Betty Blues
7.5
Betty Blues

BD franco-belge de Renaud Dillies (2003)

« Betty Blues » est un ouvrage que je me suis offert il y a quelques semaines. J'ai décidé de me faire ce cadeau après avoir lu une autre série du même auteur intitulée « Abélard ». Cette dernière m'a ému au plus loin haut point. Je me devais de partir à la conquête de l'univers de Renaud Dillies. Dans l'album qui m'intéresse aujourd'hui, il s'est chargé du scénario et des dessins. Il a confié les couleurs à Anne-Claire Jouvray. « Betty Blues » est édité chez « Paquet » et sa parution date de deux mille trois. Le bouquin est de grande qualité et les pages très agréables au toucher. La couverture nous présente un oiseau en train de jouer de la trompette avec cœur, la tête couverte d'un sympathique chapeau à carreaux violets et noirs.

La quatrième de couverture nous offre le texte suivant pour nous présenter l'histoire : « Armé de sa trompette « Little Rice Duck » s'est taillé une belle réputation dans le Westwood. Ecumant les bars... Ambiances enfumées, Tequila Sunrise, Jazz... et transpiration... Une seule ombre au tableau, c'est Betty... Un putain de caractère trempé dans du champagne à plus de 50 $ la bouteille !!! Autant dire que « Little Rice » préfèrerait qu'elle reste au frais... La bouteille aussi... »

L'atmosphère de cette histoire se veut jazzy. Elle se construit autour d'un héros musicien, indissociable de sa trompette. Ce dernier subit une déception amoureuse tragique. Sa chérie le quitte pour un vieux riche. Cette chère Betty ne sort pas grandie. Elle quitte son musicien passionné pour du brillant et du cash sans sentiment. Cela génère naturellement une empathie immédiate pour le personnage principal. On ne lui souhaite pas nécessairement l'élue de son cœur mais plutôt de retrouver goût à la vie. On suit donc avec un intérêt certain ses pérégrinations pour survivre à son deuil sentimental.

Finalement, cet album est une fuite. Le héros cherche à s'éloigner le plus possible de l'être aimé. A aucun moment, il n'envisage de la reconquérir. Elle l'a quitté. La souffrance est telle qu'il doit partir loin, très loin. Parallèlement, il décide d'arrêter la musique. Ce nouveau départ n'est pas simple à concrétiser et on s'inquiète de voir cet être sensible partir sans savoir où et sans objectif autre que quitter son ancienne vie. Son voyage ressemble un petit peu à celui vécu par Abélard dans la série éponyme et sachez que ce n'est pas le moindre des compliments à mes yeux.

L'atmosphère n'est pas légère. En effet, l'ambiance est lourde tant le héros ne semble plus avoir goût à rien. On espère de le voir retrouver sourire et ce moment tarde à arriver. Cela n'est pas gênant dans le sens où la lecture nous possède et génère des émotions intenses. L'empathie pour ce petit volatile est d'une rare force. On est pleinement investi dans son histoire, on ressent toute sa douleur tout au long des plus de soixante-dix pages qui composent l'album. Cet ouvrage ne laisse pas indemne le lecteur et ne voit jamais son intensité baisser pour atteindre son sommet lors de la dernière page. N'est-ce pas ce qu'on demande à un bouquin ?

Cette atmosphère nait également des dessins. Le style de Renaud Dillies est reconnaissable entre mille. Je suis vraiment sous le charme de son trait qui est unique à mes yeux. Il se dégage des pages une poésie d'une intensité qui fera chavirer l'âme sensible qui habite chaque lecteur. La qualité des illustrations est telle que chaque page est un petit chef d'œuvre. Feuilleter cet album, c'est déjà voyager. Rares sont les dessinateurs à m'avoir autant conquis. Je ne peux que vous conseiller de partir à sa rencontre...

En conclusion, « Betty Blues » est un ouvrage d'excellente qualité. Il n'est pas amené à connaitre une suite. Le fait que l'histoire se condense sur un album fait que tous ses aspects sont ainsi densifiés. Je vous incite vivement à partir retrouver « Little Rice Duck ». La rencontre ne vous laissera pas indifférent et la magie de son histoire vous habitera encore une fois l'ouvrage refermé. Bonne lecture !
Eric17
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Créée

le 28 févr. 2012

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Eric17

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