La Terre transformée en colonie pénitentiaire

Ce tome regroupe le numéro prologue "Maximum security - dangerous planet", ainsi que les 3 épisodes de cette minisérie (scénario de Kurt Busiek et dessins de Jerry Ordway). Il comprend également 3 pages de "Iron Man" 34 (l'arrivée d'un extraterrestre pas comme les autres sur terre), Captain America 36 (par Dan Jurgens au scénario et aux dessins), "Thor" 30 (scénario de Dan Jurgens, dessins d'Andy Kubert), "Uncanny X-Men" 387 (scénario de Chris Claremont, dessins de Salvador Larroca), "Bishop" 15 (scénario de Joseph Harris, dessins de Georges Jeanty), "Iron Man" 35 (scénario de Joe Quesada & Frank Tieri, dessins d'Alitha Martinez), "Avengers" 35 (scénario de Kurt Busiek, dessins John Romita junior), "Gambit" 23 (scénario de Fabian Nicieza, dessins de Yannick Paquette), "X-Men" 107 (scénario de Chris Claremont, dessins de Leinil Francis Yu), et "X-Men unlimited" 29 (scénario de Joe Pruett, dessins de Brett Booth). Tous ces épisodes sont parus en 2000/2001.


Selandiar : c'est la planète qui accueille les réunions du Conseil des 8 galaxies de l'univers connu, avec les représentants de toutes les races correspondantes (sauf les humains qui ont un statut à part). Lors d'une réunion du Conseil intergalactique présidé par Lilandra Neramani (majestrix des Shi'ar), un conseiller diffuse un enregistrement dans lequel Charles Xavier intervient dans une nurserie skrulls pour sauver des mutants skrulls d'une mise à mort au nom de l'eugénisme, avec l'aide du Cadre K. Pour la majorité des représentants, c'est l'ingérence humaine de trop et le Conseil vote la mise en quarantaine de la planète terre. Les représentants de la race des Ruul proposent de se servir de cette mise à l'écart pour transformer la Terre en colonie pénitentiaire qui accueillerait les repris de justice des 8 galaxies. Dans l'une d'elles, Ego (la planète vivante) vient de faire sa réapparition et a décidé de réveiller et libérer une succession de planètes (malheureusement les populations indigènes sont à inscrire au titre des dommages collatéraux). Sur Terre, un couple de paysans âgés recueille un extraterrestre dans une scène qui évoque l'arrivée de Kal-el dans le champ de Pa & Ma Kent. Captain America lutte contre Mercurio (un extraterrestre) qui voit une opportunité de s'évader de la Terre. USAgent découvre la présence d'extraterrestres sur Terre. Les Avengers découvrent la présence d'un vaisseau camouflé dans l'atmosphère terrestre qui sert de relais pour faire transiter les criminels. Bishop revient vers la Terre, Beta Ray Bill également.


L'épisode "Dangerous planet" donne le ton de l'histoire. Ego, une entité douée de conscience en forme de planète, essaye d'éveiller la conscience d'autres planètes par un procédé qui anéantit toute possibilité de vie à la surface. L'approche d'Ego ne provoque aucune perturbation de la gravité malgré sa masse. Ego est capable de s'exprimer à haute voix dans le vide de l'espace, jusqu' à l'atmosphère d'une autre planète. Et il faut voir ses transformations tout au long de l'histoire, pour les croire. Kurt Busiek a choisi une forme primaire de science-fiction qui fait fi des lois élémentaires de la physique. Le scénario oscille entre la série B et la série Z, sur un ton premier degré. Le point de départ de transformer la terre en colonie pénitentiaire est bien trouvé, même si comme par enchantement tous les représentants des centaines de race extraterrestre respirent l'atmosphère terrestre sans aucune difficulté, ni aucune aide.


La construction du récit repose sur une narration chorale, chaque épisode des autres séries venant apporter sa pierre à l'édifice. La coordination éditoriale est de bon niveau, il n'y a quasiment aucune incohérence d'un segment à un autre, malgré le nombre de personnages. Les séries impliquées correspondent aux principaux Avengers (Thor, Iron Man et Captain America), et aux séries X-Men. Tout d'abord, il est agréable de découvrir que chaque épisode se lit facilement sans avoir l'impression d'être perdu au milieu d'une intrigue absconse. Évidemment certains épisodes ressortent plus que d'autres. Parmi les très bonnes surprises, il y a l'épisode de Thor avec Beta Ray Bill et Malekith qui prouve que Dan Jurgens maîtrise sa mythologie nordique et qu'Andy Kubert sait donner toute sa majesté à Thor. Avec 2 épisodes des X-Men, Chris Claremont prouve qu'il était toujours le roi du résumé et de la densité émotionnelle, avec deux dessinateurs très en forme (Salvador Larroca avec un très bel encrage de Tim Townsend, et Francis Leinil Yu avec un superbe Nightcrawler). J'ai été surpris par la force de la mise en page de John Romita junior pour l'épisode des Avengers. Il avait déjà arrêté de fignoler les visages, mais sa composition de page, ses cadrages et les postures des superhéros sont impressionnants de présence régalienne. L'épisode de Gambit permet de se rappeler que Yannick Paquette a une forte propension à dessiner ses personnages féminins dans des postures piochées dans les magazines de charme. Avec le recul, il semble incroyable que Bishop et Gambit aient chacun pu bénéficier de leur série mensuelle continue.


L'intrigue principale se déroule avec son lot de révélations, de coups bas, d'actes de bravoure, de machination du grand méchant ayant tout planifié dans l'ombre pour se venger des terriens et regagner le dessus sur les autres races extraterrestres des 8 galaxies. Kurt Busiek emmène le lecteur dans une série Z avec un grand nombre de personnages, des combats homériques, quelques pointes d'humour (décidemment ce ne sont vraiment pas Pa & Ma Kent) et une connaissance impressionnante de chacun des superhéros qu'il fait intervenir. Le lecteur est emporté par le tourbillon d'un récit à très grand spectacle, sans prises de tête. Il n'y a qu'à se laisser porter en acceptant d'augmenter le niveau de suspension consentie de l'incrédulité. Jerry Ordway s'en sort un peu moins bien. Il use jusqu'à 3 encreurs par épisodes et il est visible qu'il a de plus en plus de mal à finir ses pages d'épisode en épisode. Le dernier ne semble avoir bénéficié que d'esquisses rapides, mal finies par des encreurs incapables de pallier les manques des dessins.


Maximum Security bénéficie d'un scénario bien articulé, dans le registre du comics de superhéros très éloigné de tout réalisme, avec des dessins pas toujours à la hauteur. Les épisodes des séries mensuelles permettent au lecteur de se replonger dans l'univers Marvel des années 2000. Votre appréciation de cette histoire sera donc fortement dépendante de votre sensibilité à l'aspect nostalgique pour cette époque.

Presence
5
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le 2 avr. 2020

Critique lue 54 fois

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