Ce tome constitue un recueil de 4 numéros annuels : Thanos annuel 1, Uncanny Avengers annuel 1, New Avengers annuel 1, Avengers annuel 1. Il s'agit de 4 histoires indépendantes entre elles, mais rattachées de plus ou moins près à la continuité du moment, initialement parues en 2014.


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- Thanos annual 1 (scénario de Jim Starlin, dessins de Ron Lim, encrage d'Andy Smith) - L'histoire commence lors de la fin du premier affrontement de Thanos contre les Avengers (voir Avengers vs. Thanos). Captain Marvel assène le coup de grâce et Thanos se retrouve sans conscience dérivant dans l'espace. Son âme finit au royaume de Mephisto (le Satan de l'univers Marvel). Alors que Mephisto commence à l'entreprendre, un avatar de Thanos fait son apparition, portant le gant de l'infini.


Dans cet annuel de 2014, Jim Starlin, le créateur de Thanos, réalise un exercice de style très habile. (1) Il se sert de cette histoire pour raconter un résumé de la carrière de Thanos au sein de l'univers Marvel, en choisissant surtout les histoires qu'il a réalisé lui-même, et en oubliant systématiquement de mentionner les autres.


(2) Il consolide la continuité du personnage, en révélant que Thanos s'est servi du gant de l'infini et de son omnipotence (voir The infinity gauntlet) pour ausculter sa vie passée, et future. (3) Il intègre cet épisode à la continuité actuelle (en 2014) de l'univers partagé Marvel, en annonçant à mots couverts le rôle joué par Thanos au sein de la Cabale, voir Time runs out, volume 1 et suivants.


Pour l'occasion (cet unique épisode), les responsables éditoriaux ont choisi de faire appel à Ron Lim, dessinateur ayant déjà travaillé avec Starlin sur la série Silver Surfer (voir Rebirth of Thanos, et sur les crossover Infinity). Ron Lim exécute un travail de bon artisan. Il varie son découpage de cases en fonction de la nature des séquences. Il a effectué son travail de recherche de références avec soin et rigueur.


Toutes les cases évoquant des faits passés reprennent les mises en scène du comics en question, et reprennent avec exactitude les costumes de l'époque des superhéros concernés. L'encrage appliqué et méticuleux d'Andy apporte une finition apparente qui éloigne les dessins de l'esthétique des années 1980, pour les rendre plus soignés.


Pour le lecteur connaissant le personnage, il s'agit d'une révision bienvenue, et d'une mise en perspective de l'historique du personnage par son créateur. Pour le nouveau lecteur, il s'agit de visions alléchantes de récits mythiques (Le gant de l'infini) ou obscurs (Thanos gras du bide, avec une tête d'œuf) permettant de découvrir toute la richesse de son histoire. 8 étoiles.


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- Uncanny Avengers annual 1 (scénario de Rick Remender, dessins et encrage de Paul Renaud) – Pour la nième fois, Mojo a décidé de manipuler quelques mutants (avec des Avengers) pour créer un programme télé de divertissement destiné à décrocher les meilleurs taux d'audience, et donc de maximiser les revenus générés par la publicité.


Cette histoire est un peu à part puisqu'elle a une importance toute relative dans le récit très ambitieux de Remender (voire aucune importance par rapport à la série mensuelle des Uncanny Avengers). Il s'agit d'un récit à tendance satirique, comme souvent lorsque Mojo et son entreprise de divertissement interviennent. Remender commence fort en mettant en scène Mojo, en butte aux désidératas des responsables éditoriaux. Il propose des idées de scénarios (qui sentent un peu le réchauffé) et en face les costumes-cravates empilent restrictions, contraintes et interdictions, affadissant chaque idée. Remender dresse une caricature directe des réunions de responsables éditoriaux encadrant leurs scénaristes, pour l'utilisation des superhéros Marvel, dans leurs séries respectives.


Le lecteur comprend vite que cette histoire est à prendre au second degré et qu'elle vaut surtout pour le métacommentaire sur la rédaction de scénario sous tutelle. L'histoire est assez linéaire, avec quelques personnages très obscurs (Manphibian, créé en 1975, avis aux experts de l'univers partagé Marvel) et quelques comportements plus loufoques que contraires aux personnages. La narration perd beaucoup de sa pertinence dès que Mojo ne figure pas dans la scène pour entretenir le second degré.


Les dessins sont réalisés par Paul Renaud, avec une approche embrassant toute la démesure des récits de superhéros, évoquant parfois l'aspect esthétique des dessins de Terry Dodson, ou l'encrage de Kevin Nowlan. Le résultat est dynamique et très agréable à l'œil, et le lecteur prend vite conscience que Renaud éprouve un petit faible pour Wanda Maximoff dont le visage est toujours peaufiné, exsudant une forte personnalité, à la fois séduisante et intimidante.


