« Bataille » est le cinquième tome de « Weëna ». Cette série se compose actuellement de huit tomes. Donc cet opus marque l'entrée dans la deuxième partie de la saga. Sa parution chez Delcourt date de février deux mille sept. D'un format classique, il est vendu pour un prix proche de quatorze euros. La couverture nous présente Gwylym, en armure sur son destrier. Néanmoins, son regard est triste malgré le soleil qui semble apparaitre derrière les nuages sombres qui envahissent le ciel. C'est la présence d'Eric Corbeyran au scénario qui m'avait attiré vers cette série. Je le connais par mes lectures de « Le chant des stryges », « Le maitre de jeu », « Château Bordeaux » ou « Uchronies ». Pour « Weëna », il s'est associé à Alice Picard, chargée des dessins. Elle m'était jusqu'alors inconnue.

La quatrième de couverture nous présente le résumé suivant : « Weëna et Opéra sont parvenues à fuir le cloître des sœurs de glace et le piège habilement préparé par Morckoor et sœur Keëtha. Espérant semer définitivement Morckoor, elles décident d'embarquer pour Nym-Bruyn. Mais le prince maudit n'est pas près de renoncer à épouser Weëna. Quant à Gwylym, promu général de l'armée impériale. Il voit enfin son rêve se réaliser : devenir un grand guerrier...

« Weëna » s'inscrit dans la grande liste de série des fantasy. Elle utilise tous les ingrédients pour nous offrir une trame dont on reconnait les grandes lignes. On découvre une grande galerie de personnages dont les destins, les tenants et les aboutissants sont emplies de zones d'ombre et d'interrogation. Cette diversité de protagoniste ne cesse de s'intensifier au fur et à mesure que les albums apparaissent. Cela a pour conséquence de nous offrir un cinquième tome plutôt dense sur cet aspect-là. Du côté des lieux, on voyage énormément comme souvent dans ce genre d'aventures. Néanmoins, l'originalité n'est pas de sortie dans ce domaine-là. La série ne crée par une identité géographique propre. Malgré tout, le dépaysement reste suffisamment réussi pour qu'on se sente impliqué dans l'histoire. Le nom de l'élue est clairement indiqué par le titre de la saga. On s'intéresse ainsi particulièrement à chacun de ses actes.

Depuis plusieurs tomes, la trame se décomposait en trois intrigues. La première était centrée sur Weëna et Opéra qui fuyait éternellement. La deuxième tournait autour de Morckoor qui cherchait à mettre la main sur les fugitives évoquées précédemment. Enfin, on suivait les pérégrinations de Gwylym et Miureal à travers le monde. L'un est le meilleur ami de l'héroïne et l'autre est son ancienne nourrice. « Bataille » marque une rupture dans cette routine narrative. Gwylym et Miureal sont séparés. Cette dernière croise Morckoor. Cela rend la lecture active et nous ravit. Il est toujours agréable d'être surpris. De plus, certains repères chancellent et certains jugements manichéens sont effrités. Enfin, le passé d'un des personnages principaux est révélé et apporte son lot d'informations. Cela nous offre une lecture agréable et sans longueur. Même si finalement, la trame avance relativement peu entre le début et la fin du tome, on ne peut pas dire que cet album soit dénué d'intérêt.

L'univers dans lequel gravitent les personnages possède une réelle profondeur. Sans tomber dans des grands monologues explicatifs, l'auteur arrive à nous faire acquérir des bases sociales, politiques et historiques. On s'implique ainsi davantage dans l'histoire. Cette immersion est également facilitée par le trait d'Alice Picard. Son style n'est pas révolutionnaire mais il accompagne parfaitement nos aventures. Les décors ne sont excessifs sur aucun aspect mais rendent l'univers crédible. Les protagonistes ne donnent pas l'impression de se mouvoir dans un monde créé au fur et à mesure que les pages défilent. Au contraire, tout a l'air savamment créé. De plus, la dessinatrice nous offre une galerie de personnages très réussis. Ils possèdent tous une identité propre qui se traduit soit par leur physique ou par les expressions de leurs visages.

En conclusion, « Bataille » confirme la qualité constante de « Weëna ». A aucun moment, la série ne voit son attrait diminuer. Cette capacité à maintenir son intérêt compense largement le classicisme de l'histoire. On accepte plus facilement l'absence d'originalité réelle quand la vieille recette est sérieusement exécutée. Il ne me reste plus qu'à me plonger dans le sixième tome intitulé « Voyage » pour voir si cette agréable lancée se poursuit. Mais cela est une autre histoire...

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Eric17
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le 29 avr. 2012

Modifiée

le 13 août 2012

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