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Les derniers épisodes d'Alpha Flight réalisés par John Byrne

Ce tome contient les épisodes 20 à 29 de la série alpha Flight, ainsi que l'épisode 313 de la série "Incredible Hulk", parus en 1985. Les scénarios et dessins sont de John Byrne, sauf pour Alpha Flight 29 et Incredible Hulk 313 dont les scénarios sont de Bill Mantlo. Ce tome fait suite à Alpha Flight classic 2 (épisodes 10 à 19) qu'il vaut mieux avoir lu avant.


Épisodes 20 & 21 - Jeanne-Marie Beaubier et Walter Langowski se rendent sur île au large de Vancouver qui abrite la demeure familiale des Langowski. Ce sera l'occasion de rencontrer l'une des ancêtres de cette famille, ainsi qu'un ennemi classique des Fantastic Four. Épisode 22 - Les jumeaux Jeanne-Marie et Jean-Paul Beaubier viennent en aide à une propriétaire de cirque qui a des difficultés avec la femme quintal.


Épisodes 23 & 24 - L'histoire change un peu de registre avec plusieurs membres d'Alpha Flight (Northstar, Aurora, Shaman, Talisman, Puck et Snowbird) luttant ensemble contre le reste des Grandes Bêtes pour récupérer l'âme de l'un des leurs. Épisodes 25 à 28 - Omega Flight est de retour. Leur objectif : l'anéantissement des membres d'Alpha Flight.


Dans la postface, John Byrne explique qu'avec ces histoires il était arrivé au bout de ce qu'il avait à raconter sur ces personnages. Dans les 3 premiers épisodes (20 à 22), il reprend le principe de mettre en avant 2 membres d'Alpha Flight dans une aventure, et de faire apparaître les autres dans des scènes de transition pour les développer. Dans les 6 suivants, il met en scène Alpha Flight comme une équipe plus traditionnelle. Au fil des épisodes, le lecteur constate que Byrne a déjà tiré toute la substantifique moelle des personnages de Puck, Northstar et Snowbird qui n'évoluent pas ou très peu. Par contre, il mène à leurs termes les idées qu'il lui reste pour Aurora, Sasquatch, Shaman et Talisman. Ce sont des superhéros qui ne sont pas figés dans un statu quo gravé dans le marbre. Comme pour les tomes précédents, il s'agit là d'un des principaux atouts de ces histoires.


En ce qui concerne les intrigues proprement dites, Byrne entraîne son lecteur dans des histoires efficaces et originales pour les 2 premières. La lutte contre les Grandes Bêtes est un peu décevante car ce qui s'annonçait comme un affrontement à grande échelle finit en pétard mouillé pour ne servir qu'à faire passer un personnage d'un état à un autre. Marvel Comics a effectué un choix assez déconcertant en matière de couverture pour ce volume puisqu'elle révèle l'issue de l'intrigue principale des épisodes suivants. Pour avoir lu ces épisodes sans en connaître le dénouement, j'avais pu apprécier l'intelligence du scénario qui arrive à convaincre le lecteur de la situation et à le placer dans l'incertitude. Il faut dire aussi que ce genre de retournement de situation n'était pas encore devenu un artifice pour doper les ventes à l'époque de la parution de ces épisodes. Avec le recul et à la deuxième lecture, certains éléments deviennent moins convaincants tels les petits robots qui s'assemblent entre eux, comme des Transformes du pauvre, ou les ennemis qui n'achèvent jamais les héros lorsqu'ils en ont l'occasion.


Comme pour les épisodes précédents, Byrne continue à martyriser ses personnages de manière sadique, en les faisant souffrir tant et plus. Chaque membre d'Alpha Flight souffre de sa condition (par exemple Jeanne-Marie de ses troubles bipolaires de la personnalité), de ses relations avec autrui (Michael Twoyoungmen vis-à-vis de sa fille, ou Puck vis-à-vis d'Heather), de ses blessures (encore Jeanne-Marie, Walter Langowski). Byrne s'ingénie à accentuer le mal-être de chacun de ses personnages. D'un coté le lecteur peut apprécier de voir les situations évoluer et les individus se remettre en question ; de l'autre il peut finir par naître un vrai malaise à force de voir chaque situation personnelle toujours empirer.


