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Premier tome d’un court cycle de quatre épisodes, Bienvenue ! ouvre dans l’épaisseur froide d’un mystère incertain Monsieur Mardi-Gras Descendres. Sans grande prise narrative pour séduire le lecteur, Éric Liberge développe patiemment un monde sombre autour d’un personnage perdu qui cherche désespérément quelque chose à quoi se raccrocher pour comprendre le but de sa présence en ce qui ressemble à un purgatoire.



Sur Terre, on nous parlait d’une grande lumière… de chers


disparus qui viennent vous accueillir les bras ouverts… mais jamais
d’un pareil jardin de désolation.



Victor Tourterelle a glissé sur une petite voiture dans sa salle de bain, se fracassant la colonne vertébrale sur l’émail de sa baignoire. Le voilà seul, squelettique, dans un désert de sable et de roches grises,



univers sombre et poussiéreux.



Malicieusement, plutôt que de commencer son récit dans l’action, l’auteur laisse mariner son personnage quelques pages dans un ennui grandissant, perdant les repères de temps et d’espace, installant doucement mais avec conviction la couleur d’un récit qui entretient l’épais et sombre mystère de ce qui vient après la mort. Bientôt un facteur tout aussi décharné descend de sa bicyclette et vient trouver le nouvel arrivant pour l’emmener à la ville. Décédé dans la nuit entre Mardi Gras et le mercredi des Cendres, voilà notre homme renommé. Mais toujours pas de réponse à ses questions, ni rien qui s’annonce pour l’occuper. Cartographe avant de trépasser, le squelette est épié.


Le dessin est superbe. Riche et particulier, fascinant. Rien de grandiloquent ou d’extraordinaire mais



un réalisme macabre qui fait corps.



Qui semble préfigurer le monde d’en-dessous du Corpse Bride de Tim Burton. Les détails fourmillent, les squelettes se trafiquent de bric et de broc, et le choix d’un lourd monochrome entre gris et noir sert magnifiquement la monotonie suicidaire du récit. Finesse du trait pour faire vivre toute une galerie de personnages décharnés sans être dénués de corps ni d’esprit, découpage en déséquilibres pour sublimer les absurdes révoltes de Mardi-Gras dans ce monde qu’il ne comprend pas, l’artiste s’accroche de près à ses personnages, avec minutie, et les anime dans un univers dense, plombé de résignation, pour mieux raconter leurs désirs d’émancipation.


La base de poésie morbide fait le relief des dialogues.



Doses d’absurde et de rêves agonisants.



Alors oui, il manque définitivement de quoi emballer le lecteur dans ce premier tome, le traditionnel cliffhanger autant qu’un infime climax à se mettre sous la dent, de quoi faire frissonner nos chairs molles. Mais Éric Liberge travaille sur le long cours et si l’aspect introductif de ce premier tome ne séduit pas d'emblée, si le rythme traîne, c’est bien l’épais mystère et la seule question laissée en suspens au final qui se chargent d’accrocher le lecteur.

Matthieu_Marsan-Bach
7

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Créée

le 1 févr. 2017

Critique lue 180 fois

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