J'adore Muñoz.
Son graphisme, sa technique, son trait m'ont encore touché. Surtout dans la deuxième partie où il joue avec plus de virtuosité des ombres et des lumières. On trouve de la matière aussi, de l'expérimentation graphique (même si au final il reste dans le confort qu'il s'est créé avec les années). Le découpage ne perd pas en qualité pour autant, ses scènes sont lisibles, même quand il y a un fouillis de détails mêlés à du texte.
En revanche, la narration m'a beaucoup moins plu. En fait, le lecteur est soumis à la volonté du scénariste, il n'a pas l'occasion de réfléchir. C'est le genre de narration qu'on s'imagine compliquée alors qu'elle est simplement alambiquée à cause de cet éclatement (bonds dans le temps et dans l'espace). Mais à aucun moment le scénariste ne permet d'entrer dans une scène, de la vivre au présent avec intensité. C'est juste du blabla de personnages. Sans qu'il y ait même une quelconque confrontation puisqu'ils ne sont pas construits. C'est dommage. Du coup, le lecteur suit, ce qui n'est pas déplaisant, mais n'a pas pour autant envie de s'investir.
Bref, une fois le bouquin refermé, seules les images restent, le texte, lui, s'évanouit.