Cet épisode fournit son quota de divertissement grâce à des dessins très plaisants, et une critique qui fait souvent mouche à l'encontre de la gestion d'intérêt associée aux personnages propriétés intellectuelles de grand groupe d'édition. 8 étoiles.


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- New Avengers annual 1 (scénario de Frank Barbiere, dessins et encrage de Marco Rudy) -


Il s'agit d'une histoire consacrée au Docteur Strange, se déroulant après New Avengers Volume 3: Other worlds (en particulier l'épisode 14). Le récit se déroule au présent, alors que Docteur Strange effectue un voyage dans les montagnes du Tibet, et rejoint une communauté de moines. L'un d'entre eux lui demande son aide car, la princesse Phan est possédée par une entité démoniaque. En parallèle, le récit revient à l'époque où Stephen Strange était un brillant chirurgien réussissant toutes ses interventions.


Frank Barbiere s'est vu offrir la possibilité d'écrire une histoire sur l'un des Illuminati, il a choisi Stephen Strange. Son récit confronte ce personnage à 2 combats de nature différente. Dans le premier, la vie d'une jeune femme est en jeu, et il doit utiliser sa terrible puissance acquise récemment, pour la sauver. Dans l'autre (dans le passé), il choisit de se lancer dans une intervention à laquelle tous ses confrères ont renoncé.


Frank Barbiere emmène le lecteur dans des confrontations qui reposent sur la personnalité propre de Stephen Strange, éloignée de tout affrontement générique. Il est possible d'en deviner l'issue, mais le scénariste sait rendre compte de l'enjeu personnel pour Strange, et du prix à payer, qui n'est pas forcément celui attendu.


Cette histoire bénéficie des savantes compositions de page de Marco Rudy. Cet artiste a proscrit l'usage de cases rectangulaires, et de composition sagement rangées en bandes horizontales. Il articule ses cases en de savantes arabesques, délimitées par des bordures gorgées de symboles. Cette approche conceptuelle peut s'avérer fatigante sur plusieurs épisodes (voir Marvel Knights - Spider-Man: Fight night), mais ici elle s'avère pertinente pour rendre compte des méandres de l'utilisation de la magie. Le lecteur se retrouve ainsi transporté dans un monde qui participe de forces occultes, mais aussi des forces de l'esprit pour une visualisation très riche de la bataille en train de se livrer.


Cette histoire emmène le lecteur dans un univers visuel déstabilisant, entièrement adapté à la nature du récit dont les affrontements, remettent en cause les convictions de Stephen Strange, et sa manière de faire. La narration par les mots manque un peu de poésie, et l'emploi systématique de découpages de page tarabiscotés dessert un peu les scènes dans l'hôpital. 8 étoiles.


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- Avengers annual 1 (scénario de Kathryn Immonen, dessins et encrage de David Lafuente) – C'est le soir de Noël. Les Avengers finissent de faire faire une visite guidée de leur quartier général à un groupe de gamins. Chacun part sur son lieu de villégiature, laissant Captain America (Steve Rogers) assurer la permanence. Ce dernier branche les systèmes de sécurité et va prendre un verre avec un vétéran désabusé. Dans Avengers Tower, Zamira sort de sa cachette et commence à explorer. Lorsque Steve Rogers revient, il doit faire appel aux autres membres de l'équipe pour remettre de l'ordre, à savoir Black Widow, Iron Man, Hulk, et Shang-Chi.


Pour ce numéro annuel, Kathryn Immonen écrit une comédie légère, avec un parfum de vacances. Les Avengers ont la répartie facile. Zamira dispose d'un superpouvoir qui lui permet de mettre la pagaille. Les Avengers se retrouvent désarçonné, en particulier Tony Stark qui n'arrive plus à se faire obéir des systèmes automatiques de la Tour. La narration oscille entre comédie bon enfant, et comédie de situation pas toujours convaincante.


Les dessins de David Lafuente ne rehaussent pas le potentiel comique du récit. En fonction des pages, il modifie son approche esthétique. Il peut y avoir des cases réalistes, avec de nombreux détails, comme des superhéros représentés de manière exagérée pour un effet comique. Certaines expressions accentuent le mécontentement comique des personnages, d'autres tombent à plat. Celui qui s'en sort le plus mal est certainement Bruce Banner (impossible de le reconnaître avec certitude tant qu'un de ses collègues ne l'appelle pas Bruce), à égalité avec son alter ego Hulk, représenté comme un gros lourdaud idiot. L'exagération du langage corporel n'est pas toujours efficace non plus.


Ce dernier numéro annuel se laisse lire, arrachant quelques sourires, mais il manque d'unité (la partie entre Steve Rogers et l'ancien combattant, émouvante, mais sans rapport avec le reste du récit). L'humour d'Immonen et de Lafuente oscille entre la comédie sophistiquée et la mauvaise comédie de situation. 5 étoiles.

Presence
8
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le 24 août 2019

Critique lue 59 fois

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