulier, ce qui arrive après le numéros #200 du célèbre comic. Ce tome contient les numéros 207 à 212. Après avoir dévoré deux fois d'affilé le tome 1, je me dis que le second va être un moment de joie intense, un pur plaisir. Je ne me suis pas trompé, il faut l'avouer, et cela malgré la vitesse de lecture, on grignote sans soucis les 140 pages, heureusement la densité d'information oblige le lecteur à prendre des pauses de temps en temps, ce n'est pas un mal, mais malheureusement, n'espérez pas mettre 1 semaine pour le lire non plus. C'est le gros problème des comics : trop rapide à lire après 6 mois d'attentes.

Bon déjà au niveau dessin, Kudranski fait encore des merveilles. Avec le même style graphique que dans le premier numéros, il arrive à nous éblouir tout en évitant les scènes que l'on pourrait juger confuse visuellement (quand on confond Marc et Jim dans le premier tome par exemple), un progrès agréable bien que ce ne fusse pas un handicap tellement c'était rare par le passé.
Chaque ambiance a son registre de couleur et nous naviguons avec joie entre l'ambiance film d'horreur du début, l'aspect sombre de rat's city, le coté révélation qu'offre le clown, la grande lumière que vit Twitch et aussi, mais pas assez à mon goût, le coté sanglant des pages avec Bludd. Décidément, ce personnage me plaît, il apporte une ambiance franchement malsaine tout en ayant un coté grand patron démoniaque digne de « L'associé du diable ».

Globalement depuis ma critique sur le tome 1, je n'ai pas grand chose à ajouter à l'ambiance, c'est à la fois plus malsain encore (si si, c'est possible) que le Spawn version Al Simmons, mais aussi plus mature. Le sentiment que tout le monde complote est très présent.
On pourra noter que ce tome sert d'explication, en effet le Violator est amené à mettre pas mal de choses au point. L'habitué de Spawn n'apprendra rien sur le fonctionnement de l'Enfer, sur qui sont Malebolgia, Al Simmons ou le Violator, mais nous voyons ici une porte d'entrée pour le néophyte. Porte d'entrée qui arrive relativement tard, on peut le regretter. Toutes ses explications sont cependant utiles, même dans la forme, en effet, le clown prend vraiment une personnalité différente de ce que nous avons pu voire par le passé. Il s'agit clairement d'un démon de grande envergure et c'est un plaisir de le voir se transformer (métaphoriquement) en chef de guerre. De plus le style de dessin flash-back est géniale, les couleurs sont plus claires et nous font comprendre les références à tant de choses passés. Le dernier chapitre, en plus de rappeler la somme d'information nécessaire pour la compréhension de Spawn, saura émouvoir le fan de longue date en mettant en avant des références au Spawn Gunslinger, aux débuts d'Al Simmons (quand il se battait avec le Violator) mais aussi à Mammon et Morana, preuve si il en est que cet arc là reste dans la continuité du comics et qu'on ne parle nullement de l'effacer.

En parlant de continuité, un choix bien spécial est fait dès le chapitre 1 avec le retour de Hel. Vous savez, l'impératrice de l'Enfer, ancienne maîtresse de Malebolgia que l'on pouvait voir dans la série Hellspawn. Vu la fin de cette série j'ai toujours considéré que c'était un délire graphique hors-continuité. Il est intéressant de noter que pourtant cela est maintenu dans l'histoire. J'attends avec impatience de revoir ce personnage et de comprendre jusqu'à quel point la saga Hellspawn va être lié à notre Spawn actuel.

Sinon, a-t-on des révélations ? Pour être honnête pas tant que ça. Certes on comprend mieux le cas de Sam et c'est un vrai plaisir sur ce point. Mais ce tome sert surtout à dire aux personnages principaux ce que le lecteur sait déjà. Comme je le disais plus haut, c'est toujours un plaisir malgré tout de lire la mythologie du Hellspawn. Vraiment, cela est incroyable le plaisir que l'on peut prendre à voir les explications du Clown, que pourtant on connaît. Mais justement on se demande jusqu'où il est prêt à révéler des choses, jusqu'à quel point il fait confiance à Jim. Ca nous permet de bien mieux comprendre ce Clown, si ancien et si nouveau à la fois. Tout le long des négociations avec le Clown, j'ai l'impression de me retrouver dans un film de gangster ou sur la mafia, tant la tension est palpable.

Les autres démons ont évidemment la classe, le trio de tueur (transformé en duo dans le volume précédent) de vampire-démon est vraiment génial, c'est un plaisir de voir ce point comme référence « d'une élite de combattants ». Jim, lui, reste très actif, et la fin nous laisse présager comment il compte agir à l'avenir. Certes, il est très différent d'Al Simmons, mais je me demande si je ne le préfère pas lui que notre cher Spawn historique, qui passait son temps à gémir et se lamenter sur son sort. Jim est prêt à agir … Mais ne risque-t-il pas d'être encore plus manipulable.
Pourtant la BD oublie deux personnages, le premier c'est Malebolgia, qui est souvent mentionné mais qu'on ne voit jamais, et ça c'est bien dommage. Le second est l'Oméga Spawn, censé être le combattant ultime, le maître actuel de l'Enfer, on l'a carrément oublié … J'espère qu'on réparera vite cet erreur.

Comme le tome précédent de Spawn – la saga infernale, ce volume 2 est parfait en tout point pour le public ciblé. Car oui, ce n'est pas du grand public, mais l'amateur de comics doublé du connaisseur de l'univers de Spawn verra dans cette saga la plus grande réussite de 2012. Loin devant, à mon sens, l'édition des BD post-News 52 de chez DC Comics.
La question serait, cette nouvelle saga (infernale) peut être lu par un néophyte, qui devra attendre le tome 2 avant d'avoir les explications nécessaires pour comprendre un minimum ce monde démoniaque ?