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Pour les adeptes de pirate charismatique en quête de rédemption...

Pavillon noir est une série dont le premier tome m’avait séduit. J’avais été immergé dans cet univers de piraterie, à la fois drôle et plein d’aventures. Les personnages étaient réussis, l’épopée était de sortie. Une carte codée vers un trésor inconnu, un équipage haut en couleur, des batailles à l’épée dignes de Rackham le Rouge… Bref, tous les ingrédients étaient de sortie pour offrir un voyage plein de rebondissements sur un navire dont le grand mat est orné d’une tête de mort sur un fond noir.

Le deuxième opus se déroulait à terre au beau milieu d’une île mystérieuse agrémentée d’un temple qui l’était tout autant. Les héros ont erré dans des arcanes sombres et mystiques. Le ton était différent du premier épisode mais désagréable pour autant. Je me rappelle m’être laissé porter dans ce labyrinthe mystérieux jusqu’à un dénouement qui me faisait attendre la suite avec une curiosité certaine.

Le vingt-quatre octobre dernier est apparu dans les rayons de librairie le troisième tome intitulé Dans les entrailles du temps. Toujours scénarisé par Eric Corbeyran et dessiné par Brice Bingono, cet ouvrage est édité chez Soleil Production. La quatrième de couverture plonge le lecteur tout de suite dans le bain : « Sorti du labyrinthe dans lequel il s’était aventuré, Dan se retrouve en possession d’un étrange cube, qu’il pense être un trésor… De quoi racheter sa liberté ! Malheureusement, le contenu est encore plus mystérieux que le contenant ! Alors qu’ils font voile vers le grand large, Dan et sa fine équipe sont pris en chasse par le coriace Chico Dolor, qui a succédé à Slim le Borgne… Mais une autre menace, plus mystérieuse que jamais, viendra vite monopoliser toute l’attention du capitaine pirate ! »

Le caractère mystérieux de l’objet récupéré couplé au fait que les protagonistes étaient des cibles de chasse pour leurs ennemis laissait penser que cet album allait être particulièrement dense en événements et en émotions. Sans être complètement déçu, je ne peux pas dire que ma lecture est répondue à mes attentes élevées. L’intrigue manque d’ampleur en comparaison des deux premiers actes. L’énigme qui entourait le cube est rapidement dévoilée et possède finalement un attrait bien moindre qu’espéré. De plus, le jeu du chat et la souris entre les gentils pirates et les méchants manquent de rebondissements. Pour synthétiser de manière grossière, je dirais que le soufflet est un petit peu retombé. Pourtant, les péripéties sont nombreuses et l’intrigue n’est habitée d’aucun temps mort. Mais malgré tout, l’impression brouillonne de l’ensemble fait que la sauce ne prend jamais totalement.

J’ai néanmoins pris plaisir à retrouver les personnages. Dan, Howie et Bonnie sont très réussis. D’une part, chacun possède un caractère et une identité qui les rendent indispensables. D’autre part, leur vie de groupe donne lieu à des moments particulièrement drôles. Le travail sur les dialogues était une des vraies réussites de la série jusqu’alors. Du fait de l’évolution du scénario, cette dimension légère et humoristique est très en retrait dans cet opus. En effet, la narration se construit énormément autour de Dan et de son passé. Ces deux acolytes sont en retrait et ne peuvent donc donner libres cours à leurs sympathiques joutes verbales. C’est un regret que j’ai mais qui n’est que le fruit de l’évolution de l’histoire.

J’ai pris plaisir à retrouver les dessins de Brice Bingono. Je trouvais son très à la fois dynamique et précis. Que ce soit les voyages en mer, les pérégrinations dans une forêt vierge et hostile ou la découverte lugubre d’un temple angoissant, il était arrivé à générer des atmosphères qui m’avaient fait voyager. C’est moins le cas dans cet album car l’histoire se déroule à terre au milieu d’habitations. Les lieux dégagent donc moins d’ambiance. Par contre, son travail sur les personnages est toujours aussi. L’identité de son trait est évidente et me séduit encore du début à la fin. Il offre une personnalité graphique à chaque protagoniste avec un talent rare. De plus, les scènes de batailles ou de poursuites sont un modèle du genre. Je n’ai eu aucun mal à ressentir le mouvement de ces instants. Les illustrations de Brice Bingono participent activement au fait d’inscrire Pavillon noir dans les bonnes séries d’aventures.

Pour conclure, Dans les entrailles du temps offre une suite respectable aux deux premiers tomes. Les choix scénaristiques font qu’il ne s’agit pas de mon préféré car il lui manque la dimension épique que possédaient les tomes précédents. Malgré tout, Corbeyran offre un dénouement intéressant à la quête de rédemption de Dan. La conclusion de cet album ne m’a pas permis de trancher sur le fait que la série s’arrêtait là ou si elle devait connaître une suite en ouvrant un nouveau cycle pour Dan et ses amis. Je vous avoue sans mal que j’espère que c’est la deuxième voie que choisiront d’emprunter les deux auteurs…
Eric17
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le 22 déc. 2013

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