Laurie Jupiter est la fille de la première Spectre Soyeux, membre des Minutemen des années 1940. Quand cette dernière la presse de reprendre le flambeau et de devenir elle aussi une justicière costumée, Laurie décide de s’enfuir avec son petit ami Greg pour le San Francisco du Flower Power. Mais la route psychédélique qu’elle emprunte sera juchée d’embuches en tous genres pour cette jeune fille opiniâtre, et le passage à l’âge adulte ne se fera pas sans coups ni blessures.

Darwyn Cooke et Amanda Conner ont décidé de centrer leur histoire sur Laurie, sur un seul et unique moment de sa vie, alors qu’elle est adolescente, en pleine rébellion en plein caprice. Il faut dire cependant que la pauvre est littéralement harcelée par une mère méga possessive : Sally Jupiter, la première Spectre Soyeux ! Une mère qui ne recherche qu’une seule chose pour sa fille, la forcer à devenir une super-héroïne et la voir vivre la vie qu’elle a raté. Et pour cela, Lauri n’a le droit à aucune vie privée, elle n’a pas le droit de vivre sa vie d’adolescente. Forcément frustrant !
Et forcément, avec un tel climat familial oppressant, la rébellion couve. Et le conflit entre Laurie et sa mère va faire du bruit. La jeune fille va alors claquer la porte de la maison, et s’enfuir, en pleine nuit, avec SON Greg pour qui elle est prête à tout ! Sally restant alors seule avec son costume qu’elle voulait transmettre à sa fille. En chemin, ils vont croiser Chappy, Gigi et Eaqle, trois hippies qui vont prendre les deux jeunes sous leurs ailes et les laisser par eux-mêmes faire leurs premières expériences de la vie. Découverte de l’amour, premier petit boulot, l’indépendance en somme avec ses hauts et ses bas.

Mais on ne vie pas d’amour et d’eau fraîche. Et le délire peace and love and flower power ne va durer qu’un temps. Laurie et Greg vont fais l’amère découverte de l’envers du décor. Ils vont se retrouver confronter au crime, à des méchants sans scrupules mais, aussi et surtout, à la drogue ! Les envoyant dans un vilain trip ! C’est alors que Laurie n’aura d’autre choix que de revêtir un costume !... Et le fait de la voir avec son costume est véritablement comme une mue. Elle va grandir d’un coup, en vivant des moments difficiles, premières désillusions, premier chagrin d’amour, premier sang, première danse avec la mort et première rencontre avec elle. Tout cela en un court laps de temps. Le genre d’événements qui vous font mûrir, grandir, qui vous vont tout simplement passer de l’adolescence à l’âge adulte !

Darwyn Cooke et Amanda Conner se concentrent donc sur un court laps de temps dans la vie de Laurie, mais l’un des plus importants : celui où elle décide d’enfiler le costume d’héroïne et durant lequel elle va vivre un nombre d’événements déterminants pour sa vie. Mais surtout celui où elle va perdre l’innocence de la jeunesse et découvrir la cruauté et la difficulté de l’âge adulte. Il est amusant de voir cette ado rebelle, devoir vivre le pire pour se rendre compte que sa mère avait raison et ne lui voulait que du bien. Amusant car on s’y reconnait tous et Cooke et Conner retransmettent cela de la meilleure façon qui soit !

Mais plus que le scénario, ce sont les dessins d’Amanda Conner qui donnent tout son percutant et son pétillant au titre. Elle dépeint si bien cette ambiance hippy, avec toutes ces couleurs. Des dessins tout simplement empathiques. Elle arrive à mettre en valeur Laurie tant sur le plan physique que sur le plan mentale. Ses dessins sont vraiment vivants, et nous donnent vraiment l’impression de plonger dans l’esprit de cette adolescente.
Et que dire des cases représentant les pensées de Laurie, un peu à la Ally McBeal, lorsqu’elle rêve de faire certaines choses à certaines personnes, mais se cantonne à le penser en pleine discussion (comme le Cri de Munch quand elle hurle en elle !). C’est frais et follement amusant ! Et donne encore plus de réalisme, d’empathie à l’action, tant on l’a comprend.

Le grand défi de Before Watchmen, fut de trouver des choses nouvelles à dire sur ces différents personnages. Chose peu aisée tant Alan Moore et Dave Gibbons les avaient déjà bien travaillés, les avaient bien détaillés. Pour moi, il était aussi important que le lecteur se retrouve avec la même essence des personnages malgré les années, et surtout que cela nous apporte quelque chose de nouveau, nous apprenne des choses, de l’inédit en somme. Inédit ET intéressant ! Quelques titres réussissent cela (Minutemen, Ozymandias), d’autres échouent lamentablement (Rorschach, le Comédien…) et au milieu de cela on a Spectre Soyeux ! Une histoire divertissante, agréable à lire, magnifiquement dessinée mais qui ne m’apporte absolument rien au mythe de Laurie.

Bref, cette saga n’apporte rien de vraiment important à Laurie Jupiter ! N’apporte rien à Watchmen ! Mais, nous avons le droit, grâce à Darwyn Cooke et Amanda Conner, à une charmante petite histoire, pleine de couleurs, pleine d’émotions, des dessins quasiment parfait, un ton tellement juste, que nous pouvons tous s’imaginer à la place de Laurie ! Darwyn Cooke et Amanda Conner nous offre une belle odyssée de la vie avec le moment où nous sortons de la chrysalide de l’adolescence pour découvrir ce que le mot adulte veut dire !
Romain_Bouvet
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le 25 mars 2014

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Romain Bouvet

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