La composante touristique reste présente, en filigrane, moins marquée que dans le premier tome. Byrne continue de mettre en valeur quelques paysages, que ce soit la belle nature épanouie sur l'île autour de la demeure familiale, ou le plus grand centre commercial du monde (à son époque). Bob Wiacek encre les épisodes 21 à 26, Keith Williams encre les épisodes 20, 23, 27 et 28. L'un comme l'autre ils font du bon travail, même si Williams est plus minutieux que Wiacek. Bien qu'il ne s'encre pas lui-même, Byrne reste fortement impliqué dans les dessins, ce qui se ressent au niveau de la fréquence des décors, mais aussi dans certaines cases qui font preuve d'originalité. Le langage corporel de Jeanne-Marie / Aurora est de plus en plus marqué du fait de son évolution psychologique et Byrne capture bien le coté aguicheur d'Aurora. La femme quintal (Pink Pearl) est une grande réussite graphique dans sa simplicité imposante. L'environnement de la dimension des Grandes Bêtes en impose par le choix du blanc et par la minutie de l'encrage, une séquence très réussie. Le sauvetage extraterrestre fait lui aussi preuve d'une belle inventivité, avec un vaisseau (page 154) dont la forme ressemble étrangement à celle du vaisseau qui emmènera Kal El de Krypton dans la série Superman réalisée par Byrne. Lors de l'affrontement principal dans le centre commercial, Byrne propose une vision de l'intérieur de la sacoche de Shaman, elle aussi très réussie, avec des motifs de vitrail. Pour être honnête, tout n'est pas parfait : le costume de Talisman est toujours aussi ridicule avec ces ballerines pourvues de petits talons et d'ailettes, ou ces Transformers à l'apparence basique et maladroite.


Pendant ces épisodes, Alpha Flight est confronté au crossover obligatoire avec Secret Wars II, et une aventure supplémentaire se glisse entre les épisodes 21 et 22 avec Loki, réalisée par Chris Claremont et Paul Smith. Elle n'est pas incluse dans ce tome mais a été rééditée dans The Asgardian wars.


À l'issue de l'épisode 28, les responsables éditoriaux de Marvel Comics avaient organisé une opération peu commune : l'équipe créative d'Alpha Flight (John Byrne) échangeait de série avec celle d'Incredible Hulk. L'épisode 313 de cette série, ainsi que l'épisode 29 d'Alpha Flight sont donc réalisés par Bill Mantlo (scénario) et Mike Mignola (débutant) avec Gerry Talaoc pour les illustrations. Ces 2 épisodes sont inclus pour apporter une forme de résolution à la situation de Walter Langowski et un nouveau point de départ à Alpha Flight. Le décalage entre le mode narratif de Byrne et celui de Mantlo est immense et ces 2 derniers épisodes sont d'une médiocrité catastrophique. Dans le cadre de cette permutation, Byrne a repris la série de Hulk le temps de quelques épisodes réédités dans Hulk Visionaries (épisodes 314 à 319, annual 14 et Marvel Fanfare 29).


Dans ce dernier tome des aventures d'Alpha Flight par leur créateur, Byrne a toujours autant d'idées pour ces personnages qui continuent d'évoluer (et de souffrir, qui aime bien châtie bien, mais là ça fait beaucoup quand même) pour des aventures distrayantes, avec des dessins de bon niveau. Il est à regretter que Marvel Comics ait éventé une partie significative de l'histoire en choisissant cette couverture.

Presence
8
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Créée

le 18 avr. 2020

Critique lue 32 fois

Presence

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