Pour beaucoup de non-initiés à l’univers de Donjons & Dragons (dont je fais partie), la trilogie de l’Elfe Noir de R.A Salvatore évoque surtout cette série de bouquins parus dans les 90’s avec des couvertures très kitsch et vite oubliée. Celle-ci a pourtant connu un grand succès et de nombreuses suites développant son personnage central, Drizzt Do’Urden, et l’univers qui gravite autour de lui.


Cette intégrale est donc l’adaptation (initialement parue chez Devil's Due Publishing) de la première trilogie mettant en scène Drizzt. Celui-ci est un Drow, une race d’elfes à la peau noire organisée en un matriarcat cruel et sans aucune empathie, en perpétuelles guerres intestines. Drizzt s’aperçoit vite être inadapté à cet environnement qu’il va rejeter et devoir lutter contre ses ennemis, dont sa propre famille, mais aussi contre son conditionnement de prédateur cruel, pour s’en extirper.


Évacuons tout de suite le sujet qui fâche : les dessins. Que ce soit au niveau des décors extrêmement vides, de la pauvreté de la mise en page, des personnages féminins ultra sexualisés et masculins ultra musclés… on nage en plein 90’s dans un série pourtant débutée en 2005. Néanmoins, une fois cette donnée acceptée, avouons que Tim Seeley fait le job. Le riche bestiaire a de la gueule, les combats sont dynamiques et les effets d’ombre assez présents collent parfaitement au récit. On ne dira pas que c’est beau mais ça a le mérite d’être efficace (et de s’améliorer sur la fin).


L'intérêt du pavé est à retrouver dans un scénario franchement accrocheur et adossé à un univers solide. Le récit propose une vraie quête initiatique avec son lot de péripéties parvenant à toujours aller de l'avant et proposer des situations nouvelles. On ne s'ennuie jamais et la richesse de l’univers dépeint (D&D oblige) réserve son joli lot de surprises. Drizzt va croiser au cours de son voyage une vaste galerie de personnages attachants, amis ou ennemis, apportant chacun leur pierre à l'édifice et permettant au récit de se renouveler. L'auteur parvient à jongler avec différentes ambiances, des batailles épiques au récit intimiste, dans une narration omnisciente très agréable. Petit bémol, adaptation oblige, certains passages sentent la compression et vont un peu vite. L'ensemble reste néanmoins très cohérent et bien rythmé.


On sent également la volonté de Salvatore de traiter de thématiques un peu plus profondes en confrontant son personnage à différentes épreuves : poids des traditions, isolement, recherche de soi, xénophobie voire racisme... Si Drizzt paraît assez insipide au début de l’intrigue, son cheminement lui donne de l'épaisseur et en fait un personnage au final assez touchant.


HiComics propose une belle et solide édition avec un rapport prix / pages très intéressant. Quelques petits bonus viennent s’insérer à la fin du pavé avec les couvertures originales (malheureusement non créditées) et un guide des personnages.


Formule gagnante pour cette imposante intégrale que l’on parcourt avec un réel plaisir. Une fois passée la barrière visuelle, le tout s’avère rondement bien mené et rythmé. L’adaptation donne très envie de creuser cet univers et de se (re)plonger dans les bouquins de Salvatore, republiés par Bragelonne avec une nouvelle traduction et enfin en texte intégral.

Marlon_Ramone
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le 4 mars 2019

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Marlon_Ramone

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