Amours volatiles
6.9
Amours volatiles

BD de Ptiluc (1987)

Quoi de plus naturel que de sortir sa plume pour parler d'un canard?


Ce one-shot de Ptiluc est l'une de ses vieilles créations, et pourtant c'est à mon sens son conte philosophique le plus abouti, à l'instar des meilleurs tomes de la série Pacush blues.


On y trouve avec intérêt le dessin plus ancien de l'auteur, plus "académique" peut-être, les traits sont nets et précis mais encore maladroits, dans la lignée des descendants de la génération Gotlib, assez loin donc de l'aspect un peu sale, suave et fondu qui définit l'identité des Pacush ou l'évolution plus informatique des Rat's.


Amours volatiles commence comme une relecture du vilain petit canard, avant de prendre plusieurs directions inattendues; en effet l'histoire se dandine entre phrasés chiadés poussant la réflexion assez loin, en passant par une page violente et décalée évoquant les plus obscurs comics underground, ensemble lié par la romance semi-volage entre l'animal et une jeune fille, le tout débouchant sur un final surprenant et complètement déjanté qui vous en bouche un coin (coin).


L'on ne sait pas, en refermant l'album, si ce qu'on vient de lire est plutôt poétique, cynique ou fou, avant de réaliser que c'est un cocktail des trois.


Le fil conducteur dans ce voyage délirant, c'est un thème récurrent très cher à Ptiluc et qui transparaît dans la majorité de ses BD: un personnage qui pense et cherche un sens à son existence, perdu au milieu des autres caractères, primaires et stupides, se contentant de leur condition prédéfinie.
Je devine dans cette allitération artistique une expression plus où moins consciente du ressenti personnel de l'auteur. À travers son vilain petit canard -et plus souvent ses rats- je crois que Ptiluc nous raconte sa propre difficulté à vivre parmi l'humanité en se sentant bien différent de la masse qui la constitue; contraint parfois à devoir rester dans son coin (coin).


Tout l'art narratif et la folie créatrice de Ptiluc se condensent dans ces pages, surtout agréables pour le récit qu'elles contiennent, mais aussi très soignées graphiquement.

Veather
8
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le 28 juin 2015

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Veather

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